Quand un groupe reconnu qui n’a jusqu’alors sorti que des albums publie un EP, je trouve cela un peu suspect. Demandez à vos potes musiciens qui gratouillent des guitares dans la cave de leur pavillon, leur rêve ultime, c’est de sortir un album, pas de faire un EP. Contemplez votre collection de disques, combien d’EP dans votre top ten? Vraiment, le format court de l’EP, on le choisit par défaut quand on manque de moyens ou d’idées pour faire un album.
Quand
LAMB OF GOD publie le premier EP de sa longue carrière en 2016, il y a quelque chose qui cloche. Certes le dernier album,
VII : Sturm Und Drang est paru dix huit mois auparavant et il est encore un peu tôt pour lui donner une suite (les yankees observant plutôt un intervalle de trois ans entre deux opus), mais le quatuor n’a jamais sorti un seul EP, y compris dans la période de vache maigre de BURN THE PRIEST. Qu’est-ce qui a bien pu les décider ?
L’histoire de l’EP,
The Duke c’est l’histoire de la chanson titre. Elle a été écrite par Randy Blythe en hommage à un fan mort d’une leucémie à 35 ans. Si vous êtes intéressés, le chanteur raconte l’histoire en détails sur
le site web de LAMB OF GOD. En synthèse pour les feignants : ce gars, Wayne se fait dédicacer une chanson par un pote pendant un concert, Randy Blythe le rencontre après le set, ils discutent et font quelques selfies. Wayne se fait hospitaliser pour soigner son cancer mais après trois ans de traitement infructueux il décide de laisser tomber et rentre chez lui pour mourir au milieu des siens. Il recontacte Randy qui est en train d’enregistrer
VII : Sturm Und Drang, le chanteur vraiment ému par cette histoire propose à Wayne d’écrire un texte qui pourrait figurer dans une chanson de LAMB OF GOD. Malheureusement, le garçon meurt avant d’avoir mené le projet à son terme. Randy Blythe décide donc d’écrire à son tour une chanson inspirée des échanges qu’il a eus avec Wayne. Une chanson à la fois triste et optimiste que le blond frontman interprète dans un émouvant mélange de chant clair et de screaming un peu moins énervé que d’habitude. Oh, rassurez-vous, on est plus proche de la prestation de Peter Dolving sur
RevolverR que des atermoiements mièvres à la KILLSWITCH ENGAGE. Le titre est une vraie réussite, les paroles sont bien choisies et le recours au chant clair révèle une facette jusqu’alors inédite de la palette de Randy Blythe. Musicalement parlant, les compos ne sont pas d’une originalité folle. C’est du classique de chez classique, jusqu’au petit solo de gratte d’une banalité à pleurer. Heureusement, le titre n’est pas mixé comme les gros parpaings habituels de LOG. La sonorité naturelle, organique, donne à ce titre une coloration particulière, vraiment très éloignée de ce à quoi le gang nous a habitués. C’est pour cette raison que le morceau, enregistré lors des sessions de
VII : Sturm Und Drang, ne figure pas sur l’album. Le groupe a pensé qu’il ne s’intégrait pas dans la tracklist et qu’il y arriverait comme une couille dans le potage. Voila pourquoi “The Duke”, remisé pendant dix huit mois, bénéficie d’une sortie sur un EP dédié.
Oui mais voila, un EP, ce n’est pas juste une chanson, et pour garnir la galette, le gang a choisi quatre compagnons de route qui s’ajustent aussi mal à la chanson titre qu’une verrue sur le cul de Miss Univers. Il y a d’abord “Culling” un inédit sans envergure dont le seul intérêt est de souligner la spécificité de “The Duke”. “Culling” ne jurerait sur aucun des albums de LAMB OF GOD tant le titre est passe-partout. Viennent ensuite trois enregistrements live d’extraits du dernier album réalisés au Rock Am Ring et à Bonaroo pendant la tournée
VII : Sturm Und Drang. Ces chansons nous rappellent que c’est sur scène que le groupe prend tout son sens, quand il vomit sa colère devant un parterre de metalleux en sueur.
Il n’y a rien de honteux sur
The Duke mais l’assemblage bancal de la tracklist laisse dubitatif sur les intentions du groupe. Moitié fan service, moitié disque promotionnel pour montrer aux tourneurs et aux radios que le groupe a une actualité,
The Duke est l’archétype d’un EP raté.
3 COMMENTAIRE(S)
24/04/2017 19:23
Je suis d'accord avec toi et peut-être suis-je allé un peu vite en besogne dans mon explication.
Je pense aussi que l'EP peut servir de support à une hypothèse musicale qui n'a pas sa place sur un album du groupe. Le problème de The Duke c'est qu'il s'arrête en chemin. Il y a la chanson titre qui propose une alternative vraiment inédite dans le parcours de Lamb Of God mais le reste du disque n'est que du remplissage sans grand intérêt. J'aurais plus accroché s'ils avaient tenté d'autres compos de la même veine que "The Duke".
Pas écouté l'EP (et pas du tout envie). Je parlais plus du format EP globalement. Mais effectivement, si le groupe a fait de la merde sur cet EP ...
24/04/2017 17:32
Je suis d'accord avec toi et peut-être suis-je allé un peu vite en besogne dans mon explication.
Je pense aussi que l'EP peut servir de support à une hypothèse musicale qui n'a pas sa place sur un album du groupe. Le problème de The Duke c'est qu'il s'arrête en chemin. Il y a la chanson titre qui propose une alternative vraiment inédite dans le parcours de Lamb Of God mais le reste du disque n'est que du remplissage sans grand intérêt. J'aurais plus accroché s'ils avaient tenté d'autres compos de la même veine que "The Duke".
24/04/2017 13:32