Il y a des signes qui bien souvent ne trompent pas et cet artwork du deuxième album de Dead Heat signé Hayden Hall aka Sick Slice en est la preuve. En effet, s’il y a bien une chose dont j’étais certain à la vue de cette oeuvre sans équivoque aussi cool que discutable, c’est que le Thrash / Crossover dispensé jusque-là par le groupe californien, notamment depuis le très chouette
Certain Death paru il y a maintenant un peu plus de deux ans, n’avait pas changé d’un iota. Une assertion confirmée dès la première écoute de ce
World At War paru début juin non plus sur Edgewood Records mais sur le label de Boston Triple B (Ecostrike, Mindforce, Big Cheese, Terror, etc). D’ailleurs là n’est pas le seul petit changement constaté puisque le groupe d’Oxnard compte également depuis l’année dernière deux nouveaux membres dans ses effectifs aux postes de bassiste et de batteur.
Là s’arrête néanmoins le compte des "nouveautés" puisque ce nouvel album s’inscrit naturellement dans la droite lignée de son prédécesseur sans rien y changer. À l’exception d’une tracklist plus généreuse (douze titres contre dix pour
Certain Death) et d’une durée forcément quelque peu allongée (on passe ici de peu la demi-heure),
World At War renoue sans grande surprise avec ce Thrash / Crossover urbain grâce auquel les Californiens se sont fait un nom. Et à vrai dire, c’est tout ce que l’on attendait de Dead Heat !
Ainsi bien décidé à reprendre les choses là où il les avait laissé et à ne pas dévier de cette trajectoire, Dead Heat a naturellement choisi de faire appel une nouvelle fois à l’expertise de Taylor Young (Nails, Twitching Tongues, Disgrace...) pour un résultat non pas identique mais néanmoins assez proche de celui de
Certain Death. Plus ronde mais également plus compacte, celle-ci offre à ces nouvelles compositions un rendu plus percutant. On retrouve par contre ce même son de guitare métallique particulièrement incisif qui rappelle une fois de plus celui d’un groupe comme Mizery (dont le retour se fait d’ailleurs particulièrement attendre) ainsi qu’une batterie toujours aussi explosive grâce à cette approche dynamique et naturelle. Bref, une production évidemment taillée pour le job avec ce côté Thrash californien particulièrement prononcé (on pense toujours autant à Suicidal Tendencies, Excel ou The Accüsed).
Si on reste ici en terrain connu, le plaisir procuré à l’écoute de
World At War n’en est pas moins évident et finalement toujours aussi immédiat. Saluons ainsi une fois de plus la qualité de ces riffs abrasifs et tranchants entre Thrash et Hardcore et qui derrière des constructions relativement simples et un côté peut-être "convenu" possèdent cependant une efficacité pour le moins évidente faisant de Dead Heat une formation toujours aussi convaincante. La preuve avec des titres comme "Subterfuge", "2 Cents", "World At War", "How It Goes", "Age Of DH", "Look At It Closely", "Deathwish" ou "Pay The Toll" qui vont justement amener cette dynamique nécessaire à n’importe quel album de Thrash / Crossover digne de ce nom. Et si les solos se font plutôt rares, on appréciera néanmoins ces quelques touches mélodiques que le groupe californien est tout de même capable de dispenser de temps à autre comme sur "World At War" à 2:16, "The Fall" à 1:59, "Last Call" à 2:22 ou bien encore "Interlude (Passions)" qui pue le Suicidal Tendencies à plein nez.
Si ces riffs participent bien évidemment à entretenir cette dynamique tendue, il serait bien mal avisé de ma part de ne pas évoquer ici cette énergie Punk/Hardcore particulièrement contagieuse (et peut-être même un poil plus marqué que sur son prédécesseur), que ce soit lors de ces accélérations sur fond de tchouka-tchouka à perdre haleine (bien souvent introduite par une basse vrombissante du meilleur effet) ou lors de ces séquences au groove toujours aussi délicieux qui ne manqueront pas d’en faire chalouper plus d’un (les premières notes de "Subterfuge" ainsi que son break brise-nuque à 2:43, l’entame de "2 Cents" et de "Sick Society", le break de "World At War" à 1:11 ou celui de "How It Goes" à 1:18 et ainsi de suite...). Un groove d’ailleurs quasi permanent que Dead Heat entretien grâce à de nombreux changements de rythmes, un flow résolument Hardcore ou en tout cas très urbain et des morceaux construits tout simplement de manière à faire « danser » n’importe quel loubard de Venice Beach.
Bref, à formule identique, appréciation inchangée. C’est donc toujours sous le charme des Californiens que je conclue cette chronique même si tout n’y est pas parfait comme l’atteste notamment "Last Call", titre mid-tempo à la fibre Heavy Metal beaucoup plus prononcée et assumée mais qui malheureusement peine quelque peu à séduire à cause d’une construction manquant de fluidité, d’un riffing finalement assez quelconque et d’une ligne de chant pas toujours très juste. En attendant, à l’exception de ce titre effectivement bien en deçà,
World At War possède peu ou prou tous les attributs que l’on est en droit d’attendre d’un album de Thrash / Crossover soucieux de marquer les esprits en cette période estivale bien évidemment propices à ce genre d’écoutes !
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