Exodus, Exmortem, Exhumed, Excruciate, Exulcerate, Exmortus, le metal collectionne les ex aussi bien que Joey Tribbiani. Après avoir massacré le Vatican deux ans auparavant, Exhorder (et son horrible logo à poil) revient pour imposer sa loi avec un
The Law toujours aussi burné mais proposant une facette plus variée du gang de la Nouvelle Orléans. Ce
The Law à la pochette encore plus moche que celle de
Slaughter In The Vatican sera le dernier témoignage audio du groupe qui splittera par la suite...pour se reformer en 2008! Quand on vous dit que les reformations sont à la mode!
Exhorder est un groupe typique et précurseur du thrash des 90s, puissant et brutal mais agrémenté d'une bonne dose de groove et de mid-tempo au dépend du chucka-chuka qui aura marqué la décennie précédente (et dont beaucoup de groupes de l'époque suivront l'évolution). C'est ça de porter des casquettes à l'envers aussi! En gros, le thrash rencontre le power metal (ou groove metal de l'autre côté de l'Atlantique) et ses power chords à la douzaine. Personnellement, si j'apprécie ce style, ça ne vaudra jamais un
Kill' Em All, un
Infernal Overkill ou un
Reign In Blood. Toutefois le genre verra l'avènement de classiques (Machine Head et Pantera en tête) et de très bons albums dont fait partie ce
The Law, plus intéressant qu'un
Slaughter In The Vatican certes bien rentre-dedans mais pas vraiment marquant, malgré le statut culte que beaucoup lui confèrent.
Clairement moins thrash et direct que
Slaughter In The Vatican,
The Law n'en reste pas moins un opus efficace et couillu, pas d'affolement. "Soul Search Me", "Unforgiven", "The Truth", "Incontinence", tous ces morceaux comportent des passages thrashy rapides et assez redoutables pour donner des sueurs froides aux nouvelles formations thrash/death comme Demolition Hammer ou Solstice. Avec des riffs tapageurs et percutants, une production en béton armé (bien plus adéquate que le son du Morrissound du premier full-length) qui donne aux guitares une épaisseur de folie et à la batterie un son de caisse claire naturel, et dynamisé par le chant magistral d'un Kyle Thomas, grande influence de Phil Anselmo, au sommet de sa forme qui délivre parfois des flows d'une rapidité impressionnante ("I Am the Cross", "Un-Born Again" sur lequel le gus rape presque!),
The Law, ne manque pas d'arguments agressifs. Bien au contraire!
Mais la différence avec l'abrasif
Slaughter In The Vatican, c'est bien l'incorporation de davantage de séquences mid-tempi headbangantes à base de power chords et d'un jeu de double pédale résolument moderne. Un rythme quelque peu ralenti et un groove beaucoup plus présent parfaitement incarnés dans des titres tels que "The Law", l'énorme instrumental "Incontinence" ou encore le final grandiose "(Cadence Of) The Dirge", véritable monument d'une lourdeur assommante mais non dénué d'ambiance. On notera également une basse bien audible qui renforce cet aspect. En parlant de quatre-corde, difficile d'occulter "Un-Born Again" et sa basse slappée funky, seules lignes jouées par Franky Sparcello, le reste ayant été enregistré par le guitariste Vinnie LaBella. "Un-Born Again" est sans doute le titre le plus expérimental de l'album et l'un des plus réussis. Exhorder ose en effet pas mal ici. Excepté ce "Un-Born Again" funky et dansant, le groupe utilise ainsi quelques chants clairs plutôt bien foutus et pas du tout mielleux, par exemple sur "(Cadence of) The Dirge" ou sur "Into The Void". Un grand pari là-aussi de la part de la formation de Louisiane: reprendre du Black Sabbath. Pari remporté haut la main! Quelle lourdeur! Et mon dieu ce riff ultime, rampant et hypnotique remis au goût du jour! Tout simplement jouissif!
Cela dit, la jouissance a ses limites et je n'irai pas plus loin qu'un 8/10 pour ce très bon
The Law qui n'est cependant pas exempt de tout reproche. Pas assez de chucka-chuka, pas assez de soli, pas assez de leads mélodiques malicieuses ou sournoises, rythmiques certes variées mais pas assez véloces dans l'ensemble, riffs pas toujours au top de l'inspiration: comme je l'ai évoqué en début de chronique, je prends plus mon pied avec du vieux thrash que celui des 90s, exception faite de Machine Head ou Pantera. Et il y a d'ailleurs un problème quand le meilleur morceau est une reprise! Pour revenir sur Pantera, je rigole toujours quand j'entends certains dire qu'Exhorder, c'était cent fois mieux. C'est sûr, Exhorder a de plus grosses couilles (et encore, cf. "The Great Southern Trendkill") mais ça n'en fait pas un meilleur groupe. Certes Pantera s'est bien approprié une recette qu'il n'avait pas tout à fait inventée mais l'élève dépasse parfois le maître. Sans vouloir rentrer dans cet éternel débat de bac à sable, Pantera > Exhorder, point barre! Mais au-delà de considérations personnelles,
The Law reste un opus qui vaut le coup d'oreille rien que pour sa culture métallique. Et on pourra toujours regretter le manque de reconnaissance de la scène pour un acteur pas forcément génial mais au moins talentueux. A noter que le combo américain a toujours renié la production de ses deux albums, mettant en cause l'abus de pouvoir de Roadrunner Records, toujours dans les bons coups à l'époque mais souvent peu respectueux de ses poulains. Désormais remis sur selle, Exhorder souhaite non seulement sortir un nouvel opus mais aussi réenregistrer ses classiques à sa sauce. Curieux d'entendre ça!
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16/05/2009 12:59