Après un
"3" très décevant, Max Cavalera est de retour avec en prime un line-up tout neuf. En effet quelques mois avant l'enregistrement de ce "Prophecy", tous les membres quittent le navire pour des raisons assez floues et qui n'intéressent personne de toute façon. Les nouveaux sont Bobby Burns (ex guitariste de Primer 55) à la basse, Joe Nunez (qui avait déjà fait partie de la tribu de 1999 à 2001) aux drums/percus et Marc Rizzo (ex-Ill Nino) à la gratte. Max se paie même le luxe d'avoir le grand Dave Ellefson (ex-bassiste de toujours de Megadeth pour les incultes) à la basse sur pas moins de 5 titres. Difficile quand même dans ces conditions d'enregistrer un album même si Max a toujours été le compositeur principal. Malheureusement ce n'est pas avec "Prophecy" qu'il va relever le niveau tant cet album est médiocre. L'ancien leader de Sepultura approfondit encore plus ces expérimentations musicales en essayant vainement de faire cohabiter des styles complètement différents. Récit d'un échec.
Comme sur
"3", le début était pourtant prometteur. Les cinq premiers morceaux, à défaut d'être géniaux, ont au moins le mérite d'être efficaces. Cavalera utilise encore et toujours la même recette: gros riffs simples bien lourds, grosse voix qui beugle, refrains minimalistes beuglés encore plus fort (en général le titre du morceau) et parties plus tribales avec percussions et instruments divers (berimbau, sitar...). On se croirait presque sur Roots ou Chaos A.D. On se dit alors que Max a repris du poil de la bête et on commence à avoir un sourire aux lèvres. Mais celui-ci s'efface bien vite à la 2è minute du cinquième morceau, "Mars". Une gratte acoustique apparait et nous joue un air de (tenez vous bien!) flamenco. Assez déroutant vous l'avouerez! Comparé à d'autres passages, ce break n'est même pas le plus mauvais. "Mars" se termine péniblement par un long passage très ennuyant, sans aucun intérêt et qui n'a pour seul but que de remplir le disque.
C'est bien là le problème. Je ne suis par contre le mélange des genres, j'apprécie beaucoup les deux premiers albums de Soulfly. Mais toutes les expérimentations de "Prophecy" tombent à plat et énervent l'auditeur plus qu'autre chose. Certains genres musicaux n'ont rien à faire ensemble, même avec une ouverture d'esprit aussi large que le derrière de Jennifer Lopez. Dans sa volonté, certes louable, de ne pas imposer de limites artistiques à Soulfly, Max va beaucoup trop loin pour qu'on puisse le suivre. Le flamenco (également présent sur l'intro de "Porrada") n'est ainsi pas la plus mauvaise surprise qui vous attend.
"Moses" est certainement la plus mauvaise chanson de Soulfly. En duo avec Eyesburn, un groupe de ragga serbe (!!), Max nous fait ressentir une émotion à laquelle on ne s'attend pas à l'écoute d'un album de métal: la pitié. La guitare est en retrait tout au long de ce morceau inaudible sauf peut-être pour les fans de ce genre de musique. Et ce n'est pas un passage un peu plus brutal qui va changer quoi que ce soit. Ecoutez bien l'accent anglais à mourir de rire. Autre merde infâme, le titre de fin où la guitare est carrément absente: "Wings". Un chant féminin insupportable se fait entendre sur un instru très bizarre avec des percussions. Mais le pire est à venir. En guise de conclusion Max nous gratifie d'une ambiance de kermesse qui tombe comme un cheveu sur la soupe. On croirait à un orchestre d'ouverture pour la foire à la saucisse de Vesoul. Ce sera quoi la prochaine fois? De l'opéra-grind, de la techno-salsacore, de l'électro-jazz avec un groupe underground du Bangladesh, du thrash-bal musette, de la country-death, du power-house? Les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures.
Et ne parlons pas des multiples breaks inutiles qui parsèment les titres. Sans oublier les fins de certains morceaux ("Prophecy", "Mars", "Born Again Anarchist", "Porrada", "Wings"), interminables et ennuyantes à mourir. On a bien évidemment le droit au sacro-saint instrumental, "Soulfly IV", très beau mais surtout très chiant, comme les trois précédents que je n'ai jamais pû supporter.
On peut aussi parler des paroles religieuses ridicules qui me gavent et de l'artwork très travaillé mais trop connoté. Quand je pense que Max chantait "Antichrist" en 1985...
Dans toute cette médiocrité et ces expérimentations plus que douteuses, on peut malgré tout dégager quelques points positifs. La basse est omniprésente et donne plus de consistance à des morceaux qui en manquent cruellement.
Le recrutement de Marc Rizzo est également une bonne chose. Même si le bonhomme a l'air d'un con torse nu avec son sac à dos sur scène, il est tout sauf un manchot. Il agrémente les morceaux de très bons soli ("Living Sacrifice", "Execution Style", "Porrada" et surtout celui de "Defeat U", excellent mais trop court) qui relèvent un peu le niveau.
Comme je l'ai déjà dit, les 4-5 premiers morceaux sont plutôt bons. Ce ne sont pas les seuls: le très punk "Porrada" avec son riff qui me rapelle le générique de "Buffy Contre Les Vampires" est même très sympa si on fait abstraction de certains breaks. La reprise de Helmet "In The Meantime" est également réussie de mon point de vue, bien que je ne connaisse pas la version originale. Mais ces quelques morceaux ne font pas oublier le reste de l'album.
Un dernier point, l'édition limitée sauve "Prophecy" du naufrage avec ses 6 lives en bonus tracks. Comprenant des morceaux des deux premiers Soulfly et les reprises de Sepultura "Spit" et le cultissime "Roots Bloody Roots", ils bénéficient d'un très bon son et nous rapellent que Max a vocalement toujous la pêche en live.
Ca ne me fait pas plaisir de dire ça (Max Cavalera reste quand même une icône pour moi et beaucoup d'autres) mais il faut avouer que Max s'est à nouveau planté. "Prophecy" part dans tous les sens, sans aucune cohésion et les expérimentations sont complètement foireuses. Ce n'est pas 6 titres potables qui vont changer la donne. Dans une récente interview au magazine Hard'N Heavy, le Brésilien avouait que parfois il ne savait même plus quelle musique il jouait et c'est exactement ce qu'on ressent en tant qu'auditeur. D'après une célèbre chanson, il est libre Max. Y'en a même qui disent qu'ils l'ont vu voler. Mais là on est tous en train de le voir s'écraser.
15 COMMENTAIRE(S)
14/04/2005 22:41
19/03/2005 12:50
C'est clair que je comprend pas non plus ton acharnement Hellswrath...
J'ai lu les messages de Hellswrath, ils sont un peu gonflé quand même....
Bonne chronique mon p'tit Keyser ). J'ai eu la même réaction que toi en écoutant Prophecy, à savoir que seul les 6 premiers morceaux (toi les 5 seulement ^^) m'emballent.
Le reste ?... bof bof
13/03/2005 14:16
C'est clair que je comprend pas non plus ton acharnement Hellswrath...
09/03/2005 9:51
Et je n'ai trouvé aucune ironie à ta remarque qui, même si elle n'était pas insolente, n'en était pas moins désobligeante! Bon on va en rester là sinon ça ne va jamais finir. En espérant que tes remarques seront plus constructives la prochaine fois
09/03/2005 8:10
Je le comprends tout a fait. Si tu savais comme ça fait du bien de temps en temps
09/03/2005 0:53
Ma remarque met simplement en valeur l'aspect extrêmement dispensable d'une telle chronique : tu avoueras que sous couvert de terminer la disco de Soulfly, tu t'es surtout fait plaisir pour faire une chronique avec une sale note et des petites vannes.
Par ailleurs je suis peut-être aigri (et crois moi j'aimerai m'aigrir) mais je n'en suis pas moins courtois.
09/03/2005 0:10
"Si peu couvert médiatiquement": à sa sortie il me semble qu'on en a beaucoup entendu parlé, si la chronique arrive seulement maintenant c'est parce que je n'étais pas là avant. C'est quand même Cavalera dont il est question et en plus la disco de Soulfly était déjà entamée, il faut savoir achever les choses. Et puis "couvert médiatiquement", depuis quand on en a quelque chose à foutre de ça, tu peux me le dire?! De plus la qualité d'un album n'a rien à voir avec le fait de le chroniquer ou non. Quel intérêt de chroniquer que des bons albums? Quant au côté "indispensable" de la chose, c'est tellement ridicule comme remarque que je vais pas perdre mon temps à te répondre.
Sur ce je te laisse et t'invite gentiment à éviter ce genre de commentaire foireux et si peu aimable.
08/03/2005 23:45
Ah oui, c'est sîr, chroniquer un album si peu couvert médiatiquement, relevant d'une actualité brulante et surtout, surtout, d'une telle qualité, c'était indispensable.
08/03/2005 20:34
sinon j'avoue ne pas comprendre non plus ta réaction Hellswrath...
08/03/2005 19:11
08/03/2005 18:52
08/03/2005 17:20
08/03/2005 17:17
08/03/2005 17:14
Je pense qu'on est tous d'accord, c'est la vanne de l'année. Merde j'aurais voulu y penser. Heureusement la chronique est plus drôle que l'album est bon.
08/03/2005 16:48