Black Fast - Spectre of Ruin
Chronique
Black Fast Spectre of Ruin
« Cloak of Lies » commence immédiatement par le premier couplet et nous plonge d’emblée dans l’atmosphère unique de l’album. Dès lors, la tension monte progressivement et les choses deviennent rapidement étouffantes: un deuxième riff vient faire lourdement peser l’ambiance dès les trente premières secondes. De ce fait, le morceau n’a de cesse d’alterner entre accords dissonants, présents pour fixer une ambiance, et les riffs plus efficaces, qui se démarquent du reste car ils sont bien plus courts et plus incisifs que les premiers. La rythmique de la chanson est bien la même partout: on ne compte que deux ruptures, vers la fin. Cette même impression de linéarité décrit très bien l’album puisqu’on la retrouve absolument partout, dans tous les autres titres, essayant de décliner les différentes ambiances. La structure, aussi, est la même: ne vous attendez pas à retenir un main riff mémorable car il n’y en aura pas. Tout a été tronqué, comme si le groupe voulait garder le strict minimum de sa musique. D’ailleurs, vous ne retiendrez pas grand-chose en terme de riffing pur. Peut-être, au hasard, celui qui marque la fin de « Cloak of Lies », lors du break? Possible, car il s’agit sans doute là du meilleur riff de tout l’album. Il fonctionne grâce à une alchimie rudement efficace lorsqu’elle est maîtrisée: répétitivité et simplicité. Dans le premier cas, on pourrait se passer le riff en boucle sans s’en lasser, ni sans même trouver de « fin » convenable tant il boucle bien sur lui-même. Dans le deuxième cas, la complexité s’oppose souvent à l’efficacité d’une mélodie. Ici, le génie de la composition repose surtout sur le fait que ce riff ne contienne que deux notes. Oui, deux notes. Pour un ending d’une minute. Alors que les mots peuvent trahir un certain ennui qui grandit dans votre tête au fur et à mesure que vous vous l’imaginez (dans le cas où vous n’auriez pas encore écouté l’album), ce riff bien spécial révèle une chose forte intéressante: Black Fast ne peut pas se passer de sa rythmique chérie qui démarque complètement la musique du groupe de celle de tous les autres de son genre. En effet, ce riff de fin est extrêmement rythmique, avec une répétition saccadée et bien précise de la note de la corde à vide mise à l’octave supérieur (la case du manche de guitare où y a deux marqueurs au lieu d’un, la douzième) qui donne une efficacité sans pareils à la chose.
« Cloak of Lies » commence immédiatement par le premier couplet et nous plonge d’emblée dans l’atmosphère unique de l’album. Dès lors, la tension monte progressivement et les choses deviennent rapidement étouffantes: un deuxième riff vient faire lourdement peser l’ambiance dès les trente premières secondes. De ce fait, le morceau n’a de cesse d’alterner entre accords dissonants, présents pour fixer une ambiance, et les riffs plus efficaces, qui se démarquent du reste car ils sont bien plus courts et plus incisifs que les premiers. La rythmique de la chanson est bien la même partout: on ne compte que deux ruptures, vers la fin. Cette même impression de linéarité décrit très bien l’album puisqu’on la retrouve absolument partout, dans tous les autres titres, essayant de décliner les différentes ambiances. La structure, aussi, est la même: ne vous attendez pas à retenir un main riff mémorable car il n’y en aura pas. Tout a été tronqué, comme si le groupe voulait garder le strict minimum de sa musique. D’ailleurs, vous ne retiendrez pas grand-chose en terme de riffing pur. Peut-être, au hasard, celui qui marque la fin de « Cloak of Lies », lors du break? Possible, car il s’agit sans doute là du meilleur riff de tout l’album. Il fonctionne grâce à une alchimie rudement efficace lorsqu’elle est maîtrisée: répétitivité et simplicité. Dans le premier cas, on pourrait se passer le riff en boucle sans s’en lasser, ni sans même trouver de « fin » convenable tant il boucle bien sur lui-même. Dans le deuxième cas, la complexité s’oppose souvent à l’efficacité d’une mélodie. Ici, le génie de la composition repose surtout sur le fait que ce riff ne contienne que deux notes. Oui, deux notes. Pour un ending d’une minute. Alors que les mots peuvent trahir un certain ennui qui grandit dans votre tête au fur et à mesure que vous vous l’imaginez (dans le cas où vous n’auriez pas encore écouté l’album), ce riff bien spécial révèle une chose forte intéressante: Black Fast ne peut pas se passer de sa rythmique chérie qui démarque complètement la musique du groupe de celle de tous les autres de son genre. En effet, ce riff de fin est extrêmement rythmique, avec une répétition saccadée et bien précise de la note de la corde à vide mise à l’octave supérieur (la case du manche de guitare où y a deux marqueurs au lieu d’un, la douzième) qui donne une efficacité sans pareils à la chose.
Et si je m’attarde tant sur ce riff bien particulier, c’est parce qu’on le retrouve quelque fois au cours de notre écoute: on en a déjà un, moins travaillé, toujours dans l’opener mais bien avant le break, et on en trouve un autre notable dans « Mist of Ruin ». Certains riffs, plus dissonants, se démarqueront également, comme dans ceux de « Famine Angel » mais où la rythmique bien calculée fait toute la beauté de la chose, une fois de plus. De manière plus générale, les derniers morceaux se font plus chaotiques et plus agressifs et on constate alors la chose suivante: « Spectre of Ruin » est un album qui se ne contente pas de nous apporter du thrash progressif différent de ce qui se fait d’habitude. Il teste, il expérimente, bref il honore sur tous les plans la mentions « progressif » de son étiquette. Cet album est un véritable laboratoire d’expérimentation, comme si le groupe n’avait finalement souhaité composer qu’une seule piste mais, n’étant jamais satisfait pleinement du résultat, il s’était acharné à la décliner sous différentes formes… Car cet album, bien que dense, finit par se ressembler: les morceaux sont bâtis de la même manière, dans le même état d’esprit et toujours avec la même rythmique – parfois, le même tempo. On est alors perdu dans une tempête, ne sachant plus où aller ni quoi faire et qui est la plus brute possible, pour ressembler aux éléments de la nature: pas d’intro, pas d’outro, seulement de longs accords mis en boucle avec parfois, des soli déjantés, fous ou bâtis en harmonie dissonante. Une tempête des plus naturelles, qui nous déroute dans ce monde où tout se ressemble.
Et cette tempête s’assombrit encore et encore, au fil de l’écoute: si « Cloak of Lies » contient un bon nombre d’éléments mémorables et si le titre suivant « Silhouette Usurper » restera dans la mémoire grâce à ses riffs mineurs mélodiques semblables à ceux d’un groupe de black, le disque plonge lentement dans la folie au fur et à mesure de l’écoute. « Scarecrow and Spectre » reste encore très similaire aux précédents titres mais on note que même les mélodies, maintenant, ont disparues. Le chant se met également en retrait, au profit de longues instrumentales pouvant s’apparenter à des accalmies. « Phantom I Am » marque une première rupture avec une atmosphère plus oppressante et plus lourde, « Mist of Ruin » se plonge dans le chaos avec notamment son solo au tapping sorti de nul part et « Crescent Aberration », qui se fait plus agressif qu’autre chose.
Difficile de dire d’autre chose de plus sur cet album. Car, et c’est là où tout le paradoxe repose, bien qu’on puisse en tirer une multitude de sensations remarquables, on en aura bien vite fait le tour si on ne se concentre que sur le riffing et sur la technique pur. Alors oui: là où Black Fast peut en décevoir certains de par une composition plus simplifiée, il pourra se révéler comme étant une tempête frappant en plein visage pour quiconque prêtant une attention toute particulière aux sensations et aux émotions que le disque peut procurer. A vous de choisir. Moi? Je suis dans la deuxième catégorie. De Black Fast, je n’attendais pas grand chose, si ce n’est une pâle copie de Vektor comme j’ai pu le lire ailleurs. Mais quel est ce Black Fast que ces gens ont écouté? Le mien ne ressemble en aucun point à la formation de Pennsylvanie. Il n’y a pas cette agressivité, cette voix si étrange, ces riffings techniques, non: ce n’est pas ce que veux Black Fast. Ce qu’il veut, c’est quelque chose qu’on ne retrouve nulle part dans un groupe de son genre. Il veut nous transmettre des émotions bien spéciales, indescriptibles, au travers de paroles pessimistes et apocalyptiques, une atmosphère unique que l’on pourrait parfois comparer à celles que l’on peut retrouver dans les formations de black. Vous aurez toujours des soli bien techniques et quelques riffs à apprécier, comme je l’ai déjà mentionné – après tout, on reste dans du thrash, ne l’oublions pas – mais si ce « Spectre of Ruin » est mon AOTY, c’est bien parce qu’il a su me marquer par l’ambiance unique qu’il pose, loin devant tous ces groupes de thrash qui ne se contentent que de riffs plus ou moins efficaces pour nous prouver leur talent. Black Fast se débarrasse de tout ça: il n’y a qu’une seule technique de riffing, du tremolo picking, un seul tempo (presque le même tout l’album) et un seul type de chant. Mais en revanche, des ambiances, oh il y en a plusieurs. Et même s’il peut parfois être compliqué de toutes bien les dissocier, elles sont bien présentes, bien marquantes, frappant en plein visage, nous entraînant dans les tourments de l’apocalypse.
Peut-être vous lasserez-vous de ce disque car ce n’est pas ce à quoi vous vous attendrez venant d’un groupe de sci-fi thrash ou peut-être en tomberez vous, comme moi, amoureux, de par l’aura si unique qu’il dégage, que le groupe a toujours travaillée depuis ses débuts et qu’ils portent désormais à maturation, comme on a pu le constater avec Skeletonwitch cette même année.
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