Eliminator - Breaking The Wheel
Chronique
Eliminator Breaking The Wheel
Eliminator, ce nom ne vous dit rien? Mais si, rappelez-vous, l'album des géniaux ZZ Top avec cette fameuse voiture rouge rétro aux formes généreuses et aux phares aveuglants? Cet Eliminator là n'a rien à voir mais il fallait quand même que je fasse le rapprochement, histoire de pointer du doigt un patronyme un peu pourri, il faut bien l'avouer. Remarquez qu'avec l'utilisation du suffixe magique "or", on sait tout de suite à quoi on a affaire: soit du black rétro, soit du death rétro, soit du thrash rétro, bref du rétro! La troisième possibilité est la bonne ici.
Eliminator, jeune groupe formé en 2006 autour du principal compositeur Warchild, nous vient du New-Jersey et a déjà sorti deux démos, ...Will Kill You et Eliminator en 2007, dont deux titres, "Holocaust War Metal" et "The Punisher", vont être repéchés pour le premier full-length du trio sorti l'année dernière sur Suffering Jesus/Urkragh, Breaking The Wheel. Si le nom du groupe sonne familier pour une mauvaise raison, la pochette de l'opus devrait aussi vous dire quelque chose. Normal c'est l'illustre Ed Repka qui s'en est chargé.
Hé oui, encore un groupe de la scène revival donc. A la différence qu'Eliminator navigue dans des eaux bien plus underground et agitées que les Evile, Warbringer et autres Bonded By Blood. Les Américains s'inspirent en effet principalement de la scène teutonne (Sodom en tête). Ca joue vite, c'est méchant et c'est plus extrême que la plupart des nouveaux groupes du genre. Ecoutez donc le phénoménal titre de conclusion, "Prescription For Extinction...Time Enough At Last", somptueuse pièce-maîtresse de thrash de plus de 8 minutes, de loin le meilleur morceau de l'album avec son chuka-chuka intensif et son riff principal sombre limite death metal que n'aurait pas renier Incubus. Ce côté extrême est aussi exacerbé par le chanteur Warchild dont la voix râpeuse et arrachée se rapproche souvent du black metal. Ca surprend au début (notamment sur le titre d'ouverture "World Obliteration") parce que l'on s'attend plus à une voix thrash normale mais on s'y fait vite. D'autant que l'Américain module bien ses vocaux en s'adonnant aussi à un chant thrash plus normal voire à des intonations bestiales (quelques growls distordus sur "Holocaust War Metal", "The Punisher" et "Prescription For Extinction... Time Enough At Last"). Une prestation variée et convaincante mais qui donne l'impression d'être donnée par différents chanteurs. La raison: certaines compositions sont plus anciennes que d'autres et le groupe a évolué, on sent bien la différence. Autre problème qui va avec, Breaking The Wheel a été enregistré dans deux studios différents. Le changement de production se fait bien sentir sur la deuxième piste, "Breaking The Wheel". Les deux productions ont pas mal de défauts, notamment un manque de puissance dans les guitares et une batterie trop plastique, pas assez naturelle. Résultat: un manque de cohérence globale, d'homogénéité et l'impression que l'on a plus affaire à une compilation qu'à un véritable album.
Pas très grave vu la qualité des morceaux me direz-vous. Surtout que si Eliminator envoie du bois, il serait injuste de ne pas évoquer son côté mélodique tout aussi présent que l'aspect brutal. Les sept pistes de Breaking The Wheel ne tournent pas qu'autour du chuka-chuka, cette rythmique de batterie typique et ultra jouissive, mais s'avèrent variées autant dans les rythmes que dans les ambiances. On pourrait ainsi citer l'un des premiers riffs de "The Punisher" très mélodique et typé Megadeth époque Rust In Peace, l'instrumental "Disgust" aux multiples shreds et bien évidemment les soli en pagaille qui subliment le jeu des Américains et démontrent une grande dextérité. Finalement, Eliminator s'inspire aussi de la Bay Area.
Mélange efficace de violence et de mélodie, Breaking The Wheel ne pêche que par un manque de cohérence au niveau des morceaux et de la production. L'originalité n'est pas non plus le fort du trio d'Edison, comme tous les combos rétro de toute façon, mais là n'a jamais été l'intérêt de cette mode. Pouvant plaire aussi bien aux fans de German Thrash que de la Bay Area, Eliminator mériterait de gagner en popularité tant son potentiel me semble intéressant. J'attends donc avec impatience la suite des événements, en espérant que les Américains confirment tout le bien que je pense d'eux. Décidément, elle me plaît bien cette scène revival thrash!
| Keyser 16 Août 2009 - 2352 lectures |
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2 COMMENTAIRE(S)
citer | LordOvDoom 27/01/2012 12:50 | | La pochette terrible et franchement la musique dépote hyper bien !! petit chancard que je suis je viens de dénicher le vinyle sur ebay....
Dommage que pas réédité car c'est de la bombe ! |
citer | La pochette de Repka est terrible! |
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2 COMMENTAIRE(S)
27/01/2012 12:50
Dommage que pas réédité car c'est de la bombe !
16/08/2009 19:09