Alors que les débuts en 1990 sont tonitruants (
« Neverending Destiny »),
Alex Colin-Tocquaine fait déjà table rase : un changement de label d’abord, puisqu’
AGRESSOR passe de
Noise Records à
Black Mark Productions, pas de quoi avoir honte compte tenu du catalogue de ce dernier, puis un renouvellement complet des musiciens l’accompagnant. Adieu
Laurent Luret (basse) et
Thierry Pinck (batterie), la relève est désormais assurée par
Joël Guigou et
Patrick Gibelin, dénichés chez
OUTBURST, ainsi que
Steiphen Gwegwam, de
DEATH POWER. Le résultat ? Trente-six minutes de
death thrash metal technique aussi rapide que brutal qui font basculer la formation dans une tout autre dimension.
Désormais stylistiquement plus proches de
MASSACRA, voire d’un
MORBID ANGEL, les Français radicalisent leur musique pour une démonstration de force encore impressionnante aujourd’hui, en dépit des monstres nés depuis. D’ailleurs, si j’occulte cette illustration dont je n’ai jamais su percer le sens (c’est quoi ? un petit fagot de paille qui passe sous un porche ayant des allures de vulve ? la symbolique m’échappe…), il n’y a pas une seule de ces dix compositions (huit une fois enlevées l’intro et l’outro) qui ne laisse l’auditeur pantois. Pourtant, musicalement, il n’y avait rien à reprocher aux précédents acteurs mais là, la basse est juste dingue (« The Crypt »), l’adjonction d’une seconde guitare permet d’étoffer les riffs et rythmiques en jouant davantage sur l’ubiquité des lignes, apportant une dose de complexité accrue pour un impact majeur. Oui, en 1992 et je n’ai pas peur de le dire,
AGRESSOR est au sommet de la chaîne
death metal aux côtés des plus grands, les légères pointes médiévales de l’ambitieux « Future Past – Eldest Things » (plus de sept minutes) positionnant le groupe sur une terre d’inspiration encore rare qui apporte un peu de grandeur supplémentaire aux ambiances belliqueuses de ce
metal parfait sur tous les plans.
Le final sur la « Turkish March » de Mozart, qui n’est pas sans évoquer ce qu’avait fait
THE GREAT KAT sur son «
Beethoven on Speed » (1990), finit d’inscrire les Antibois comme une formation un peu à part de la scène extrême émergente, son goût pour l’heroic fantasy, ses choix graphiques, tout en affirmant clairement que malgré son attachement à la brutalité (« Primeval Transubstantiation »), l’objectif final est tout autre, il y a une vision musicale à faire vivre qui, quand bien même elle doive passer par l’agression, va au-delà pour, peut-être, se mettre en quête de spiritualité. Quoi qu’il en soit, si jamais vous êtes passés à côté de ce disque (car trop jeunes peut-être) ou si cela fait trop longtemps que vous ne l’avez pas écouté, il est grand temps de se mettre à jour car, avant de parler de
death metal c’est de patrimoine dont il est ici question.
1 COMMENTAIRE(S)
10/12/2024 07:05
J'ai tout aimé, de la pochette à la zique.
A l'époque, être français, c'était un peu la honte en death/thrash.
Puis Agressor, Loudblast, Massacra, Death Power, Catacomb...sont arrivés. Et c'était tout de suite mieux.