Je ne pense pas que ce soit trop la peine de revenir sur la fin de
SLAYER, de toute façon il y a déjà des rumeurs de reformation avec une possible tournée européenne, l’histoire se répète donc inlassablement, encore et encore, quel que soit le groupe. Cela dit, cet arrêt n’a pas signifié une cessation d’activité musicale,
Kerry King n’ayant pas attendu bien longtemps avant de remonter un groupe, à son nom, entouré de quelques gars sûrs :
Paul Bostaph à la batterie,
Phil Demmel à la deuxième guitare,
Kyle Sanders à la basse et enfin
Mark Osegueda au chant. Que des pointures au CV tellement long que j’ai la flemme de tout énumérer mais, quelque part, l’appellation « super groupe » semble méritée.
Au regard de la pochette et de l’intitulé de l’album, nous imaginons aisément que le père
King va rester fidèle à ce bon vieux
thrash metal qu’il a si largement contribué à créer et populariser, personne ne s’attendait vraiment à ce qu’il en soit autrement de toute façon. En revanche, après l’écoute de ces treize compositions, je regrette un peu que l’ombre de son ancienne formation soit si prégnante. Par comparaison, si je prends le cas de
Dave Lombardo au moment de son départ, il a fondé
GRIP INC. et torché l’un des meilleurs albums de
thrash de l’année 1995 (
« The Power of Inner Strength ») sans chercher à pomper ce qu’il jouait avant. C’était différent, même mieux au regard des disques qui suivront (et ce même si j’apprécie
« Divine Intervention »). Là, le défaut principal selon moi de ce «
From Hell I Rise », c’est à la fois de trop singer
SLAYER et, surtout, de mal le faire.
Il y a le riffing, mais sans le malsain. Il y a le timbre vocal mais sans l’aura pleine de soufre. Il y a les rythmiques saccadées, mais elles sonnent convenues, prévisibles. Par conséquent, je les trouve longues ces quarante-six minutes et ce dès l’ouverture instrumentale qu’est « Diablo », trop mollassonne, critique que je pourrais d’ailleurs faire à l’encontre de nombreux autres titres du type « Trophies of the Tyrant ». Même les solos me semblent bien trop construits, écrits alors que ce que l’on aimait c’était justement quand ça dérapait de partout, même si cela suscitait parfois les quolibets.
Vous pourrez toujours me dire que «
ce n’est pas SLAYER, c’est KERRY KING », il reste qu’une ambiance telle que « Tension » ou encore le riff de « Toxic », si ça ne porte pas la signature du roi du
Big Four, je n’y connais rien. Il faut dire que la voix d’
Osegueda n’aide pas vraiment non plus à faire le deuil tant il adopte des mimiques arayesques où je peine parfois à reconnaître le merveilleux chanteur de
DEATH ANGEL. Quant à
Bostaph, il n’y a pas grand-chose à dire de sa performance, il est clairement moins percutant, je l’imagine trop contraint pas des mid-tempos à foison qui ne lui laissent que peu l’occasion de laisser parler la double. Dommage évidemment. Alors, mauvais album ?
Par souci d’objectivité, il faudrait séparer les carrières et considérer ce premier jet indépendamment de tout ce que ces musiciens ont pu jouer avant. C’est difficile, tout du moins ça l’est parce que
KERRY KING embrouille les cartes et que son positionnement manque de lisibilité. Le groupe porte trop la marque de son créateur, jusque dans ses penchants
punk, à l’image du poussif « Two Fists » où l’on entend bien que la graisse a définitivement envahi les artères de l’inspiration. Et même quand la musique se fait méchante, comme sur « Rage », je regrette encore et toujours de ne pas entendre davantage la patte des autres groupes légendaires dont les musiciens sont issus. Ainsi, j’aurais adoré ouïr des plans plus
groove hérités de
HELLYEAH ou de
MACHINE HEAD, des instants davantage travaillés à la
FORBIDDEN ou
heavy façon
OVERKILL mais peut-être que la personnalité de
KK a étouffé celle des autres, peut-être aussi qu’ils sont interprètes et non compositeurs dans leurs autres formations respectives… Mais quand bien même mon cerveau parviendrait à occulter le passé de chacun pour ne se focaliser que sur le
thrash metal proposé ici, il n’en enregistrerait presque rien. Je n’entends pas de compositions fortes, qui se retiennent durablement et, surtout, immédiatement. Je veux dire, tu écoutes une seule fois le riff introductif de « South of Heaven » ou « War Ensemble » (pour ne citer qu’eux, il y en aurait trop), ça y est, il est gravé à vie dans ta mémoire, même si tu ne réécoutes pas le skeud pendant dix ans, ça te revient direct à la première note. Là, non. Rien. Une collection de chansons ersatz, qui sonnent comme autant de chutes de studios, de plans B qui traînent dans les armoires à baffes depuis des années sans jamais trouver preneur et qui me font conclure que
Kerry King en solo, ce n’est pas
SLAYER, de même que ce dernier ne serait plus lui-même sans le premier.
Alors certes, la sortie est honnête, il y a le talent, le savoir-faire, mais l’ensemble me paraît tellement en deçà des capacités de ses géniteurs que je ne peux que ressentir une pointe acérée de frustration, pointe qui s’émoussera avec le temps et des disques de meilleure facture ou qui finira par m’ôter le dernier petit intérêt que je porte à cette fin de carrière.
3 COMMENTAIRE(S)
03/08/2024 14:22
Je trouve la note de la chronique très indulgente.
Ce genre de thrash qui se veut bourrin et rapide, ça n’a aucune envergure s’il n’y a pas des riffs bien agressifs et entraînants, des riffs qu’on retient ou un petit passage sur un morceau qui donne envie de coller un taquet à ton voisin dans le pit.
Là c’est simple, tout est à chier :
-Les lignes de guitare, d’une platitude abyssale, sans aucune imagination, n’importe quel groupe de septième ou huitième rang peut faire bien mieux. C’est vraiment vraiment mauvais. On demande pas des riffs ultra techniques, mais que ce soit un minimum recherché, là c’est du foutage de gueule.
-Le chant d’Osegueda, il fait ce qu’il peut pour donner un peu de patate mais ça marche pas.
-La production d’une banalité confondante, avec comme d’habitude avec Bostaph un mix qui manque de finesse et de définition. Son jeu est lui aussi d’une banalité sombre. J’ai toujours trouvé Bostaph monstrueux sur God Hates Us All et Divine Intervention, donc dans des registres où il peut apporter son groove et son sens de la nuance. Quand il faut bourriner non stop il devient un batteur lambda de thrash pour moi.
-Les paroles, d’habitude je m’en tape mais là elles sont tellement niaises que ça saute aux oreilles sans qu’on ait rien demandé, mention spéciale au morceau « Toxic » pour ça, Angèle c’est presque mieux écrit, c’est dire.
-Même la pochette est dégueulasse
Si je suis honnête j’admets qu’il y a deux trois solos sympas, et Osegueds a au moins le mérite d’essayer, il faut le souligner, mais c’est tout.
1,5/10 pour moi, un véritable étron fumant. J’avais pas entendu un aussi mauvais album de thrash depuis longtemps.
Véridique, après cette merde, je me suis passé Tortured Existence de Demolition Hammer et Solstice pour me détendre tant mes oreilles avaient souffert.
Je précise que le 1.5/10 n'est là en aucun cas pour le faire exprès, je pense réellement qu'il n'y a rien à sauver dans cette bouse intersidérale.
30/07/2024 14:08
Quand on dit que la vieillesse est un naufrage... Next...
30/07/2024 12:59