Il y a des noms de groupe qui font vraiment de la peine et
VIOLATOR est l’un des plus tristes que j’ai pu lire. Pourtant, comme il s’agit de
thrash metal en provenance du Brésil, je vais ravaler mon fiel et traiter avec toute l’objectivité dont je suis en ce moment capable ce troisième LP.
Si depuis 2002 la régularité n’est pas le point fort du quatuor (anecdote sympa, tous sont nés en 1985) avec un «
Chemical Assault » en 2006 suivi de «
Scenarios of Brutality » en 2013 puis «
Unholy Retribution » cette année, il reste que la formation s’est toujours montrée très active, publiant régulièrement des démos, splits, EP, singles ou autres albums live. Du côté de l’illustration, nous sommes sortis du registre
comics des deux premières fournées, assez typiques de la vague
thrash rétro, pour arriver aujourd’hui à quelque chose de plus démoniaque, peut-être plus mature également, mais qui ne change sans doute fondamentalement rien à la musique des Brésiliens : des riffs ancrés dans de très vieux pots, de construction allemande ou américaine principalement, et qui donnent une nouvelle fois une excellente image de la foisonnante scène sud-américaine.
Si un léger côté
crossover ainsi que quelques intonations vocales pourront rappeler les vétérans de
D.R.I., c’est surtout du côté de maisons telles que
VIO-LENCE,
NUCLEAR ASSAULT ou encore les plus récents
MUNICIPAL WASTE qu’il faudra rechercher les influences d’un jeu que l’on croirait tout droit issu de la fin des années 80. Les riffs, le son, le chant, l’attitude générale, rien ne relève des années 2000 et, sur cet aspect, l’auditeur aura clairement le sentiment de remonter la frise du temps sans pour autant ressentir le poids du passéisme nostalgique. En effet, s’il s’agit bien d’un
thrash à l’ancienne, l’oreille n’a jamais l’impression d’être abusée par de vils copieurs cherchant à tout prix à singer les codes de l’époque bénie des scènes de San-Francisco ou de la fameuse
Bay Area. L’amour du
thrash est présent à chaque instant, un amour respectueux mais qui n’hésite pas non plus à poser ses bonnes grosses couillasses sur la table.
Pour tout dire, j’affirmerais même sans sourciller qu’au regard de ce que j’ai pu écouter ces dernières années,
VIOLATOR, avec ses petits moyens mais son imposante force de frappe, vient probablement d’écrire l’une des plus belles pièces rétrogrades de l’année, sans donner l’air de forcer son talent. Avec ses tempos semi blastés, ses riffs et rythmiques variés, son intransigeance dans le refus d’incorporer quoi que ce soit de moderne à ses compositions, sa rage intrinsèque cependant davantage sociale que diabolique comme le suggère l’illustration démoniaque, «
Unholy Retribution » se positionne aisément dans le haut des classements du genre.
Je n’irai en revanche pas jusqu’à affirmer que le LP m’accompagnera longtemps car je suis globalement peu sensible au style mais il est quasiment impossible de résister à un titre tel que « Chapel of the Sick » et, plus généralement, à la globalité de ces huit morceaux de bravoure parfaitement aiguisés. Grosse sortie donc, toujours sous la protection de
Kill Again Records, label historique de la formation qui a bien raison de miser sur elle et de ne pas la laisser filer. Certes, nous pourrons à loisir égrainer les grands noms et répéter à l’infini que ces musiciens n’amènent rien de nouveau, c’est de toute façon le lot de 80% des artistes actuels. En revanche, savourer sans arrière-pensée les déboulés agressifs de « Cult of Death », cela restera un plaisir fugace de fin gourmet que je n’ai pas envie de laisser au voisin médisant.
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07/10/2025 08:38