En cherchant dans notre base de données, je vois qu’on vous avait déjà proposé des live reports du Death Feast Open Air, en 2007 et 2008. Il y a eu quelques changements en 15 ans, à commencer par le lieu de l’évènement puisqu’il est passé de Hünxe en Rhénanie du Nord-Westphalie (au nord de Düsseldorf) à Andernach en Rhénanie-Palatinat (près de Coblence). Fondée par les Romains vers 12 av. J.-C. sous le nom de Antunnacum, Andernach figure comme Trèves parmi les toutes premières cités allemandes. Et si vous faites un saut en centre-ville, vous y trouverez des fortifications du XIIIe siècle, notamment les portes du maïs et du château (cette dernière partiellement détruite en 1689 par les troupes de Louis XIV). En plus de l’emplacement, je me dois de vous parler de l’évolution stylistique car l’affiche essentiellement Brutal Death à l’époque (au point que Keyser qualifiait un combo de Deathcore comme « un peu les intrus du fest ») s’est assez diversifiée. Pas évident de catégoriser toutes les formations car certaines sont à la frontière de plusieurs genres mais en simplifiant on arrive pour la programmation de cette année à 40% de Brutal Death, 24% de Grindcore, 18% de Slam Death et 18% de Deathcore. Pour rester dans les statistiques, les États-Unis, l’Allemagne et la France représentent plus de la moitié (18% pour chaque) des 14 nationalités de l’édition 2025, et on arrive à deux tiers si on ajoute la République tchèque (12%). J’ai réussi à voir les 33 concerts et je vais essayer de citer tous les groupes dans ce nouveau reportage, en les présentant par coup de cœur et sous-genre.
1. VALEURS SÛRES QUI ASSURENT
Brutal Death
EMBRACE YOUR PUNISHMENT, bien connu de nos lecteurs, a été avancé dans le
running order, car le groupe qui devait passer maintenant est coincé dans les bouchons. Les Nordistes ne savent pas faire les choses à moitié et commencent à fond avec un Vivien au chant qui se met directement à sauter dans tous les sens en hurlant comme un forcené. La
setlist pioche parmi les compos les plus brutales de leur discographie, avec le second album bien représenté (dont « Fear the Wolves » que j’affectionne particulièrement) mais aussi bien sûr des extraits du troisième et dernier en date,
« Made Of Stone ». Les fans sont embarqués par toute cette énergie et prêts pour un
wall of death, un des plus grands du festival. Un
show violent et tellement prenant que je n’ai pas vu la demi-heure passer. Incroyable, un gros succès !
Note pour les organisateurs de concerts hexagonaux :
EMBRACE YOUR PUNISHMENT passe de façon surprenante plus à l’étranger qu’en France alors n’hésitez pas à rétablir l’équilibre.
Comme j’ai un très bon souvenir de leur passage au
Gatinaicticut Metal Fest il y a deux mois, je m’assure d’une place au premier rang pour
STORM UPON THE MASSES et je sors des bouchons d’oreille, ce qui n’est vraiment pas mon habitude mais je sais que ça va jouer fort. Les autres festivaliers font quant à eux leurs timides, le chanteur doit leur demander plusieurs fois de se rapprocher de la scène et encourage un
circle pit. Pas évident de faire bouger le public sur ce créneau de début d’après-midi (14h30-15h00) mais la pugnacité finit par payer et les Belges nous offrent à nouveau une leçon de férocité, à l’image des créatures de
« Crusher Of Souls » ornant les kakémonos disposés sur les planches.
DISAVOWED apparaissait déjà à l’affiche l’année dernière et les Néerlandais avaient apparemment laissé un bon souvenir, même s’ils n’avaient joué que 4 titres. On espère que les 45 minutes qui leur sont allouées pour cette édition vont nous donner un peu plus à manger. En tout cas, ça attaque sévère et le vocaliste Robbe ne faillit pas à la tradition de faire le
show puisqu’il rejoint le
circle pit dès le premier morceau. Pour le second, il propose à de nombreux volontaires de monter sur scène, ces derniers finissant par le porter. Petite pause avec Eggi de
VISCRAL invité au micro avant que Robbe ne slamme et ne se fasse emporter par le public. Notre animateur préféré demande maintenant aux filles de crier en aigu et aux mecs en grave, le tout de façon alternée, en nous expliquant que c’est un truc qu’il a piqué à Freddie Mercury. Évidemment, toute cette interaction conduit à une bonne ambiance ! Pour parler un peu musique, le son inégal des guitares n’empêche pas un
set soutenu, saupoudré de quelques
pig squeals et de mid-tempos bienvenus.
Alors que certains artistes profitent des festivals pour amuser la galerie, on ne peut pas dire que le quartet biélorusse (avec un Français au chant) dont il est maintenant question vienne pour plaisanter. Un coup d’œil sur leur page Bandcamp prépare le terrain en présentant
RELICS OF HUMANITY comme du « Death Metal in its darkest and heaviest form ». La chronique de Niktareum de leur dernier effort,
« Absolute Dismal Domain » sorti en début d’année, prévient également que l’aspect principal de la musique de l’entité est la lourdeur, tout en surlignant « le growl impressionnant de Florent, d’une profondeur abyssale, rugueux, guttural (…) ». C’est exactement cela qui nous est donné de voir et d’entendre en
live : du Brutal Death lourd et ultra puissant avec une énorme basse et un chanteur qui fait presque aussi peur que Keyser. La promotion des nouveaux titres fonctionne et une
slammeuse française bien connue de ce type d’événement fait des siennes pour la cartouche finale ; une belle conclusion pour un
show marquant !
Je sais que
« Harbinger of Woe », la première vraie sortie post-reformation de
BRODEQUIN a été élue album de l’année 2024 par pas mal de monde, il y a donc une forte attente pour voir les frères Bailey et leur nouveau batteur Brennan le défendre sur scène. Ces derniers ne prennent pas de risque et ouvrent avec « Infested With Worms », issu du fameux « Instruments of Torture », avant d’avancer dans leur discographie et de se faire acclamer dès que résonne « Judas Cradle ». Que ceux qui avaient des doutes soient rassurés, évidemment c’est la tuerie ! Bien sûr Brennan (dont c’est la première fois en dehors des États-Unis) est scruté et on ne peut qu’admettre que c’est une véritable machine de guerre (les cymbales doivent avoir mal). À l’instar d’un
DYING FETUS, le trio n’a pas besoin de s’agiter ni d’haranguer les foules pour foutre le feu ; il lui suffit de balancer la sauce (piquante). Dès que les titres sont annoncés, ils reçoivent l’approbation de l’auditoire, ce qui est le cas de « Flow of Maggots » qui a d’ailleurs été filmé et posté sur la
page Facebook du Deathfeast ou encore de « Raped in the Back of a Van » (une reprise de
LAST DAYS OF HUMANITY) que les Américains n’avaient jamais rejoué depuis son enregistrement. Le succès est tel qu’un rappel se fait entendre mais il est l’heure de laisser place aux compatriotes de
GORGASM.
Le quatuor de Chicago est de retour en Allemagne après 6 années, et revient pour une deuxième fois au Death Feast Open Air, la dernière datant de 2007, c’est-à-dire pour l’édition originelle. Les fans trépignent depuis tout ce temps et applaudissent
GORGASM dès la fin de la première chanson, « Clitoral Circumcision ». Ensuite, et cela va faire une tache sur le caleçon de Keyser s’il me lit mais c’est l’album
« Masticate to Dominate » qui est le plus cité, avec des bombes telles que « Seminal Embalment », « Anal Skewer » ou encore « Deadfuck ». Il faut à l’évidence nous jouer « Ravaged Corpse Decor », le
single sorti fin juillet, qui donne un aperçu du prochain album attendu début 2026 chez New Standard Elite. Ça prend plus que bien : offrir des classiques et du neuf constitue une bonne recette, surtout quand on est à trois au chant pour effrayer encore plus les spectateurs. Ces derniers se mettent d’ailleurs à
slammer jusqu’au rappel « Silence Follows Dismemberment », dernière chance de bouger.
Slam Death
CRYOGENICAL EXCISION commence à jouer, un mec dégueule. Je ne sais pas si c’est le hasard mais il est indéniable que les compositions des Rennais secouent bien nos carcasses, depuis le cerveau qu’ils nous éclatent, jusqu’au bide dont ils nous font sortir les tripes. Avec seulement un EP et un long-format (mais quand même 10 ans d’existence l’année prochaine), je les classe déjà parmi les valeurs sûres car c’est la troisième fois que je les vois et c’est toujours le même pied. Je ne suis d’ailleurs pas le seul à être sous le charme, mon collègue Niktareum n’ayant pas résisté à aller les
interviewer fin juillet lors de la tournée de
DEFEATED SANITY. Alors pour ce Death Feast, c’est tout aussi bien, voire encore mieux que d’habitude (cf. live reports du
Slamming French Brutality Tour et du
Gatinaicticut) avec en prime l’ambiance d’un grand festival pour faire encore plus mal ! Comprenez que les gars ont une pêche incroyable et que les festivaliers paient très chers de s’être approchés. Si vous êtes dans l’ouest et que vous avez raté nos spécialistes du Slam Death, sachez qu’ils passent au Blue Zinc du Mans le samedi 4 octobre pour un
événement avec le groupe de Death Metal local
SUBLIME HORRIFIC.
VISCERAL DISGORGE commence sur les chapeaux de roue. C’est même carrément bestial, au civil ces mecs doivent travailler dans un abattoir ! Ça me plaît bien mais je déconseille cependant aux amateurs de subtilité. Je n’irai pas jusqu’à écrire comme Keyser dans son
live report du
Netherlands Deathfest 2016 que « C'est le côté slam neuneu qui ressort le plus » mais ça donne une idée. Du bon « Brutal Death Slammisant » (
copyright Niktareum dans sa chronique d’
« Ingesting Putridity ») aux thématiques gores qui nous sont très ouvertement explicitées. Ainsi les Baltimoriens profitent de leur « European Evisceration tour » avec
VISCRAL et
9 DEAD pour narrer sur le vieux continent leurs fantasmes sexuels avec des morts, qu’il s’agisse de cadavres de prostituées ou de bébés, le tout épicé de scatophilie et de vers de terre visitant nos parties les plus intimes. L’anecdote est qu’en repartant à la voiture après ce conte féérique musical, j’entends deux Français discuter de la facilité à différencier le bon du mauvais Death Metal. Souvenir d’un certain sketch mis à part, je ne sais pas dans quelle catégorie ils mettent le quintet mais de mon côté, c’est du tout bon !
Deathcore
Comme je le mentionnais en introduction, le Deathcore est dorénavant loin de faire figure de petit intrus au Death Feast,
AngelMaker se voyant même en tête d’affiche de la première journée. Ce phénomène n’est pas isolé puisque dans le cadre de leur tournée européenne, les Canadiens ont été également programmés dans d’autres festivals Metal, comme le Brutal Assault, le Summer Breeze ou encore le Motocultor Festival il y a 4 jours. Ils décrivent leur style comme du bon vieux Deathcore mélodique et passent en revue ce soir leurs chapitres les plus connus, depuis « Leech » (avec sa fameuse entame « You're a fucking coward » dont le public connaît les paroles) et « Shia LaBeouf », tous deux issus de « Dissentient » (qui a fêté ses 10 ans en début d’année et qui est une bonne raison de demander un
circle pit) jusque « Silken Hands », le
single sorti fin juillet. Les faiseurs d’anges ajoutent au programme une composition plus Hardcore en expliquant qu’ils se le permettent bien qu’on soit à un fest de Death. Ça passe sans problème, ils sont même applaudis. Sinon, j’en parlais quand ils nous avaient rendu visite en mars en soutien de
SUFFOCATION pour le tour
Embrace The Suffering, ce qui frappe toujours est de les voir à 7 sur scène, dont 3 guitaristes et un total de 3 gaillards au chant ; ils débarquent en force et ça en impose ! Leur son est entraînant,
catchy à souhait, et comprend évidemment une succession de
breakdown, de moments monstrueux à la
LORNA SHORE dans les parties symphoniques, et plusieurs solos (je n’en avais pas entendu beaucoup aujourd’hui). Le
wall of death est de rigueur, on l’aurait réclamé en son absence, de quoi rester en forme et profiter jusqu’aux douze coups de minuit.
2. DÉCOUVERTES COUP DE COEUR
Brutal Death
On connaît tous
« Slowly We Rot », mais connaissez-vous
SLOWLY ROTTEN ? Sans doute pas car ces Allemands de Husum (dans le Schleswig-Holstein, région frontalière du Danemark) ont une maigre discographie (une démo, deux EP et un album) au regard de leurs 18 années d’existence et il semble qu’ils soient également assez peu actifs niveau concerts, malgré un passage au Wacken Open Air 2023. Lorsqu’ils montent sur scène, je note que le bassiste porte un t-shirt
DEICIDE, ce qui est de bon augure ! En effet, leur Brutal Death(/Grind) fait immédiatement mouche. C’est intense, nerveux et écrasant, avec des accélérations qui laissent du monde sur le bord de la route. Que pourrions-nous demander de plus ? Une très bonne découverte de mon côté. Et comme leur unique
full-length date de 2013, j’espère pouvoir croire à une nouvelle sortie prochainement !
BÖSEDEATH (Böse signifie le mal en allemand) se présente comme étant « le groupe le plus brutal de Darmstadt depuis 1999 ». Écoutons donc ça. Ah oui, alors d’abord, les mecs ne déconnent pas, ils sont à classer avec
RELICS OF HUMANITY parmi les formations qui restent ultra sérieuses pendant leurs démonstrations. En outre, ce qu’on entend est sérieusement pesant. Si on était de bonne humeur en se réveillant, le quintet nous fout un pain dans la gueule et nous rappelle tous les problèmes de nos vies misérables...
Set court (ils n’ont pas pris leur demi-heure) et efficace. Pour les fans ou ceux qui voudraient les découvrir, sachez qu’ils seront au Berlin Desecration Fest #2 en mai 2026.
Slam Death
En me renseignant sur
FETOR, j’apprends qu’il s’agit de Brutal Death / Slam polonais. Ça ne devrait pas décevoir, si c’est à l’image de mes découvertes
live de leurs compatriotes d’
AZARATH au dernier
Fall Of Summer et de
DORMANT ORDEAL vu au Klub pour la tournée
The Grand Scheme of Entropy. Dans l’attente de leur 3ème album, le quartet a publié le
single « Lithopedion » l’année dernière, et est en train d’en enregistrer un nouveau. C’est un
line up ajusté qui nous rend visite ce samedi, avec la présence d’Olga Proficz (la Kera d’
ULCER UTERUS) – seule musicienne vue sur les planches du Death Fest me semble-t-il – en remplacement du bassiste Maciej “Bishop” Biskup, absent pour raison de santé. Lorgnant du côté d’un
DEVOURMENT, les protagonistes nous servent des rythmiques très lourdes et accélérations bien placées, sur lesquelles viennent se poser un
growl grave à souhait et quelques solos. J’espère les revoir en France !
Je me souviens pendant mes études de potes qui s’étaient trouvés
HEAD FISH comme nom de groupe. Avec les Allemands dont il est maintenant question, on conserve la tête mais on passe du poisson au cochon, et du Rock au Brutal Death Metal / Slam. D’ailleurs le thème porcin de
PIGHEAD se dévoile très rapidement, dès les premiers et nombreux
pig squeals. Le côté cochon au sens « obscène » est également présent par un certain aspect me rappelant les obsédés de
LIVIDITY. Si on était aujourd’hui en France, il est certain qu’on assisterait à un
pogo face à Denny, Lommer, Oro et Simon (ce dernier fêtant ses débuts dans la formation, en remplaçant le batteur Ruben parti après 8 ans de bons services). Toutefois, et je ne sais dire si c’est une habitude germanique ou un truc spécifique au Death Fest, ceux qui ont envie de bouger ici le font plutôt en marchant en cercle, et
PIGHEAD parvient à accélérer le mouvement pour transformer cela en véritable
circle pit ! Je crois que la rapidité d’une des nouvelles chansons entendues y est pour quelque chose, ce qui va me pousser à jeter une oreille sur l’EP « Relapse into Absurdity » paru en avril sous l’aile de
Rising Nemesis Records.
Comment ai-je pu passer à côté de
VERMICULAR INCUBATION jusqu’à ce jour ? Les compères n’ont sorti qu’un CD (« Chapter of the Vermin Domain » chez Miasma Records) il y a 6 ans mais quand même, ce Slamming Brutal Death a tout pour me plaire (en plus il comporte des membres de
KANINE, d’
HURAKAN et d’
INDICIBLE, rhôôô). Je m’en rends compte dès les premières secondes, grâce à des riffs si lourds qu’ils me clouent au sol ! Et je ne suis pas le seul, on dirait bien que la rythmique infernale qui suit active les festivaliers en ce samedi à 15h15. Aucune communication n’a lieu avec le public et pourtant, on est tenu en haleine. Car en plus de la musique, ce qu’il se produit sur les planches a de quoi intriguer. En effet, les quatre garçons sont chacun revêtus d’un masque intégral qui leur donne un visage lisse et sans expression (cf. photos). Ils se déplacent de façon non naturelle et ils portent par ailleurs une tenue qui semble symboliser différentes catégories de personnes : cadre en costard-cravate, employé, technicien et sportif. Vu cette mascarade et les thèmes abordés dans l’album, on peut imaginer qu’ils jouent le rôle d’extra-terrestres ayant pris l’apparence d’êtres humains (il faudra les interviewer pour creuser le sujet). On en est loin musicalement, mais le côté déshumanisé des personnages me fait penser à
DEVO, et il faut voir comment ils tournent en rond à la fin de leur demi-heure, c’est aussi hilarant que mystérieux. Bref, j’adore, mon gros coup de cœur parmi mes découvertes de ce Death Feast 2025.
Grindcore
C’est la première mais sans doute aussi la dernière fois que
MINCING FURY AND GUTTURAL CLAMOUR OF QUEER DECAY apparaît dans nos
live reports car c’est à ce Death Feast que les Tchèques donnent leur concert d’adieu. Entre parenthèses, on pourra encore vous parler de certains de ses membres puisque trois d’entre eux jouent par ailleurs au sein de
SPINELESS FUCKERS (également à l’affiche du festival). Pour revenir à
MINCING FURY…, les mecs de Brno balancent du Grindcore brutal qui me rappelle un peu
INHUMATE dans l’esprit (décidemment, encore un groupe de Grind des 90’s qui tire sa révérence…), notamment dans leur capacité à « faire le
show ». Pour fêter cet ultime événement, on s’active de part et d’autre : bien sûr sur scène, mais aussi dans le
pit rejoint par trois des zicos, avant que le bassiste n’aille participer au
wall of death. Bonne « retraite » à ceux qui en finissent là (je suis un peu vert de découvrir cette bande au moment où elle arrête) et bonne continuation aux gars qui poursuivent avec une autre formation !
3. J’AI AUSSI VU…
Death & Brutal Death
Le samedi commence avec les Bavarois de
PUBLIC GRAVE et leur côté
destroy et horrifique, à l’image de la pochette de « Grotesque Mutations », leur deuxième album qu’ils nous ont livré fin février. Le bassiste attire mon attention grâce à son t-shirt
STORM UPON THE MASSES, quel homme de goût. Quant au chanteur, il donne vraiment tout et se déshabille même au fur et à mesure de l’avancée du
show, peut-être pour tenter de compenser l’attitude plus attentiste du public de 13h45. En soirée, ce sont les New-Yorkais de
PYREXIA qui font applaudir
RELICS OF HUMANITY. On est 5 jours avant la sortie de « Unholy » et les gars sont en forme : entre 2 solos, le guitariste se déplace un peu à la Angus Young et le chanteur se montre particulièrement communicatif. Ce dernier nous demande plusieurs fois de sauter, alors que le
pit est déjà très actif et que les frites de bain s’agitent. Solide et sérieux ! La région insulaire de l’Asie du Sud-Est continue de déferler sur l’Europe car après les récentes visites des Malaisiens de
TOOLS OF THE TRADE et de
PERPETUAL, c’est au tour des Indonésiens de
VISCRAL de venir nous faire une démonstration de violence extrême. Même s’il manque peut-être un peu de variété, leur Brutal Death ultra bourrin (ponctué de quelques solos) défonce bien et occasionne des
slams de la part des festivaliers. Retour sur le vieux continent avec
CUMBEAST qui fête à la fois ses 20 ans et la parution en mai dernier de « Fairytales of Filth », dont on découvre cinq versions
live. Les Finlandais livrent un
show haut en couleurs via une chanson sur les trolls au refrain d’inspiration folklorique mais aussi et surtout en nous faisant prononcer des mots en finnois, du genre « sperme » et « testicules ». Chauffés à bloc, les fans sont prêts à se déchaîner dans le
pit sur « Cocktopus » qui était visiblement attendu !
Slam Death
Les
breakdowns et les
slam parts, on sait faire quand on vient du sud de la Californie, et ce n’est pas
CEPHALOTRIPSY qui va nous faire dire le contraire. Le gang de San Diego excite le
pit en nous proposant pas mal de titres de
« Uterovaginal Insertion of Extirpated Anomalies » (notre surprise de l’année 2007), dont « Intracranial Butchery », « Metamorphic Congenital Malformation » ou encore « Embryonic Gastronomy ». Le chanteur demande d’élargir l’espace pour accueillir comme il se doit un de ces vieux titres qui n’avait pas été joué depuis 2008… en Allemagne ; ça se fête ! Si vous cherchez une excuse pour vous rendre à Baltimore, sachez que
CEPHALOTRIPSY y jouera en mai 2026 pour le Maryland Deathfest. Inspirés par
VISCERAL DISGORGE (ils avaient repris « Force Fed Shredded Genitalia » pendant leur
« Slamming French Brutality Tour »),
DEVOUR THE FETUS réalise une belle prestation et je ne saurais dire si les nombreux applaudissements récoltés sont davantage dus à ses riffs pachydermiques ou bien aux cris inhumains du grogneur. Quoiqu’il en soit, l’audience est conquise, et l’annonce d’un nouvel album pour 2026 est une sacrée bonne nouvelle !
DEVOUR THE FETUS
Deathcore
Le jeune (2023) groupe de Rhénanie du Nord - Westphalie
DEKATHEXIS ouvre le festival le jeudi après-midi. Pas évident comme créneau mais les Allemands s’en sortent convenablement. Leur Death/Deathcore contient des ralentissements mémorables et quelques parties Slam bien amenées, au point de lancer le
circle pit (pas encore très vaillant, certes) pour le reste du festival. Une belle façon de promouvoir leur 9 titres « Into Deep Shadows » paru en décembre. Il y a quelques jours,
TO THE GRAVE nous présentait
« Still », un EP constitué de chansons qui ne correspondaient pas à l’ambiance du long-format « Everyone’s A Murderer ». Le thème principal reste néanmoins le même, à savoir la cause animale. Et tout est là pour nous rappeler leur combat : depuis le masque de porc du chanteur jusqu’au fond de scène « Kill your local animal abuser ». Le problème est la technique car je crains que les micros-coupures à répétition ne soient pas un enchaînement de mini-
break-down. Je n’ai vraiment pas de chance avec les Australiens car quand je les avais vus au Glazart il y a 2 ans et demi, c’est un problème de micros qui avait entaché la performance. Mais ce n’est pas cela qui arrête les aficionados du Death Feast, au contraire, le
mosh pit s’agrandit et les amateurs de moulinettes s’en donnent à cœur joie, avant de se rapprocher de l’estrade pour réceptionner le vocaliste qui
slamme ! Les inconditionnels d’
ABORTED ont certainement suivi la création de
COFFIN FEEDER en 2021 et de ses différents formats courts publiés depuis, puisqu’on y retrouve
Sven de Caluwé aux
growls. Ce dernier nous stimule physiquement (à son habitude) mais aussi intellectuellement avec cette question digne d’un sujet de philo qui nous est posée : « Does it fuck or does it suck ? » (vous avez 4h00 ;-)). Son chant agrémenté de
pig squeals est évidemment puissant et accompagne parfaitement le son moderne du combo. Ça réagit bien en bas, avec une accélération du
circle pit, des
slams et un
wall of death. Je note enfin que le batteur n’a pas les deux pieds dans le même sabot ! Il n’y a plus qu’à se repasser « Big Trouble », leur premier long, paru fraîchement cette année chez Listenable Records. Pour le tout début de sa tournée européenne de 16 dates,
9 DEAD a l’air d’être déjà à l’aise et rôdé. Pourtant, c’est son premier concert à l’étranger et surtout, deux musiciens sont des remplaçants. En effet, Vendel dépanne Kuz (basse) & Jake se trouve au poste de Keply (batterie), ce qui permet aux absents de profiter d’heureux événements de famille dans le New-Jersey. Le son du commando ainsi formé rayonne assez large, avec un Deathcore qui va chercher aussi bien du côté du Brutal Death que d’autres textures (reprise de « Trust? » de
LIMP BIZKIT,
samples électro entre les morceaux…). Blake mêle
pig squeals et
growls en gardant un air sévère tout du long, jusqu’au final « 115 » (qui parle des extra-terrestres), en affirmant : « they’re real ». Pour en savoir plus sur ces Américains, je vous invite à visionner le clip de
« God of Mine » qui a été dévoilé aujourd’hui même. Comme
SOLAR ERUPTION a mis le titre « U.F.O. » sur sa
setlist (mais aussi son
single « Dead to Me » sorti fin juin), la transition est toute trouvée pour détailler maintenant le cas de ce quintet. Tout d’abord, les Lillois font preuve d’homogénéité en apparaissant tous habillés de la même façon : pantalon et t-shirt noirs, revêtus d’un blouson (noir lui aussi) arborant leur logo jaune. Ensuite au niveau des compositions, nous avons affaire à un Deathcore moderne, comportant de bonnes déflagrations, un peu de nappes en fond et beaucoup de solos. Un air de
LORNA SHORE dans le chant, les
breakdown et les parties techniques, ainsi que pour le côté symphonique. Je pense également à
SHADOW OF INTENT. C’est bien foutu.
Grindcore
Des observateurs attentifs relèvent que la République tchèque est bien représentée au sein de la programmation du jeudi. C’est vrai qu’elle compte pour un tiers de l’affiche et il se trouve que tous ses émissaires du jour évoluent dans la grande famille du Grindcore. Bien sûr
MINCING FURY AND GUTTURAL CLAMOUR OF QUEER DECAY évoqué plus haut, mais aussi
SPINELESS FUCKERS avec qui il partage plusieurs membres. Même si cela reste très coloré, l’accoutrement est différent car ici, ils portent des vêtements de la marque Lidl ! Ils doivent malheureusement stopper temporairement d’envoyer du jus à cause d’un problème technique mais une fois le souci réglé, ils reprennent leurs courts morceaux aux drôles de titres comme « The Cucumber Season » ou encore « Homobicycle » (ce titre de chanson me fait penser à
« Vélotafer » des
BROZERZ). Le chant parfois (volontairement) saccadé rend bien et le bassiste se fait bien entendre, avec son instrument mais aussi au micro comme il est en soutien au grogneur principal. Il y a un rappel mais il faut tenir le
timing donc ce sera (avec plaisir) pour une prochaine fois. C’est un peu plus tard dans la journée et en co-tête d’affiche de ce 21 août que
GUTALAX monte pour la 6ème fois sur les planches du Death Fest Open Air. J’ai raté le phénomène quand ils sont passés au Glazart en janvier, on va voir ce que cela donne. Waouh, ça se densifie devant la scène, ils sont l’évidence attendus. Par ailleurs, les fans se sont équipés, j’en veux pour preuves le PQ (qui a appris à voler) et les brosses à chiotte qui sont de sortie. Le fun et le concept scato/sex sont joués à fond : un bateau gonflable est lâché dès le début, le quartet en blouses sanitaires nous réserve ses titres les plus subtiles (« Poopcorn », « Shit Bastard », « Vaginapocalypse »…) et il nous lance sur un
wall of shit avant de nous faire chanter « hi ha hi ha ho » sur le refrain d’une chanson tchèque. Grosse ambiance à l’occasion d’une de ces nombreuses fêtes anniversaires que les Bohémiens célèbrent tout au long de l’année pour leurs 15 ans. Puisque l’on est dans la partie Goregrind, quelques mots sur une troisième entité tchèque œuvrant dans ce sous-genre :
SPASM. On atteint là le summum du bon goût, de quoi plaire à Sosthène. Je m’explique : le chanteur pas vraiment svelte se pointe quasiment à poil, avec un masque pénis sur le nez ! Il a également un conseil à nous prodiguer pour un premier rendez-vous galant : « se lécher le doigt pour ne pas faire mal à la fille » (je vous avais prévenus). Ce millième degré, les morceaux très courts envoyés avec beaucoup d’efficacité et les cris de cochon égorgé plaisent au public allemand, surtout quand on leur demande dans leur langue s’ils aimeraient danser. Ce qu’ils font, avant de reprendre en cœur le refrain de « Cheiromania (Masturbation - No Pain, No Gain ») pour conclure.
SPASM
Des formations Grind d’Europe de l’Ouest sont tout autant invitées à la fête et le gore continue, notamment avec
PUTRID OFFAL. Après dix années, c’est en blouses blanches de sadiques aux taches cramoisies ou encore avec la tête recouverte de sang que les Nordistes font leur retour au Death Feast, et ils célèbrent un autre anniversaire, celui de leurs 35 ans. Je ressors mes bouchons d’oreilles car je sens que les versions
live des extraits d’
« Obliterated Life » partent pour faire du bruit ! Ça met un peu de temps avant de prendre mais les vétérans finissent applaudis, mission accomplie. Après les docteurs psychopathes, j’aimerais vous parler d’un duo autrichien de bouchers pervers :
VxPxOxAxAxWxAxMxC. Alors, leurs initiales sinifient Vaginal Penetration Of An Amelus With A Musty Carrot, un amelus étant un fœtus ou un individu né sans membres en médecine, ou encore un genre de coléoptères en biologie (bon, également un
groupe de Death australien). On est dans un moment
de danse et de déconnade, comme
GUTALAX la veille. Leur ‘zique donne dans le Slam snuff electro goregrind dance noise (qui dit mieux ?) contenant des
samples de film d’horreur et de jeux vidéo. Avant la dernière, le chanteur demande qu’on lui envoie un sous-vêtement et le veinard récupère un joli soutien-gorge rouge et noir du public. On traverse la frontière pour se retrouver en Bavière, représentée par
SUCKING LEECH et son Grindcore plus « classique ». Encore un anniversaire puisque le quartet fête ses 25 ans et, je ne sais si c’est un cadeau qu’ils s’offrent mais ils nous interprètent « Socialized Crucifixion » d’
ASSÜCK. La basse gronde et le chanteur ne s’économise pas, comme on peut le voir avec son visage rougi sur la
vidéo de la reprise précitée. « Only Gore is real » et « Make Goregrind great again !!! », telles sont les devises des Transalpins de
GOLEM OF GORE. Ils nous font ce soir un mix de film d’horreur et de boucan sonore à seulement trois : le guitariste-chanteur, le batteur et le chanteur principal sans la basse. La
setlist pioche notamment parmi les pistes de
« Ultimo mondo cane », leur nouvel album sorti fin mai en autoproduction. C’est intense, avec une voix qui descend très bas dans les graves et des
vaffanculo qui fusent depuis la fosse, avant de remercier les Italiens par des applaudissements. Très sympa !
Quel festival ! Son ambiance est à l’image de la programmation musicale, c’est-à-dire un mélange presque paradoxal de gros bras très sérieux et de légèreté festive et dansante. Et j’avoue que c’était inattendu d’entendre « YMCA », « Dancing queen » et autre « Le fric c’est chic » entre deux groupes de Brutal Death. De même que le t-shirt rose du Death Feast 2025 qui côtoie ceux de STILLBIRTH, GUTSLIT, DEVOURMENT, DYING FETUS, KANINE, BRODEQUIN, GORGASM, CYTOTOXIN, LORNA SHORE, CANNIBAL CORPSE, de l’Obscene Extreme et du Dortmund Deathfest pour citer les plus portés. En parlant de ce dernier festival, vous vous demandez peut-être comment le comparer au Death Feast Open Air ? Les deux sont en Allemagne, en août et organisés par la même personne, le fameux Lukas. Et ce dernier de m’expliquer que le premier (Dortmund Deathfest) se concentre principalement sur le Death Metal traditionnel, tandis que le second est davantage axé sur des sous-genres plus modernes.
En plus de la qualité de la programmation, ce que j’ai vraiment apprécié est la simplicité et l’efficacité de l’orga : une seule scène (pas besoin de courir à droite à gauche ni de se demander ce qu’on va aller voir), 15 minutes entre chaque groupe et un événement « à taille humaine » comme on dit (j’ai entendu parler de 2000 personnes environ).
Je parlais textile tout à l’heure, sachez qu’il y a largement de quoi refaire sa garde-robe parmi les différents stands présents. Également de quoi compléter sa collection de disques avec deux marchands de CD et vinyles de Grind et de Brutal Death. Quant à la restauration, la bière n’est évidemment pas très chère (6 euros la pinte) et un bar à cocktails est présent pour ceux qui préfèrent. Afin d’éponger tout ça, les basiques (même plus) sont au rendez-vous (prévoir du liquide car quasiment aucun n’accepte la carte) : hamburgers, frites, pizza, poulet rôti et curry wurst bien sûr, la star incontestée de la street-food allemande. Donc si ce n’est pour la musique, venez au moins au Death Feast pour son curry wurst !
4 COMMENTAIRE(S)
08/10/2025 14:38
Avec tes 986 chroniques, 165 live reports et 31 interviews, il est assez aisé de tomber sur plusieurs de tes écrits de ce que je vais voir. Et puis, ce n'est pas comme si on n'avait pas de goûts en commun ;-)
04/10/2025 08:13
03/10/2025 15:00
03/10/2025 13:47