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Vio-Lence - Eternal Nightmare
Chronique
Vio-Lence Eternal Nightmare
Peut-être avez-vous vu récemment passer l’information sur les réseaux sociaux ou ailleurs mais Eternal Nightmare, premier album des Californiens de Vio-Lence, célébrait Il y a quelques jours ses trente-sept ans d’existence. L’occasion de se pencher enfin sur la première partie de carrière de ce groupe qui, sans avoir ni la reconnaissance ni le succès de certains de ses pairs (Metallica, Exodus, Testament...), n’a pour autant jamais manqué d’agiter la scène Thrash et cela dès la seconde moitié des années 80.
Originaire de San Francisco, Vio-Lence voit le jour en 1985 d’abord sous les patronymes de Death Penalty et de Violence avant finalement d’y apposer ce tiret qui à titre personnel m’a toujours paru assez incongru... Après trois démonstrations et quelques changements d’effectifs marqués notamment par l’arrivée en 1987 d’un certain Robert Conrad Flynn à la seconde guitare, le groupe signe un contrat avec le label new-yorkais Mechanic Records qui durant sa courte existence (cette sous-division de MCA Records semble n’avoir été active qu’entre 1988 et 1994) aura vu passer d’autres formations telles que Stone, Voivod, Majesty ainsi que Dream Theater. Une collaboration scellée avec la sortie le 27 juin 1988 d’Eternal Nightmare, premier jet longue-durée des Californiens rendu notamment "célèbre" grâce à cette illustration carnassière signée du grand Ed Repka.
Produit par monsieur John Cuniberti (Chastain, Defiance, Forbidden, Possessed, Xentrix...), Eternal Nightmare jouit encore en 2025 d’une production plus que correcte. Comme souvent avec ces albums qui commencent à prendre de l’âge, celle-ci témoigne de certains travers et autres petits défauts inhérents à son époque, notamment cette basse qui malgré une certaine présence manque malgré tout de précision et d’attaque ou bien encore cette caisse-claire et sa réverb’ typique des années 80. Néanmoins, en dépit de ces petits reproches qui n’en sont pas vraiment puisque ces quelques éléments lui confèrent plus que jamais un charme indiscutable, cette production est encore suffisamment dans les clous pour ne pas être un frein quelconque à l’appréciation de ce premier album.
Un album composé de sept morceaux pour une durée d’environ trente-cinq minutes. Sept morceaux parmi lesquels quelques reliques du passé puisque l’on va retrouver dans des versions naturellement remises au goût du jour des titres tels que "Eternal Nightmare", "Bodies On Bodies" ou "Kill On Command" déjà présents sur les premiers enregistrements des Californiens datant de 1986.
Pour le reste et sans grande surprise, Eternal Nightmare s’inscrit dans la droite lignée des albums Thrash de l’époque, notamment ceux d’Exodus (Pleasures Of The Flesh et Fabulous Disaster) et de Nuclear Assault (Survive et Handle With Care) avec lesquels il partage ce goût pour les compositions intenses menées pied au plancher. On va ainsi retrouver chez nos jeunes californiens le même genre de riffing tendu et nerveux qui sans rien révolutionner déjà à l’époque va cependant se révéler d’une efficacité à toute épreuve. En effet, malgré une approche tout ce qu’il y a de plus classique, difficile de résister à l’appel du "headbanging" et du "air guitar" à l’écoute de ces sept compositions particulièrement bien ficelées. De "Eternal Nightmare" à "Serial Killer" en passant par "Phobophobia", "Calling In The Coroner", "T.D.S. (Take It As You Will)", "Bodies On Bodies" et "Kill On Command", la paire Phill Demmel / Robb Flynn livre ici une belle leçon de Thrash qui à défaut de sortir des sentiers battus parvient encore à mettre à mal nos cervicales après presque quatre décennies. À ce riffing tout en nerfs et à ces excellents solos mélodiques exécutés pour la plupart à toute berzingue est associée une section rythmique qui évidemment n’est pas en reste. Si la basse de Deen Dell a déjà été évoquée plus haut (une présence évidente mais une précision et une attaque largement discutables), la batterie menée par Perry Strickland ne démérite absolument pas puisqu’entre cavalcades haletantes, séquences plus chaloupées et passages sur la retenue, ce dernier n’a aucun mal à adapter son jeu et à suivre la cadence imposée par ses deux camarades.
Finalement, outre une production légèrement perfectible, le seul point de dissension à l’adresse d’Eternal Nightmare concerne le chant de Sean Killian qui n’a jamais réussi à faire l’unanimité. Relativement proche de celui de John Connelly de Nuclear Assault (notamment pour ce flow mitraillette), Sean possède une voix haute perchée qui en plus de manquer de relief, peut également finir par taper sur le système à cause de gimmicks possiblement agaçants que chacun supportera plus ou moins facilement selon ses seuils de tolérance. À titre personnel, si j’y prête trop attention, ses fameuses envolées dans les aigues finissent effectivement par m’irriter quelque peu. Cependant, même s’il s’agit effectivement de l’élément le plus faible du groupe, son débit cadencé et dynamique ainsi que la hargne et l’urgence qui s’en dégagent conviennent bien au Thrash agressif et nerveux de Vio-Lence.
Trente-sept ans après sa sortie, Eternal Nightmare reste encore aujourd’hui un solide album de Thrash californien. S’il ne tient pas la comparaison face aux grands noms de l’époque (moins sombre et radical qu’un Slayer, moins ambitieux qu’un Metallica ou qu’un Megadeth, moins technique et mélodique qu’un Testament ou qu’un Forbidden, légèrement moins bien produit que bon nombre de ses homologues, un chanteur moins charismatique et une arrivée également un peu tardive avec la sortie de ce premier album en juin 1988), il n’en reste pas moins un album efficace et très agréable dont les quelques défauts sont rapidement gommés par une énergie, une intensité et une efficacité finalement assez redoutables. Bref, avec ce soleil de plomb qui finira par avoir notre peau, voilà tout à fait le genre d’albums de Thrash que l’on a envie de s’enfiler dans les oreilles. Classique pour certains, seconde division de qualité pour d’autres, ce premier album de Vio-Lence conserve donc malgré le poids des années toute sa pertinence et méritait donc amplement sa place ici, sur Thrashocore.
| | AxGxB 1 Juillet 2025 - 1045 lectures |
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7 COMMENTAIRE(S)
citer | Même si je préfère l'album suivant, je dois reconnaître que ce Éternel Nightmare passe tout seul. Rien de révolutionnaire mais c'est joué avec conviction et question riffs ça tient largement la route. Le chant ne me dérange pas plus que ça même si y'a mieux dans le genre. |
citer | Mouais, un album que j'ai toujours trouvé assez surcoté, et pas que à cause du chant. Ca reste de la division B... Pas de grand intérêt en dehors du côté historique. |
citer | Ah il thrash bien ce disque, les compos butent, mais oui le chant, et en particulier les intonations du chanteur sont insupportables.
En ce sens il me rappel le premier Toxik, et tout comme ce dernier, je préfère le 2ème album de Vio-lence qui corrige un peu ce défaut. |
citer | AxGxB 01/07/2025 18:36 | note: 8/10 | Sosthène a écrit : Le thrash de cette époque reste l'une des musiques les plus cool au monde. C'est vrai que le chant gâche un peu les compos mais ça fait partie du charme !
Absolument, entre les illustrations hyper colorées, les tenues de tous ces thrashers à la sauce sneakers cultes et la musique imparable, c'est du régal. |
citer | Team "Culte grâce à Killian" |
citer | Le thrash de cette époque reste l'une des musiques les plus cool au monde. C'est vrai que le chant gâche un peu les compos mais ça fait partie du charme ! |
citer | Tu résumes assez bien mon ressenti sur ce disque, loin du niveau des ténors de l'époque mais cependant qui tient largement la route (même si en effet la voix de Sean Killian est insupportable) avec de très bons titres efficaces et énervés. Pour moi leur meilleur album du groupe clairement ! |
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7 COMMENTAIRE(S)
05/07/2025 16:01
03/07/2025 13:18
03/07/2025 00:34
En ce sens il me rappel le premier Toxik, et tout comme ce dernier, je préfère le 2ème album de Vio-lence qui corrige un peu ce défaut.
01/07/2025 18:36
Absolument, entre les illustrations hyper colorées, les tenues de tous ces thrashers à la sauce sneakers cultes et la musique imparable, c'est du régal.
01/07/2025 18:32
01/07/2025 18:22
01/07/2025 11:56