Les années 80/90, époque dorée durant laquelle un groupe pouvait sortir un nouvel album tous les ans et continuer à être pertinent artistiquement parlant. Avec trois disques parus entre 1991 et 1993, Malevolent Creation ne fait pas figure d’exception. Comme beaucoup d’autres formations de l’époque, il était lui aussi mué par cet enthousiasme général. D’ailleurs Brett Hoffmann et ses acolytes n’ont pas déménagé en Floride uniquement pour profiter du climat et des plages de sable chaud mais bel et bien pour être au cœur de cet élan artistique.
Ainsi, un an seulement après la sortie de son premier album, l’excellent
The Ten Commandments, Malevolent Creation signait en 1992 un retour fracassant avec la parution, toujours sur R/C Records, de
Retribution. Un retour rapide qui pourtant ne s’est pas fait sans heurts puisque Jeff Juszkiewicz (guitare) et Mark Simpson (batterie) seront remplacés au pied levé par Rob Barrett (Cannibal Corpse, Solstice...) et Alex Marquez. Pour ce qui est de l’artwork et de la production, c’est sans trop de surprise que les Américains ont choisi de faire appel encore une fois aux talents de Dan Seagrave et Scott Burns.
Pourtant, bien que le célèbre producteur soit toujours derrière les manettes, il est accompagné pour l’occasion par les membres de Malevolent Creation probablement soucieux de s’impliquer davantage dans le processus de production. Il est d’ailleurs à noter que
Retribution n’a pas été enregistré au Morrisound studio mais au Criteria Recording studio de Miami. Si la raison et l’implication du groupe dans cette décision me sont inconnus, une chose est sûre c’est que le son de ce deuxième album est en tout point meilleur que celui de son prédécesseur. Plus puissant, plus rugueux mais aussi moins compressé, il donne au Death Metal des Américains un tout autre impact et semble aujourd’hui nettement moins daté. Un constat évident dressé dès la première écoute de ce
Retribution qui d’emblée va prendre place au-dessus de son prédécesseur.
D’autant plus que si la formule déployée par Malevolent Creation n’a pas fondamentalement changé, on constate néanmoins quelques légères évolutions à commencer par le chant de Brett Hoffmann devenu plus guttural. Si l’on reconnait son phrasé et son débit mitraillette, on peut également constater que sa voix se fait désormais plus profonde tout en conservant les caractéristiques d’antan. Soit un chant relativement bâtard entre growl à la sauce Death Metal et vocalises arrachées plus proches de ce que l’on peut retrouver dans la scène Thrash dans laquelle Malevolent Creation a pas mal puisé à ses débuts. D’ailleurs, ces fameuses influences Thrash évoquées lors de ma chronique de
The Ten Commandments se retrouvent désormais diluées dans des sonorités Death Metal plus affirmées qu’auparavant. Car si la musique des Américains conserve une réelle dynamique, les marqueurs qui souvent caractérisent le genre semblent désormais moins évident à déceler.
Parée d’une production qui aujourd’hui encore met en valeur des compositions savamment ficelées,
Retribution va très vite s’imposer comme le meilleur album de Malevolent Creation. La pièce maîtresse d’une discographie sans réelle faute de goût (hormis les artworks publiés après
Stillborn) mais néanmoins plombée par d’incessants problèmes de line-up et d’égos probablement un poil surdimensionnés. Là où
The Ten Commandments souffrait de morceaux débordant d’idées par forcément toujours très bien amenées, ce deuxième album se veut bien mieux élaboré. Toujours largement mise en avant par un niveau technique qui ne souffre d’aucune critique particulière, ces nouvelles compositions conservent cette espèce d’effervescence qui qualifiait déjà les morceaux de son prédécesseur (accélérations, breaks, riffs fournis et multiples qui s’enchainent à toute vitesse, débit vocal mitraillette...) sans pour autant donner l’impression de se perdre en chemin. Ciselées et affûtées au millimètre près, ces neuf titres font apparaître un groupe à la personnalité plus affirmée que jamais. A l’heure où chacun cultivait son identité à travers une série de codes à respecter, Malevolent Creation m’a toujours donné l’impression d’un parfait mélange entre la scène floridienne et la scène new-yorkaise. De la technique, de la lourdeur et un groove absolument irrésistible qui, c’est subjectif, me ramène souvent à penser tour à tour à des groupes tels que Deicide, Suffocation, Cannibal Corpse ou bien encore Demolition Hammer.
Mené en un peu plus de trente-quatre minutes, ce deuxième album ne fait absolument aucun cadeau. Tête la première, la rage au ventre, Brett Hoffmann, Phil Fasciana et leurs associés conduisent leurs assauts à coup de séquences explosives. Les riffs sombres, rapides, nerveux et menaçants du duo Phil Fasciana/Rob Barrett pleuvent ainsi sans discontinuer alors que derrière les fûts, le nouveau venu Alex Marquez s’en donne à cœur joie blastant et cavalant à tours de bras avant de poser le plus souvent des breaks bien costauds idéal pour briser des nuques. Et puis il y a cette basse, toujours un peu en retrait dans le mix mais dont les manifestations les plus perceptibles demeurent un véritable régal. Un rythme particulièrement effréné qui ne laisse que bien peu de place à l’indécision et au doute imposant ainsi le Death Metal de Malevolent Creation comme une évidence.
Retribution représente ainsi une belle progression de la part d’un Malevolent Creation alors au sommet de sa carrière après seulement un seul album. Tout y est alors parfaitement en place, maitrisé de A à Z avec ce sens de l’efficacité et du groove absolument irrésistible et imparable. Entre attaques radicales menées le couteau entre les dents et séquences au groove typiquement new-yorkais, les Américains ont permis de faire le pont entre les deux écoles majeures de la côte est des Etats-Unis. Alors que l’on peut trouver quelques défauts à
The Ten Commandments, ce deuxième album demeure avec certitude un incontournable de la scène Death Metal US des années 90. Il n’y a ainsi rien à jeter de ces trente-quatre petites minutes et si vous pensez le contraire alors c’est juste que vous avez tort. Dommage pour vous.
13 COMMENTAIRE(S)
06/09/2018 18:21
21/02/2017 08:33
20/02/2017 16:35
Bon courage alors il va te falloir beaucoup d'argent pour l'acquérir car celui-ci (ainsi que le précédent et le suivant) est désormais introuvable en neuf et disponible uniquement en occasion à des prix prohibitifs. Il serait temps qu'ils soient réédités d'ailleurs ...
20/02/2017 16:11
Oui enfin je me comprend, ça reste proche. Tout les albums qui sonnaient sunlight en Suède n'ont pas été enregistré au sunlight.
Ce que je voulais dire c'est que je trouve généralement ce type de death ricain pas très intéressant hors mis quelques exceptions (même en étant fan de Gorguts je trouve leur premier album assez quelconque par exemple... oui oui je sais ils ne sont pas americains)... et Retribution est une de ces exceptions (faudrait que j'essaye de le choper en 1st press CD d'ailleurs).
19/02/2017 17:56
C'est corrigé, merci
19/02/2017 13:22
Sinon il manque une parenthèse à "(hormis les artworks publiés après Stillborn"
16/02/2017 18:41
16/02/2017 18:34
16/02/2017 12:10
15/02/2017 20:20
Quoique "In cold blood" me tatanne aussi les esgourdes avec la méme vigueur...
15/02/2017 19:11
15/02/2017 16:48
15/02/2017 16:28