Vingt-cinq ans après la sortie du mythique
« The Ten Commandments » la bande de l’inusable Phil Fasciana n’a pas encore dit son dernier mot malgré toutes les galères rencontrées en un quart de siècle, entre changements incessants de personnel et signatures régulières sur de nouveaux labels. Revenu au premier plan depuis quelques années d’abord via l’intermède réussi avec Kyle Symons puis avec le retour en grande forme de l’historique Brett Hoffmann - le quintet enregistrant avec lui deux très bonnes sorties (« Doomsday X » - 2007, et « Invidious Dominion » - 2010), celui-ci comptait bien continuer sur cette dynamique. Pour y parvenir on peut dire qu’il a vraiment pris son temps, car il lui a fallu cinq ans (un record) pour donner vie à ce douzième album, le premier chez Century Media - qui voit le retour derrière les fûts de l’excellent Justin Di Pinto (ex-PYREXIA) dont l’énorme boulot sur le non moins énorme
« The Will To Kill » avait grandement contribué à la réussite de cet opus et au retour en forme du combo. Cependant la conception de ce cru 2015 ne fut pas une mince affaire, car la formation a longtemps tergiversé à savoir si elle devait sortir plusieurs EP ou un opus complet, avant d’avoir ensuite des soucis au niveau du mixage et de la production (et de devoir faire appel en catastrophe à Dan Swanö), alors que tout était écrit et en boîte depuis un bon moment (« Face Your Fear » ayant été dévoilé dès janvier… 2014, soit presque deux ans auparavant).
Autant dire que les Floridiens étaient remontés et motivés comme jamais après toutes ses épreuves et cela s’entend instantanément dans l’inspiration comme dans la puissance de cette œuvre, car en faisant appel au célèbre producteur Suédois les gars ne se sont pas trompés tant il rend justice aux compositions (le léger point noir des deux dernières livraisons qui manquaient de puissance), puisqu’elles n’ont pas sonné si massivement depuis la doublette
« The Will To Kill » /
« Warkult ». D’ailleurs tout en gardant leur identité intacte on remarque rapidement qu’un retour à la période du précédent frontman est bel et bien présent, le chant si reconnaissable de l’actuel prenant à certains moments des intonations de son prédécesseur, tout ça sans temps-mort vu que les dix titres ne s’essoufflent nullement sur la longueur, maintenant ainsi une pression constante sur l’auditeur. D’ailleurs celui-ci va être surpris d’entrée par le morceau-titre totalement à part sur ce que le groupe a pu proposer durant toutes ces années, car il met au jour une ambiance presque mélancolique et sombre, la guitare commençant à jouer toute seule avant que le frontman ne parle délicatement (même s’il va growler un peu plus tard), le tout sur une rythmique très lente (on ne trouve ni blast ni accélération) permettant de créer ainsi quelque chose de très bizarre mais réussi. Si ce choix d’ouverture est autant étrange qu’osé la suite va revenir en terrain balisé avec le très bon « Soul Razer » (à la fois brutal, rapide et qui sait s’alourdir quand cela est utile), tout comme avec le furieux « Corporate Weaponry » et le massif « Resistance Is Victory » (au break ravageur) qui montrent que malgré les années qui passent leur classicisme fait toujours mouche.
Cependant sur « Blood of the Fallen » on se rend compte d’un certain modernisme dans l’exécution car outre le jeu si destructeur du batteur, le vocaliste a réussi à sonner plus puissant et actuel que lors de ses dernières prestations en studio, ce qui amène plus de variété et de densité, constat partagé sur « 12th Prophecy » où les riffs présents sur la partie plus lente sont directement inspirés de leur disque de 2002 mais sans tomber dans la redite ni la répétition. Et si les deux galettes antérieures étaient un peu handicapées par l’absence de compositions fortes sur celui-ci au contraire il y’a deux incontournables qui trouveront facilement leur place sur scène, à savoir « Imperium (Kill Force Rising) » et ses six minutes au compteur qui nous balance toute la panoplie des vieux briscards (entre patterns déchaînés et guitares hyper affûtées, complétées par des ralentissements et accélérations multiples), et surtout « Fragmental Sanity » qui fait secouer la tête sans discontinuer, complété par des solos qui font très mal et qui collent très bien avec le reste.
Et comme si tout cet excellent rendu ne suffisait pas en bonus les gars se la jouent à la SUFFOCATION en réenregistrant des vieilleries de leur catalogue, c’est le cas avec « Carnivorous Misgivings » et « Dominated Resurgency » qui figuraient toutes deux sur
« Stillborn » (1993) et qui n’ont rien perdu de leurs qualités d’antan, au contraire elles sonnent encore bien mieux tant la production actuelle leur est parfaitement adaptée, et leur rend justice (ce qui n’était pas le cas initialement). Autant dire qu’avec tout ça on peut facilement dire que les Américains nous ont sorti le grand jeu en nous gratifiant de leur meilleure réalisation depuis 2004, où chacun des membres s’est totalement surpassé, sans tomber dans le trop-plein. Ils prouvent en tout cas que malgré les aléas et les soucis divers ils gardent toujours la foi dans leur ligne de conduite, et confirment que la longue attente auprès de leurs fans a été largement comblée et qu’ils sont encore capables de sortir des disques de haute volée, malgré une discographie très aléatoire.
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