WITCHES, je vois passer ce nom depuis 1994 et la sortie du premier LP «
3.4.1 », je connais la fraternité avec
AGRESSOR, là je découvre que
Sibylle Colin-Tocquaine a chanté pour
SADIST en 1991 mais malgré tout cela je n’avais jamais réellement pris le temps d’écouter la musique des Antibois. Paresse ? Manque de motivation ? A priori infondé ? Publications trop irrégulières pour bien ancrer le nom dans ma courte mémoire ? Difficile de déterminer le pourquoi de cette lacune, aussi est-il temps de combler les trous en parcourant «
The Fates », treize ans après «
7 » et vingt-six après «
3.4.1 ». Tiens, il n’y a pas de chiffres dans l’intitulé… Un signe ? Peut-être, mais un signe de quoi ?
En ce qui concerne le visuel, à part le logo inamovible, le groupe a régulièrement changé de style et si l’on reste ici dans le thème de la forêt, le rendu me paraît déjà bien plus attractif que l’aspect trop synthétique de l’EP «
The Hunt ». En revanche, s’il y a bien quelque chose qui n’est pas synthétique chez
WITCHES, c’est bien son
thrash death metal qui tient largement les comparaisons faites, en général
HOLY MOSES ainsi que
KREATOR, soit plutôt l’influence de l’école allemande. Le rapprochement n’est pas faux, tout en étant néanmoins assez réducteur car les Français s’avèrent moins caricaturaux que le premier et surtout bien plus inspirés que le second, surtout si l’on considère ses dernières sorties en date (me concernant, tout me fait chier depuis
« Endorama » pour être gentil, post
« Renewal » pour être sincère). Quoi qu’il en soit, le truc qui a tout de suite marqué ma découverte, c’est l’aspect extrêmement frontal des compositions. C’est incisif, tranchant, un
thrash radical issu des fournaises les plus chaudes de votre région, à l’image de l’ouverture « We Are » : speedée à outrance, fortement blastée, avec de beaux riffs déliés, techniques, puis, surtout, cette voix incroyable d’agressivité. Je ne dis pas ça parce que c’est une femme qui tient le micro, je le dis justement parce que c’est une femme. En effet, je suis probablement un peu con, voire rétrograde mais les voix féminines dans le
metal extrême, les hurleuses donc, bah il n’y en a pas tant que ça que je trouve intéressantes (ma liste serait tout de même trop longue pour la noter ici). Par exemple,
Alissa White-Gluz, je n’y arrive pas. Je trouve qu’il y a un côté surjoué dans le rôle de l’
alpha woman qui me la rend difficilement supportable, chose que je ne distingue absolument pas dans les vocaux de
Sibylle. Le timbre est maléfique, l’intonation vindicative, la posture affirmée sans emphase superfétatoire.
Comme il se doit, un membre en particulier ne serait rien sans de solides acolytes pour l’accompagner. Ici, l’assise rythmique assurée par
Jonathan Juré (batterie) et
Lienj (basse) est purement impeccable, forte de nombreuses années d’expérience au sein de diverses formations. Aussi à l’aise sur des rythmes qui ne feraient pas tache dans une composition de
black metal (« Black from Sorrow ») que sur du traditionnel échevelé 100% germain, voire en mode
death qui tabasse, la structure musicale n’est jamais prise en défaut et sait s’adapter à tous les terrains, un « Feared and Adored » m’évoquant l’ombre des premiers
MORGOTH («
The Eternal Fall / Resurrection Absurd »), avec une touche plus moderne évidemment, le style de chant me faisant de toute façon rapidement penser aux années 90.
Alors certes, le LP manque un poil de variation mais le trio ne vise pas la démesure : il expose son argumentaire en vingt-neuf minutes, privilégiant les titres courts, l’efficacité et, à ce titre, ne cherche donc pas à remplir outre mesure ses sorties discographiques comme sont parfois tentés de le faire ceux qui produisent rarement. Je préfère donc largement neuf morceaux qui claquent en un temps s’approchant du fameux minimum syndical plutôt que du remplissage inutile avec des fonds de tiroir, des truc mal aboutis mais qui permettent de dire « on a tout donné ». Non merci. Donc oui
WITCHES est probablement condamné à ne jamais s’extraire de l’
underground, à conserver cette aura de formation intègre, authentique mais qui ne percera hélas jamais totalement, sans être dans l’ombre du frère, sans vouloir non plus utiliser sa renommée, c’est brut, pur, anguleux, mal embouché, avec une ligne de conduite qui n’a pas bougé d’un iota depuis 1988. C’est beau, noble, cela mérite le plus grand respect.
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