Deathawaits - Rapture Smites
Chronique
Deathawaits Rapture Smites
Après deux premiers albums encore un peu immatures mais pas mauvais en soi le combo lyonnais avait clairement franchi un cap en 2017 avec le très bon
« Solve Coagula », qui voyait son Deathcore des débuts s’estomper progressivement afin de laisser place à un Death/Thrash légèrement mélodique mais aux influences Coreuses toujours présentes. Cependant après la sortie de ce long-format l’heure fut aux grandes manœuvres en interne vu que pas moins de trois membres ont quitté le navire, laissant ainsi au chanteur Florian Garrigue et au guitariste Jordan Bonnevialle le soin de continuer l’aventure. Ayant depuis trouvé les remplaçants recherchés (dont notamment le frère de ce dernier à la batterie), DEATHAWAITS désormais au complet avec une nouvelle équipe comptait bien prouver aux mauvaises langues que ces mouvements n’auraient pas d’impact sur la musique proposée. On pouvait donc légitimement se demander si l’orientation prise sur le précédent opus allait continuer ou si l’influence des nouveaux venus créerait ainsi une autre évolution (ceux-ci venant aussi bien du Thrash que du Heavy), vu que le groupe avait connu une relative stabilité durant pas mal d’années.
Et le moins que l’on puisse dire c’est que techniquement il est encore monté d’un cran, car on s’en aperçoit dès les premières secondes du rythmé et alambiqué « Barbaric Decadence ». Si la vitesse est mise un peu de côté elle est compensée par des passages Hardcore imposants et massifs ponctués de courtes cassures, et d’accélérations de toutes sortes afin de densifier l’ensemble. Plus moderne encore dans son approche on se rend compte que la musique des Rhodaniens va miser majoritairement sur la lourdeur, au détriment d’une explosivité qui se fait moins flagrante (sans doute lié à l’apport des recrues). Car outre un jeu sur les guitares plus consistant et travaillé c’est surtout le frappeur qui impressionne par son jeu groovy ultra-précis et diversifié, aidé par de nombreuses variations de toutes formes. Cela va d’ailleurs s’entendre plus fortement sur l’écrasant « Loot Thy Neighbour » qui reprend le même schéma qu’entendu précédemment, tout en étant alourdi davantage via quelques courts et rares hammerblasts (histoire de prouver que la bande n’a rien perdu de sa brutalité). Pourtant si le résultat est là-encore à la hauteur on remarque cependant une tendance à étirer les morceaux de façon un peu trop soutenue, car ces deux-là dépassent chacun les cinq minutes (une moyenne que l’on retrouvera tout du long), chose que l’on perçoit une fois encore dès le suivant intitulé « Better Think Twice ». Toujours dans le même esprit les longues plages écrasantes restent majoritaires, ponctuées de parties endiablées efficaces mais très discrètes, même si le rendu est toujours impeccable et puissant.
Heureusement par la suite les débats vont s’équilibrer, voire même gagner en rapidité sans pour autant départir de la ligne de conduite fixée initialement, preuve en est d’abord avec « Trumpeting Butchery – Part I » particulièrement remuant et entraînant, via un tempo qui monte en pression durant une période plus importante. Si le tout pèse encore une tonne l’explosivité est ici prépondérante, et confirme que même dans cette configuration les gars restent créatifs et inspirés, à l’instar de « Circling The Drain » plus direct et rentre-dedans (où le grand-écart est de sortie de façon homogène). D’ailleurs les forces continuent de jouer sur un même pied d’égalité avec les très bons « Trumpeting Butchery – Part III » (qui enchaîne dans la foulée de l’interlude mélodieux) et « Evergreen House », qui passent facilement même si on finit par avoir la sensation d’une certaine répétition, car les plans et la construction globale peuvent finir à force par se ressembler. Cependant ceci n’est qu’un défaut mineur vu que la fluidité de l’ensemble reste toujours présente, malgré une technicité que ne cesse de s’élever progressivement (ceci verra d’ailleurs son apogée sur la doublette de fin avec une certaine réussite). En effet on trouve dans « Shrine Of Mediocrity » des parties plus élaborées et recherchées, car si la diversité des rythmes est de mise on y voit également l’apport de passages Jazz et Prog’ barrés et improbables, et où des notes acoustiques retentissent en arrière-plan. Si on est durant certains instants à la limite du décrochage et du trop-plein, il faut souligner l’intelligence de ses géniteurs qui évitent justement de tomber dans ce piège qui aurait pu été fatal à l’ensemble de cette composition, à l’instar de « Karmageddon » qui clôt les hostilités de la meilleure des manières. Séparé en trois parties distinctes il voit ses extrémités être marquées du sceau du groove et de l’écrasement (notamment via un riffing imparable), avant qu’en son centre ne retentisse un tabassage en règle ponctué de cassures notables, permettant donc d’offrir un ultime condensé du savoir-faire de ses créateurs, qui réussissent parfaitement leur première sous cette nouvelle mouture. On ne peut que saluer effectivement la qualité de l’écriture qui s’est encore améliorée, et la grosse intensité proposée par le personnel ancien comme récent, confirmant qu’ils ont atteint ensemble une vraie maturité artistique.
Si on peut reprocher au disque une durée générale légèrement excessive, ainsi qu’une production un peu trop synthétique (notamment la batterie au rendu très plastique), il n’en reste pas moins que cette quatrième livraison est la plus aboutie et diversifiée jamais faite par le hurleur en chef (désormais seul rescapé du line-up originel) et ses camarades de jeu. Sans renier leurs origines et fondamentaux ils ont réussi à créer un mélange intéressant et affirmé, où le sang-neuf récemment insufflé se révèle être des plus bénéfiques. Continuant son petit bonhomme de chemin contre vents et marées malgré les turpitudes (le bassiste ayant quitté l’aventure peu après le passage en studio), l’entité nous offre un cru 2019 des plus agréables, et qui brisera les nuques les plus résistantes. Et même s’il ne marquera pas l’année de son empreinte il mérite quand même largement d’être écouté tant le travail effectué en amont y est recherché, et l’on y sent bien l’abnégation et la motivation du binôme restant qui a fait de ses départs en série une force dont tout le monde est sorti grandi.
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