"We are P.L.F. from Texas, let's fucking grind."
C'est l'une de mes formations Grindcore favorites depuis de nombreuses années, et pourtant... C'est la première fois que j'aborde son cas sur Thrashocore. Notre collègue Niktareum vous en avait déjà touché deux mots, tressant des lauriers bien mérités à
"Crushing Fury of Bastardization", un après sa sortie. Et depuis, plus rien...
Pourtant, il s'en est passé, des choses ! Trois albums de haute-volée, et un changement de line-up de taille, faisant passer
P.L.F. du statut de
"formation sympathique" à celle de
"groupe absolument ultime". Le déclencheur ? Bryan Fajardo, encore lui. Quitte à passer pour une groupie, j'assume. Et je constate ! Avant son arrivée au sein du projet,
Pulverizing Lethal Force (ou
Pretty Little Flower, pour ceux qui suivent le groupe depuis leur split avec Negative Step) souffrait un peu de sa section rythmique, peut-être pas à la hauteur des riffs dantesques de Dave Callier. Non, Frank Faerman n'était pas un mauvais batteur, loin s'en faut - il suffit d'écouter
Cryptic Void pour s'en rendre compte. Simplement, n'importe quel batteur de Grindcore souffrirait de la comparaison avec notre batteur fou préféré...
Troisième
full-length des Texans, paru en 2013 chez Six Weeks Records,
"Devious Persecution and Wholesale Slaughter" est également la première sortie de
P.L.F. avec Bryan Fajardo aux fûts. Une ogive confiée aux bons soins de Garry Brents et Mike BBQ pour le
mix et le
mastering, histoire de lui ajouter quelques kilotonnes au compteur : et Dieu que c'est réussi. 14 titres, moins de 18 minutes, une bonne secouée, administrée dans les règles de l'art par des passionnés. Vraiment, c'est sur ce disque que le potentiel de
P.L.F. se révèle pleinement, amputé de tout ce qui pouvait le retenir de lâcher les chevaux - à l'exception du chant, qui n'a jamais été le point fort de la formation, mais passons... La recette est simple, mais Ô combien efficace : un chapelet de riffs qui tuent, sur une section rythmique implacable, précise au millimètre, pour un résultat décapant, entre violence gratuite et
groove à en faire danser des nonnes.
Pour ne rien gâcher, considérant que l'on est les deux pieds dans le Grindcore, l'album est étonnamment audible. Pas seulement à cause de la production, j'entends. C'est que Dave Callier a nourri son jeu de guitare d'influences diverses, entre l'évident apport du Thrash et les quelques saillies plutôt pétries de Death Metal, ancienne comme nouvelle école. Aussi, ce troisième opus convient aussi bien aux amateurs de feu nourri, qui en auront pour leur monnaie, qu'aux curieux, ceux qui voudraient découvrir un genre tout entier sans attaquer par un versant trop difficile. Oui,
"Devious Persecution and Wholesale Slaughter" est une vraie porte d'entrée, tant sur la discographie fournie du combo Texan, que vers le Grindcore. C'est en tout cas l'une des premières recommandations qui me vient en tête pour les néophytes !
Il m'est assez difficile de trouver quelque chose à reprocher à ce troisième long-jeu, si ce n'est le chant de Dave Callier, assez anecdotique, entre grognements gutturaux et
shrieks pas vraiment convaincants. Pour le reste, rien de superflu, rien à jeter, chaque titre, à sa manière, est ultime. De la fracassante ouverture "Trinitrotoluene Negation", sublimée par cette batterie sous amphétamines, jusqu'aux parties plus "posées" (moins véloces, tout du moins), permettant aux guitares de dispenser des lignes monstrueuses (l'imparable "Grinder of Fools", le Thrash passé à la moulinette Grind de "Up in Flames, Down in a Sea of Bullets "...),
"Devious Persecution and Wholesale Slaughter" est un concentré de tout ce que le Grindcore peut proposer de meilleur. Au-delà de l'efficacité du rendu final, jamais prise en défaut, c'est pas son talent d'écriture que
P.L.F. tire son épingle du jeu. Dave et Bryan ne se contentent pas de proposer une autoroute du blast; Ils construisent leurs compositions autour des riffs, des motifs, dont certains prennent par surprise et provoquent, immanquablement, la grimace, la
stank face (le final de "The Story of Ricky" en est un bon exemple). C'était déjà le cas sur les sorties précédentes, mais c'est encore plus flagrant sur ce disque - voilà, la petite bricole qui fait qu'on en redemande sans cesse.
Probablement séduits l'un par l'autre, Dave Callier et Bryan Fajardo, suite aux excellents retours suscités par
"Devious Persecution and Wholesale Slaughter", continuent encore aujourd'hui à dispenser ce Grindcore abâtardi de Thrash à leurs ouailles. Suivront deux disques, dont nous parlerons sûrement dans un futur plus ou moins proche :
"Ultimate Whirlwind of Incineration", l'année suivante, chez Blastasfuk, toujours aussi efficace bien qu'handicapé par une production brouillonne; et le fantastique
"Jackhammering Deathblow of Nightmarish Trepidation", en 2018, en guise de retour chez Six Weeks Records - ce dernier s'imposant, au fil des écoutes, comme l'apex de la discographie du groupe. En attendant, je considère
"Devious Persecution and Wholesale Slaughter" comme le véritable acte de naissance de
P.L.F., qui aura permis au projet de sortir de la seconde zone pour se retrouver catapulté fer de lance de la scène Grindcore Américaine. À (re)découvrir d'urgence.
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