On les croyait morts et enterrés mais il faut croire que les Allemands n'avaient pas l'intention de raccrocher. 10 ans après le contesté et contestable
"Necrodynamic" (2001), le combo d'outre Rhin nous revenait en force avec un line-up quasi-inchangé et un son tout droit tiré des plus grandes heures du death mélodique des années 90.
"Five Scars" c'était il y a déjà 7 ans. Avec le départ de Björn Gooßes en 2012 qui préférait se concentrer sur The Very End, on les croyait de nouveau morts et enterrés mais il faut croire que les Allemands n'avaient toujours pas l'intention de raccrocher. Et comme ils n'étaient pas remontés encore assez loin dans leur passé, c'est leur chanteur originel Christian Müller qu'ils sont allé chercher pour reprendre le poste vacant, chanteur qui au final n'avait pas encore signé d'album avec eux. Nous voilà donc quasiment 25 ans en arrière. Arriveront-ils à revenir jusqu'à leur naissance ? C'est ce que la thérapie nous dira. En attendant, "The Last Sunsets" ne nous rajeunit pas.
Bien que né dans le années folles de la scène de Göteborg, Night in Gales n'a jamais vraiment réussi à se faire un nom. Considéré comme un suiveur plutôt qu'un leader, le groupe avait finalement su évoluer vers un style plus personnel, notamment avec
"Nailwork" et
"Necrodynamic" profitant des capacités vocales du grand Björn Gooßes. Leur come-back en 2011 assumait pleinement un retour aux sources tout en conservant une certaine patte reconnaissable par le travail vocal. Étant le seul élément qui les différenciait de la masse, le départ de Björn avait de quoi préoccuper. Quelques années plus tard, nous y voilà. Prenez un zest de mélodie du In Flames de la grande époque et mélangez-le à une bonne dose d'At The Gates et vous aurez une idée de ce qui vous attend ici. A l'exception de la production ultra puissante signée Dan Swanö, "The Last Sunsets" est un album qu'on aurait pu entendre au siècle précédent, proposant un death/thrash mélodique direct et sans fioritures, ni arrangement, ni once de modernité. N'y voyez pas un jugement négatif de ma part, au contraire, les Allemands n'essaient pas d'apporter du relief à leur bébé par de vulgaires artifices et misent sur leur capacité à produire du riff qui déboîte. Sur ce plan, le groupe surprend par l'énergie déployée par ses compositions, que l'on doit notamment au jeu de batterie de l'ami Ricci et la prestation vocale démoniaque de Müller qui a décidément des faux airs de Tompa. Seuls les frères Basten déçoivent un peu sur leur incapacité à nous sortir des solos dignes de ceux de
"Nailwork". Ça manque vraiment.
Côté écriture, le travail est plus contrasté avec tantôt des ambiances froides et malsaines plus ou moins lourdes, tantôt des mélodies plus naïves et lumineuses... S'il est clairement plus générique dans le premier cas, le groupe n'en demeure pas moins plus convaincant que dans le second où le propos sonne souvent hors-sujet ("The Abyss", "Dust and Form"). Les titres les plus forts sont d'ailleurs ceux qui s'y aventurent le moins tels que l'efficace single "The Mortal Soul", l'intro "The Last Sunsets" ou encore les redoutables "The Spears Within" et "Kingdom of the Lost". On peut également regretter cette habitude d'user de fondus pour introduire et terminer leur morceaux ("Circle of Degeneration", "In Pain, In Silence", "Dust and form", "Dark Millenium"). Ce n'est pas nouveau venant de leur part certes, mais cette technique a tendance pour moi à casser le rythme et l'impact des titres, à croire qu'ils ne savent parfois ni comment commencer, ni comment finir...
Je dois avouer que voir Night in Gales jouer de nouveau les seconds couteaux du mélodeath me rend profondément triste et le pire finalement réside dans ce doute que j'ai en leur capacité à retrouver une identité propre. "The Last Sunsets" c'est un peu le "At War with Reality" des Allemands, un album qui sent bon la naphtaline et qui trouvera une résonance toute particulière auprès de ceux qui ont grandi avec l’essor de metal des années 90. De part son manque d'ambition et son côté rétro assumé, on peine à en retenir grand chose mais on passe malgré tout un bon moment à bouger la tête sur ces sonorités de notre enfance. C'est déjà ça.
1 COMMENTAIRE(S)
25/02/2018 22:34
Jamais réellement accroché à Night In Gales cela dit mais je dois avouer qu'il caresse bien dans le sens du poil l'adepte du death mélodique à l'ancienne (sous perfusion At The Gates et Gates Of Ishtar). Petite pique nostalgique "nineties" qui fera effet un court instant, rien de bien mémorable mais une musique qui fait le job (carrée et aguicheuse).