In Death... - The Devil Speaks
Chronique
In Death... The Devil Speaks
Pendant longtemps le pays des kangourous a été le porte-drapeau des vétérans du bon vieux Hard-Rock des familles (AC/DC, ROSE TATTOO) et du Black/Thrash le plus épique, cru et énervé (DESTRÖYER 666, GOSPEL OF THE HORNS). Pourtant depuis quelques années celui-ci a fait sa mue en voyant débarquer toute une foule de jeunes loups désireux de rendre hommage aux anciens (AIRBOURNE), de se lancer dans le brutal pur et dur (DISENTOMB, BELLIGERENT INTENT), ou de prendre la voie du Metal plus moderne (THY ART IS MURDER). C’est ce dernier point qu’a choisi le combo de Brisbane qui depuis ses débuts en 2006 oscille entre le Death technique, le Deathcore et le Thrash (le tout avec un son surpuissant dans la lignée des productions actuelles), et aura mis le temps pour sortir son premier album. Car avec une démo et deux EP en une décennie on ne peut pas dire que le quintet soit des plus productifs malgré un line-up des plus stable (seul un changement de guitariste rythmique est intervenu en 2013), mais quand on entend le résultat de cette longue attente on se dit que cela en valait la peine tant on risque d’entendre parler d’eux dans un futur proche.
Car dès les premières secondes de « Malignancy Eradicated » la puissance dégagée saute aux oreilles, ainsi que son riffing légèrement syncopé et typiquement Core, avant que l’ensemble ne se mette en branle pour proposer quelques blasts, des accélérations, un break légèrement tribal, ainsi que des parties remuantes (que l’on retrouvera beaucoup par la suite) et d’autres plus lourdes, qui font la réussite totale de ce titre d’ouverture qui est probablement celui qui propose le plus de variété et de moments rapides, à l’instar de « Bow To Your Master ». Celui-ci montre les références thrashesques de la bande qui sont insérées entre des passages de double massifs, et d’autres plus groovy où l’on se prend à taper du pied joyeusement entre les très bons solos que l’on entend ici et là, et qui eux aussi font preuve d’une grande diversification pour un rendu là-encore imparable. Puis progressivement la galette s’alourdit lentement mais sûrement, en premier lieu avec « The Pitfalls Of Immortality » où après un démarrage assez tribal on se retrouve pris à headbanguer durant près de cinq minutes entre les accélérations brutales et les rythmiques syncopées (qui renforcent ce sentiment d’écrasement), sur fond de double ultra-carrée et précise. S’ensuit après cela un triptyque de haute volée qui démarre avec « Every Burial » où après un début en fanfare et express la dynamique va rester au sommet, même si le morceau va gagner en technique et en pesanteur grâce à un riffing façon mur du son, et une batterie tout en variations et en groove qui amène plus d’accroche et une absence de linéarité. Avec « Godzilla » retour à plus de vitesse et à même quelques blasts salvateurs, au milieu d’un océan de guitares massives et d’un tempo général qui lorgne majoritairement vers le mid, tout comme avec l’excellent « Fuck Your Kind » qui donne encore plus envie de se dandiner et qui comprend pas mal de cassures pour éviter la monotonie. Celle-ci ne risque pas d’arriver tant encore une fois Ben McKay derrière son kit se montre audacieux et impressionnant de facilité et permet à ses compères de pousser leur musique vers le haut, notamment au moment de l’arrivée bienvenue du morceau-titre instrumental (qui n’apporte pas grand-chose au final).
On s’aperçoit ici que la prestation du frappeur offre une bouffée d’oxygène à l’ensemble de ses équipiers, puisqu’il faut bien reconnaître que la paire Brian Page et Ray Temperley a tendance à ressortir assez souvent les mêmes plans et idées, tout comme le chant (certes puissant et implacable) de Kell Pressnell qui ne varie pas des masses et qui garde la même tonalité tout du long, comme on s’en apercevra sur « King Of The Deadpool » qui clôt les débats en offrant un condensé agréable de ce qu’on a pu entendre auparavant. Malgré ses quelques petites fautes de goût les Australiens rendent une copie propre et qui passe très bien le cap des multiples écoutes (grâce notamment à une durée parfaite qui permet de conserver une oreille attentive), et qu’on aura plaisir à ressortir régulièrement tant ce disque se révèle agréable et réussi.
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