C’est rare, mais j’ai quasiment dû reprendre l’intégralité de ma chronique initiale rédigée pour ce deuxième album des Allemands de
SURGICAL STRIKE. Peut-être avais-je été trop vite en besogne, il se trouva donc que les mots premièrement employés à leur encontre me semblèrent bien durs alors que je me relisais en réécoutant «
24/7 Hate ». Je pense que le fait de savoir que le groupe a été fondé en 1993 et qu’il lui a fallu attendre 2016 pour accoucher de son premier EP («
V-II-XII »), puis un album quatre ans plus tard («
Part of a Sick World »), jusqu’à notre rencontre en 2024, cela m’a fait espérer quelque chose d’exceptionnel, un joyau perdu craché du fin fond de l’
underground, une expectoration diabolique venue des abysses et que les premières écoutes m’ont mis face à la dure réalité d’un
nein franc.
J’ai initialement trouvé ces quarante-cinq minutes poussives pour du
thrash germanique influencé par
EXODUS,
KREATOR et
DESTRUCTION alors que j’entendais davantage une musique en excès pondéral, le combo
pils +
wurst. C’était un jugement bien rude, voire un brin excessif sur les bords, je le conçois humblement d’autant que plus je me contraignais à me repencher sur l’album, plus j’y discernais un jeu solide (« Alienated » par exemple) ainsi qu’une dimension
power speed metal qui m’avait échappé au début.
Certes, ces onze compositions n’ont pas même le charme de l’ancienneté, la bande pratiquant un style résolument moderne, tant dans sa production que dans son
riffing, honnête et entraînant. Il demeure pourtant une pointe de déception relative à la désillusion de ne pas avoir mis la main sur une perle d’antan enfin révélée au grand jour, déception qui sera peu à peu gommée par la grande qualité des solos, clairement inscrit dans un esprit
heavy metal, ou encore les quelques tentatives de muscler considérablement le jeu (« Rose War »). Quant au reste, nous sommes face à un pur
heavy thrash teuton, avec ce qu’il peut avoir de caricatural mais également de qualitatif : carré, sérieux, appliqué, propre.
Je ne serai donc pas surpris que dans cette niche musicale,
SURGICAL STRIKE trouve preneur, quand bien même l’on n’y entendrait pas la verve des fleurons que sont
TANKARD,
DESPAIR,
SODOM, etc., ce qui est finalement assez logique. Le contraire aurait été l’épiphénomène qu’on ne rencontre que quelques fois dans sa vie, aussi rare que mes chances de faire craquer une Scarlett Johansson que j’aurais croisée par hasard au PMU en train de gratter un Banco devant un blanc sec.
Cependant, en dépit d’une nette amélioration de mon opinion originelle, la question de la place que pourrait occuper le quintette dans le panorama métallique actuel se pose. En jouant la carte du moderne, il se prive de la possibilité de prendre place dans les rangs de la vieille école mais son
thrash est également encore trop proche de l’
apfelstrudel pour venir concurrencer les jeunes pousses qui ont faim. Il ne faudrait pourtant pas grand-chose pour changer la donne : raccourcir un peu le tout, supprimer les incartades plus mélodiques (« Sorrow of War II »), cela aura déjà de la valeur. Et puis il faut aussi savoir se réjouir pour un groupe qui parvient enfin à sortir de son trou après des années d’abnégation, qui trouve un label où son nom sera accolé dans le catalogue à ceux de
WALTARI,
GRAVE DIGGER ou
RAGE, en tant que musicien nous nous doutons qu’il y a de quoi être refait.
Il demeure que malgré toute ma bonne volonté, les compositions ne me touchent pas et à moins d’être un féru indécrottable de ce genre, les chances de s’enthousiasmer pour cette sortie restent somme toute assez minces, le LP ne tenant hélas pas les promesses d’une haine vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept. On se dit rendez-vous dans quatre ans ?
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