Algebra - Procreation
Chronique
Algebra Procreation (EP)
C'est dans un centre de recherche suisse à Lausanne qu'Algebra planche sur ses théorèmes depuis 2008. En résulte d'abord une démo la même année puis débarque fin 2009 un premier EP intitulé Procreation qui devrait valoir à nos cinq têtes non pas un prix Nobel de Mathématiques puisque la femme du Suédois était une grosse salope mais un peu de reconnaissance de ses pairs. Et au moins une bonne note sur Thrashocore!
Un premier constat s'impose, ces matheux de l'extrême ont bien appris leur manuel du parfait petit thrasheur. Une pochette bien moche comme il faut attire déjà l'œil de l'amateur de laideurs visuelles que je suis. Le contenu ne fera que confirmer ma bonne première impression. La formule d'Algebra? S'inspirer à la fois de la nouvelle et de l'ancienne école pour un rendu puissant et efficace qui devrait satisfaire plus d'une classe de métalleux, même les plus réfractaires aux opérations arythmétiques. Enfin, n'allez pas croire qu'il faut une médaille Fields pour modéliser la musique des Helvètes, ce n'est pas Mekong Delta. Remballez vos calculettes, Procreation s'écoute facilement et se savoure dès les premières minutes tant l'efficacité et l'inspiration sont de mise. Algebra propose en effet six démonstrations à la fois brutales, mélodiques et variées qui mettent en valeur tout le panel des jeunes Suisses. Je vous parlais d'un mélange de new et old-school, c'est exactement ça. Pour ce qui est de l'old-school, on a le droit à des accélérations meurtrières à la Slayer à base de chuka-chuka et de riffs abrasifs ("Useless Mankind"), un chant hurlé entre thrash et death, des chœurs hardcore sur certains refrains comme le pratiquaient des groupes tels qu'Exodus ("Algebra", "Procreation", "Useless Mankind"), quelques séquences en arpèges afin d'instaurer une ambiance plus sombre (la brève "Intro" lente et mélodique, "Procreation", "Useless Mankind"), un mélange groove/mélodie typé 90s qui n'est pas sans rappeler Forbidden, et surtout un système important de soli. Le voilà le gros talent du combo. Ca shredde ("Pronator Teres", "Procreation") ça branle le vibrato ("Algebra", "III"), ça se fait aussi plus construit et mémorable ("Procreation", "Pronator Teres"), bref la fonction lead se fait omniprésente. Algebra nous offre même une agréable séance de tapping propre et mélodique sur "III". Quant aux emprunts à la nouvelle scène, on citera une production puissante et claire, les accents parfois core du chant, l'essai presque chanté sur "III" plutôt réussi, des influences Gojira sur les riffs saccadés de "Procreation" (le chant d'Ed Nicod peut d'ailleurs faire penser à celui de Joe Duplantier), quelques réminiscences également de The Haunted pour le côté thrash moderne ou sur les arpèges d'intro de "Procreation", et un peu de death sur "Pronator Teres" avec une petite fournée de blast-beats ainsi que sur "III" qui s'énerve bien vers 1'12 avec des semi-blasts. Et on aurait presque une slam part à 3'58 sur "III" tant l'atmosphère y est lourde et grasse!
Les six composantes de Procreation s'avèrent suffisamment diversifiées, bien balancées entre agression, groove headbangant et mélodies qui subliment les morceaux grâce à de multiples soli ou les aèrent par le biais de breaks plus calmes, pour mettre dans le mille. Saluons le talent de composition des Lausannois qui ont bien révisé leurs leçons et fait leurs devoirs assidûment. Mais c'est aussi un peu le problème du groupe qui en piochant des idées à droite à gauche manque encore d'une personnalité distincte. Un défaut presque inévitable pour une première sortie donc rien de rédhibitoire. Autre souci, celui-ci bien moins important, les paroles. Algebra a l'air de ne pas se prendre au sérieux et c'est plutôt une bonne chose mais disons qu'il faut souvent prendre les lyrics au second degré minimum. Un petit exemple sur "Pronator Teres" où il est question de bodybuilders: the only girl you'll have is as strong as your biceps, so take this good advice, use your right hand and go jerk off. Des vers bien débiles que n'auraient pas reniés leurs compatriotes de Messiah à l'époque de Hymn To Abramelin et Extreme Cold Weather! Un dernier pour la route extrait de "III": Emos, prepare for your final hour, we will dye your hair in blood. Bon celle-là, j'avoue, elle m'a bien marrer! Voyez, rien de très grave car additionnez toutes les qualités du combo, soustrayez les erreurs de calcul et vous obtenez quand même une sacré belle somme. Une belle surprise que ce Procreation!
| Keyser 23 Juillet 2010 - 2222 lectures |
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citer | Keyser 23/07/2010 13:38 | note: 3.75/5 | N'hésitez pas à aller sur la page MySpace de ce groupe talentueux! |
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23/07/2010 13:38