Chroniqué ici en 2018, la première démo des Américains d’Ossuarium m’avait fait bonne impression, récoltant au passage un joli 3,5 sur 5. Certes, le groupe encore jeune n’avait rien de bien nouveau à proposer mais comme vous le savez sûrement, ce n’est pas le genre de choses auxquelles j’accorde beaucoup d’importance. Si Blood Harvest Records avait eu le nez creux à l’époque en rééditant cette démo en cassette mais aussi en CD, les Américains se sont vu proposer depuis un deal avec un autre label ayant lui aussi toujours un coup d’avance, il s’agit de 20 Buck Spin pour qui l’année 2019 risque d’être particulièrement chargée avec la sortie des nouveaux albums de Magic Circle et Obsequiae ainsi que celui très attendu de Cerebral Rot.
Intitulé
Living Tomb, ce premier album arbore des traits bien familiers à commencer par l’artwork signé des mains talentueuses de Dan Seagrave. Quoi qu’en dise certain, j’ai toujours eu un faible pour l’illustrateur qui a bercé de ses œuvres ma découverte du Death Metal pendant les années 90. Alors même si la redite ne semble jamais bien loin, je ne peux qu’admirer encore et encore ces atmosphères sombres et torturées qui se dégagent invariablement de ses nombreux travaux. L’artwork proposé ici n’échappe pas à la règle avec cette lumière verte blafarde, cette citadelle à l’abandon qui semble s’étaler sur des kilomètres, ces arbres décharnés, ces quelques personnages errants et ceux dans des postures bien moins confortables… Un simple coup d’œil à ces dessins et voilà mon imaginaire qui travail, qui m’emporte…
J’évoquais dans ma chronique de
Calcified Trophies Of Violence certaines accointances plutôt évidentes avec la musique d’Incantation. La comparaison, si elle tient toujours à l’heure actuelle, s’est tout de même quelque peu délitée avec l’arrivée de nouvelles sonorités plus mélodiques (mais pas nécessairement plus lumineuses) qui pourraient quant à elles faire penser à leurs compatriotes de Spectral Voice (notamment ces notes particulièrement glaciales et distendues que l’on peut trouver sur "Blaze Of Bodies" à 1:40 et 3:48, "Vomiting Black Death" à 1:23, "Corrosive Hallucinations" à 1:49, "End Of Life Dreams And Visions Pt. 1" à 3:11 et "End Of Life Dreams And Visions Pt. 2" à 0:28). En tout cas, l’attrait d’Ossuarium pour les mid-tempo et autres séquences plombées ne date pas d’aujourd’hui puisque déjà leur première démo était parsemée de ce genre de passages suffocants et bien plus lourds. La différence se situe ici dans cette dimension un peu plus mélodique que le groupe va insuffler à ses compositions à l’aide de leads et autres soli particulièrement bien sentis ("Vomiting Black Death" à 4:59 et 5:54, "Corrosive Hallucinations" à 3:48 et 5:23 pour un final rappelant beaucoup ce que l’on peut trouver chez Hooded Menace, le début de "Writhing In Emptiness" ainsi qu’à compter de 2:22 et 3:09, etc) qui, à leur manière, vont nourrir cette atmosphère de cimetière putride et abandonné dans laquelle baigne indiscutablement ce premier album.
La production plus puissante, plus propre et plus équilibrée que sur
Calcified Trophies Of Violence va également permettre d’appuyer le propos d’Ossuarium tout au long de ces quarante minutes marquées par ces changements de rythmes relativement fréquents. Car si le groupe américain nourrit effectivement un vif intérêt pour les tempos empruntés au Doom, il n’en oublie pas de taper du poing soit à l’aide de séquences plus enlevées ("Blaze Of Bodies" à 0:35 et 3:18, "Vomiting Black Death" à 5:30, "Corrosive Hallucinations" à 0:54, 2:57 et 3:35, la première partie de "Writhing In Emptiness", le début de "Malicious Equivalence"...) soit grâce à des titres plus courts et donc plus directs ("End Of Life Dreams And Visions Pt. 1"). Ainsi, malgré cette appétence évidente pour les musiques lentes et oppressantes, le Death Metal distillé par Ossuarium sur
Living Tomb n’en conserve pas moins une certaine dynamique qui, si elle ne sciera bien évidemment pas aux adeptes de choses plus brutales devrait pouvoir convaincre sans trop de difficultés les amateurs de Death Metal plus nuancé. Si vous n’avez jamais posé vos oreilles sur la musique des Américains, ne vous attendez donc pas à un déferlement de riffs et autres cascades de blasts car ce n’est ici pas du tout le sujet. Non, le travail d’Ossuarium se fait à l’aide de compositions relativement longues (entre cinq et sept minutes) durant lesquelles le groupe va s’attacher à développer son univers tout en relief.
Bien que les touches mélodiques apportées ici par Ossuarium rappellent très fortement celles que l’on peut retrouver sur le premier album de Spectral Voice, il n’en reste pas moins que cette progression n’est pas pour me déplaire. Efficace, la première démo des Américains manquait peut-être un peu d’envergure et de personnalité. Aidé cette fois-ci par une production beaucoup plus soignée, le Death Metal d’Ossuarium revêt aujourd’hui un caractère plus profond, plus abouti mais aussi plus marquant. Alors c’est vrai, l’album n’est pas un monstre de brutalité mais en choisissant de mettre l’accent sur les atmosphères plutôt que sur la vitesse d’exécution, le groupe propose un voyage dans lequel il est vraiment agréable de se laisser sombrer.
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