Portés par le succès d’estime d’un premier album tout à fait sympathique qui, en dépit de quelques irritants plus ou moins agaçants (selon notamment votre seuil de tolérance face à des vocalises un brin criardes), aura réussi à secouer l’underground et au passage à s’écouler à plus de 30000 exemplaires, les Californiens de Vio-Lence n’auront pas mis bien longtemps avant de reprendre du service puisqu’il leur aura fallu effectivement un tout petit peu plus de deux ans pour accoucher d’un successeur au carnassier
Eternal Nightmare, disque de Thrash aussi classique que teigneux.
Malgré l’intérêt qui lui est porté à l’époque, le groupe originaire de San Francisco est lâché en plein vol par Mechanic Records, sous-division de MCA Records. Le groupe n’aura cependant aucun mal à retomber sur ses pattes puisqu’il ira rejoindre dans la foulée les rangs de Megaforce Records aux côtés de quelques grands noms du Thrash tels que Testament, Anthrax, S.O.D. et Overkill. Une union qui donnera lieu en juillet 1990 à la sortie d’
Oppressing The Masses, un deuxième album produit par Robert Hunter (batteur de Détente et de Raven) et Alex Perialas dont les piges pour des groupes tels qu’Anthrax, At War, Attacker, Carnivore, Flotsam And Jetsam, Metallica, Nuclear Assault, Overkill ou bien encore Testament le placent parmi les rats de studios les plus plébiscités de l’époque. Un choix probablement onéreux mais néanmoins des plus judicieux puisque trente-cinq ans plus tard on ne peut pas dire que la production de ce deuxième album ait particulièrement mal vieilli, bien au contraire.
Illustré par l’artiste bosniaque Mirko Ilić,
Oppressing The Masses laisse comme bon nombre d’albums Thrash de l’époque peu de doutes en ce qui concerne les thématiques abordés par nos cinq Californiens tout au long de ces quarante-et-une minutes. D’ailleurs, certaines de ces thématiques n’ont vraisemblablement pas trop fait rigoler les costards-cravates d’Atlantic Records qui ont choisi de détruire (oui, carrément) une partie des premiers exemplaires pressés pour la seule présence du titre "Torture Tactics" et de ses paroles pour le moins imagées. De neuf compositions, l’album est donc "réduit" à seulement huit titres et "Torture Tactics" relégué momentanément aux oubliettes (celui-ci figurera finalement sur un EP du même nom sorti l’année suivante sur Caroline Records).
« Thrash un jour, Thrash toujours ». S'il s’agit évidemment d’une maxime inventée de toute pièce pour le bien de ce paragraphe, j’imagine qu’en tant que lecteurs correctement câblés vous avez parfaitement saisi l’idée derrière une telle affirmation ? En effet, rien n’a vraiment changé du côté des Californiens qui continuent de nous servir la même soupe avec autant de vigueur, d’énergie et d’efficacité qu’à l’époque du très bon
Eternal Nightmare. La bonne surprise, car il y en a une, réside ici dans la voix de Sean Killian qui tout en conservant ses principales caractéristiques (une voix assez haut perchée et un timbre assez particulier) se fait désormais un poil moins nasillarde et donc par la force des choses un poil moins irritante aux oreilles de ceux pour qui elle fût jusque-là source d’agacement...
Pour le reste, Vio-Lence renoue sans surprise avec ce Thrash typiquement californien c’est-à-dire tout en riffs, en nerfs et en mélodies. Et si le groupe ne fait preuve d’aucune originalité, restant ainsi particulièrement fidèle à une formule déjà bien rodée, difficile pour autant de ne pas se montrer enthousiaste face au riffing impeccable de messieurs Demmel et Flynn. Que ce soit lorsqu’ils shreddent à qui mieux mieux (trop de séquences pour toutes vous les citer mais croyez-moi, ça riff dur et ça riff bien), lorsqu’ils la jouent un peu plus virtuoses à grands coups de solos mélodiques foutrement bien troussés ("I Profit" à 4:41, "Officer Nice" à 2:29, "Subterfuge" à 3:21, "Engulfed By Flames" à 1:33, "World In A World" à 1:42 et ainsi de suite) ou bien encore lorsqu’ils lèvent le pied au profit de séquences absolument imparables ("Officier Nice" à 2:05, l’excellent "Subterfuge", l’introduction de "World In A World", "Mentally Afflicted" à 0:51, etc), les deux hommes portent clairement le Thrash de Vio-Lence sur leurs épaules.
Si c’est évidemment bon train qu’est mené
Oppressing The Masses, impossible de passer sous silence tous les ralentissements savoureux et autres passages un tantinet chaloupés qui ponctuent ce deuxième album. Des instants toujours assez sauvages qui en plus d’apporter du relief et trancher de manière significative avec ces cavalcades thrashisantes menées tête dans le guidon donnent envie de tout défoncer autour de soi. Comment ne pas succomber à ces appels à mosher dont on peut se délecter sur "I Profit" à 0:48, "Officer Nice" à 2:05 (avec en plus ces gros choeurs bien virils), "Subterfuge" qui 35 ans plus tard continue d’influencer bien des groupes de Thrash / Crossover, "Engulfed By Flames" à 1:23, les premières secondes de "World In A World" ou "Mentally Afflicted" à 0:51 ? Impossible si vous me demandez mon avis…
Si Vio-Lence n’est pas le premier groupe auquel on pense lorsque l’on évoque la grande époque du Thrash californien et plus particulièrement celui de la Bay Area, il n’en reste pas moins un élève appliqué, certes un peu à la bourre par rapport à tous ses camarades, mais suffisamment efficace dans son interprétation du genre pour continuer de séduire trente-cinq ans après la sortie de ce deuxième album. Car si
Oppressing The Masses ne révolutionne absolument rien, déjà à l’époque, celui-ci est néanmoins truffé d’excellents riffs capables de mettre d’accord tous les amateurs de Thrash à même de supporter les vocalises d’un Sean Killian pourtant ici sur la retenue. Bref, après un premier album rondement mené, Vio-Lence continue son petit bonhomme de chemin avec à la clef un successeur tout aussi bonnard et qui en 2025 n’a rien perdu de son efficacité, de son charme et de sa pertinence. Un classique de seconde division mais un classique quand même.
2 COMMENTAIRE(S)
21/10/2025 09:38
Je n'ai jamais eu la curiosité d'écouter leur 3eme album par contre...
Merci, et moi non plus je n'ai jamais poussé plus loin... On verra si je me motive pour terminer la discographie, pas certain d'avoir la foi ceci dit
20/10/2025 17:57
Je n'ai jamais eu la curiosité d'écouter leur 3eme album par contre...