Divinity - The Singularity
Chronique
Divinity The Singularity
On a beau pester régulièrement contre la dématérialisation sauvage du matos promo délivré par les labels, le passage au tout MP3 a parfois du bon, surtout quand notre cher Cglaume en vient à délaisser pour cause d'allergie chronique au dit support des offrandes aussi somptueuses que ce deuxième full length des canadiens de DIVINITY, après « Allegory » sorti en 2008. D'autant que lorsqu'on jette un regard furtif aux influences accolées généreusement par la maison Candlelight, on se dit qu'avec des cadors comme SOILWORK, STRAPPING YOUNG LAD ou INTO ETERNITY dans la colonne argumentaire, tous les éléments sont réunis pour faire mouiller le Cyril en question ! Tout bénéf pour votre serviteur donc, sourd comme un pot et qui ne fait aucune différence entre du 5.1 et sa vieille K7 rongée par les vers du « Garage Days Re-Revisited » de METALLICA, et l'occasion de marcher sur les plates bandes mélodico-brutales d'un confrère qui grimpera à coup sûr aux rideaux lorsqu'il jettera dans trois ans et des poussières une oreille sur « The Singularity », album immédiatement accrocheur faisant la synthèse entre quatre scènes métalliques pas forcément conciliables de la plus brillante des manières.
Commençons par les choses qui fâchent en temps normal avec l'étiquette mélodeath dont on affuble DIVINITY, à raison puisque le hurleur de service Sean Jenkins, qui aurait très bien pu postuler chez DARKANE, passe sans sourciller des hurlements SYLiens typés Townsend (sur « Emergent ») aux grosses voix suédoises de rigueur (« Transformation », où l'on croirait entendre Jens Broman), sans oublier le traditionnel chant clair de rigueur, le juge de paix qui fait habituellement pencher la balance du côté plus ou moins obscur de la force métallique, suivant si l'on tolère le recours à ce type de refrains cajoleurs, plus ou moins putassiers suivant les combos (que ceux qui supportent SCAR SYMMETRY se dénoncent !). Sans être exceptionnel ici, les passages en clean voice sont de bonne tenue, loin d'être systématiques et donc potentiellement lassants comme chez les soilworkers de Bjorn « Speed » Strid même si comparativement aux deux autres registres abordés (gueulantes et growls), c'est dans ce domaine que Sean Jenkins a le plus de progrès à faire. Une marge de progression qui fait penser que le meilleur est encore à venir, quand bien même le niveau atteint sur cette galette apparaît déjà singulièrement élevé. Pour en finir avec le chant, notons que le bonhomme franchit souvent la ligne jaune séparant le mélo du death pur et dur, « The Singularity » comptant bon nombre de parties gutturales on ne peut plus jouissives.
Mélodeath donc et pas seulement derrière le micro, puisque DIVINITY se permet d'enfoncer les dernières sorties en date de DARKANE et SOILWORK dans les grandes largeurs l'espace d'un « Embrace The Uncertain » plus Ikea tu meubles, mélodique et véloce à souhait, porté par une section rythmique qui ne sacrifie jamais la technique instrumentale au profit de l'accroche facile. Car pour être technique DIVINITY, c'est technique ! Ils ne sont pas canadiens pour rien et certaines joutes lead ressuscitent carrément, derrière l'épaisse couche de vernis nordique, le DEATH lumineux de « Individual Thought Patterns » (« Transformation »), leur palette de jeu comprenant également une bonne louche de saccades meshuggesques, la chianceté en moins. Mais point trop de polyrythmie ici, juste ce qu'il faut pour contrebalancer des parties néo-thrash de rang à faire frissonner Jed Simon en personne (sur « Formless Dimension », l'intro martiale « Abiogenesis » ou encore « Emergent »), le fantôme de STRAPPING YOUNG LAD ou l'agressivité naturel d'un TENET surgissant régulièrement au détour d'un riff casse nuque ou d'une salve de double pédale destructrice. Puissant et rapide, voire bien brutal à intervalles réguliers – le mur du son SYLien est régulièrement franchi, quand on n'est pas submergé par des blasts sur fond de riffs purement death sur « Beg To Consume » - DIVINITY n'a pas fini de vous en faire baver puisque l'arc des canadiens s'enrichit d'une quatrième corde prog ou Sasha Laskow démontre l'étendue de ses capacités lead, les solis impeccables n'étant pas la moindre des qualités d'un DIVINITY ayant également recours à des parties de piano/claviers suffisamment discrètes ou idéalement placées pour que l'affaire ne vire pas à la fondue bourguignonne. Bien entendu, comme souvent avec ce type de groupes où tout se joue au millimètre près, la production est clinique mais on ne s'en plaindra pas trop, d'autant qu'avec STRAPPING YOUNG LAD officiellement dissous et SCARVE (dont DIVINITY se rapproche pas mal, l'aspect grand public en plus sur un « Lay In The Bed You've Made » ou au démarrage empreint de noirceur de "Monsters Are Real") en sommeil prolongé depuis l'exil en terres suédoises de Dirk Verbeuren et Sylvain Coudret, il y a clairement une place à prendre sur l'échiquier métallique. Vu les moyens techniques et la somme de talents réunis sous la même bannière ici, DIVINITY en a clairement les moyens.
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3 COMMENTAIRE(S)
citer | cglaume 27/08/2010 13:36 | note: 7.5/10 | Je comprends parfaitement pourquoi ce CD plait, et il renferme de très bons titres (« Beg To Consume », « Lay In The Bed You've Made », « Embrace The Uncertain » ou encore « Formless Dimension »), mais il soigne un peu trop la forme au détriment du fond: ça manque d'accroche, ça se perd un peu dans les tortillons, ça manque d'un côté plus organique, et de plus de liant. Sinon, au passage, hormis sur « Embrace The Uncertain », je ne vois pas trop où est Into Eternity là-dedans. Par contre c'est gavé de plans durant qq secondes et ramenant de plein fouet dans le Death des derniers albums (quel mimétisme parfois !). Bref, a le potentiel pour faire encore bcp mieux. Maintenant c'est + une question de feeling qu'autre chose ... |
citer | cglaume 09/05/2010 23:19 | note: 7.5/10 | J'ai pas de pb avec le mp3, quand il vient de petits groupes/labels sans le sou. Par contre quand ça vient de labels établis, fuck !! Content que ça t'ait profité |
citer | En effet une bonne tuerie ce skeud, d'autant plus qu'il est très personnel!!
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3 COMMENTAIRE(S)
27/08/2010 13:36
09/05/2010 23:19
09/05/2010 18:57