Deadspeak - Plagues Of Sulfur Bound
Chronique
Deadspeak Plagues Of Sulfur Bound
Après s’être révélée il y a trois ans avec le délicieusement régressif
« Dissolve The Dreams » on avait perdu de vue la formation néerlandaise qui s’était faite depuis cette sortie particulièrement silencieuse, et ce malgré un changement de bassiste l’année dernière. Néanmoins cette péripétie n’a pas fait changer le fusil d’épaule du binôme originel qui continue d’évoluer dans un Death/Thrash à l’ancienne particulièrement primitif, où la simplicité côtoie une envie d’en découdre communicative comme de se vider la tête dans les règles de l’art. Du coup nulle surprise n’est à attendre de ce premier album qui va reprendre les choses où l’Ep en était resté précédemment, ce qui conviendra à tout le monde vu qu’on va prendre une bonne baffe durant sept morceaux implacables qui nous renvoient aux grandes heures de la scène de Floride comme de Californie, où l’écriture rudimentaire mais aussi plus dense se côtoient de très bonne façon... même si quelques fois tout cela va se montrer un peu trop ambitieux. Néanmoins rien de rédhibitoire ici mais juste quelques points à améliorer et qui vont être évoqués plus loin dans l’écoute de ce disque, car pour l’instant l’ensemble démarre correctement via « Plagues Of Sulfur Bound » qui bien que mettant un peu de temps à démarrer finit par susciter l’adhésion.
En effet si au départ ça propose la facette la plus lourde et rampante des Bataves (en étant en prime légèrement poussive) l’ensemble va gagner en accroche au moment où ça accélère frontalement, proposant ainsi une vision à la fois très sombre et impénétrable mais aussi virulente et débridée... pile dans l’esprit de ce que proposait la précédente livraison. Du coup pas étonnant que « Parallel Existence » soit encore plus réussi grâce à un dynamisme constant où l’alternance est de mise, et surtout porté sur le mid-tempo remuant à souhait où se greffe quelques blasts bien sentis ponctués de pointes de vitesse comme de ralentissements métronomiques. De fait après ce très bon résultat on pouvait se dire que cela allait continuer dans le bon sens... mais au contraire à vouloir en faire trop les gars vont se perdre un peu en cours de route, il suffit d’écouter « Tidal Disruption » pour s’en apercevoir tant ici ça va partir un peu dans tous les sens, la faute à des longueurs évitables et trop de cassures rythmiques qui font qu’on a du mal à trouver un point de repère où s’accrocher. Si tout est impeccable techniquement un peu plus de sobriété n’aurait pas été de refus... un constat partagé sur l’interminable « Polarisation In Times Of Dispossession » qui va donner la sensation de ne jamais vouloir se terminer, alors que ça renferme pourtant de nombreuses bonnes idées (ambiance cosmique et planante, arpèges froids dans le néant et variations nombreuses). Bref encore une fois à s’éparpiller le trio rate sa cible et il est clair qu’il a de bonnes choses en stock mais que pour l’instant il n’arrive pas à les exploiter correctement, et sans doute que du temps et de la patience supplémentaires seront nécessaire pour exprimer tout cela de bien meilleure façon.
Car actuellement il vaut mieux pour lui rester dans sa zone de confort relativement rudimentaire où il excelle aisément, comme le glauque et court « Knee Deep In Death » va le confirmer, en jouant sur la facette la plus débridée de ses auteurs tant ça tabasse et se montre frontal en ajoutant habilement les quelques variations indispensables pour ne pas lasser. Portée par son entrain communicatif et sa virulence directe cette plage va servir de parfait tremplin à « Into Endless Divinities » tout aussi jouissif et à la noirceur plus marquée de par sa lourdeur intense comme le médium implacable. Et tout ça avant que l’excellentissime « Death Shall Rise » ne vienne clôturer les débats en proposant des accents Thrashy plus marqués où le riffing typiquement Punk côtoie une agressivité plus présente où tous les tempos sont de sortie, afin de montrer que les mecs en ont sous la semelle et que c’est définitivement quand ils proposent ce schéma court à l’écriture dépouillée qu’ils sont les meilleurs.
À ce petit jeu on aura donc compris que bien qu’étant inégal cet opus a quand même de quoi largement satisfaire les fans même les plus exigeants, car c’est toujours agréable de se prendre une bonne dose de brutalité exacerbée et sans prétentions sans avoir à se poser de questions. Et même si ça reste encore cantonné dans la deuxième division de son pays la formation n’a pas à rougir et prouve que son royaume regorge toujours de formations inspirées toujours promptes à répandre la bonne parole comme c’est le cas ici, et qu’il reste à l’heure actuelle parmi les meilleurs éléments du vieux continent. Alors on peut dire à ces messieurs de DEADSPEAK de prendre désormais le relais des vieux briscards locaux, car ils en sont capables s’ils arrivent à gommer ces petites erreurs de jeunesse et plans trop pompeux ou techniques. Si cela est le cas il y a des chances que cela marche pour le futur, donc à eux de ne pas lâcher l’affaire et de rester aux fondamentaux vu qu’ici ces quarante minutes de bon son bien qu’imparfaites passeront quand même aisément et sans difficultés notoires, preuve donc la qualité de cet enregistrement qui a de quoi offrir son lot de headbanging et de cerveaux mis en veille... ce qui n’est finalement pas si mal et même amplement suffisant.
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1 COMMENTAIRE(S)
citer | C'est pas ouf mais j'aime assez la voix du chanteur. C'est plus death que thrash d'ailleurs, sans doute pour ça que j'accroche :-) |
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1 COMMENTAIRE(S)
06/01/2025 17:19