Où Grief commence à être tel que je l'aime. Ho, ne crois pas que je balaye de la main
Dismal et
Come to Grief ! Ces deux œuvres continuent d'être pour moi des aboutissements du sludge haineux et balourd – définition que je n'ai pas besoin de voir se répéter à foison, chez Grief ou ailleurs. Raison pour laquelle, malgré un rendu moins époustouflant dans l'ensemble (du moins sur
Miserably Ever After, car la suite... Raaaaah !), mon cœur balance plutôt du côté de la fin de carrière des Ricains que son début.
En 1996, Grief ne cherche donc plus à être le plus lent, écrasant, douloureux. Non : ses lampées de riffs se font plus pétillantes, toujours amères et compactes, juste ce qu'il faut pour faire apprécier les notes de chocolat qui envahissent la bouche. Plus doom, toujours hostile mais aussi de plus en plus solitaire, pris dans sa rage comme un plaisir personnel qu'on garde pour soi, dans un monde qu'on n'arrivera de toute façon pas à changer. L'évolution est ici encore un peu timide, gardant ce groove raide des essais précédents, mais la reprise d'un morceau de Saint Vitus (« Angry Man ») ne trompe pas ! La bande à Jeff Hayward se fait plus contrastée derrière ses compositions rectilignes, s'évapore graduellement dans ses colères de manutentionnaire, devient un goûter d'adulte aussi fatigué qu'énervé, faisant craquer une dernière fois ses os pour se mettre en terrasse, un verre à la main.
Demain ? Demain, on sera misérable comme aujourd'hui. Alors autant boire ces guitares qui, derrière leur aspect bourru, semblent elles aussi vouloir être ailleurs. Autant se délecter de ces quelques accélérations qui malaxent nos cervicales en brique. Autant se laisser aller à accuser tout le monde dans son esprit, les straight edge et leur morale (santé, les moines !), les passants qui regardent nos yeux rouges avec un air de pitié (« Why Should You Care? », hein ?), l'humanité dans son ensemble qui, décidément, ne nous a pas gâtés aujourd'hui et hier. Autant balbutier, dans sa longue descente jusqu'au niveau du caniveau. Autant s'étouffer de doom, sa mollesse moelleuse, ses morceaux sans but, son blues qui s'adresse à personne et tout le monde, les nerfs en pelotes, le cerveau en coquille d'escargot, les guibolles en strapontin et le casque sur les oreilles. Autant écouter
Miserably Ever After, son corps qui est comme le nôtre jusqu'à avoir le ventre mou en son centre, avec ses baisses bien à lui (ne vous formalisez pas, ça arrive à tout le monde), mais qui garde toujours son objectif égoïste en tête, d'insulter et vomir comme d'autres regardent des émissions de télé-réalité pour se rassurer de leur intelligence.
L'abruti fan de Grief aura tout de même ici une chaleur supplémentaire, qui fait le sel de
Miserably Ever After et deviendra ce qui fait le génie particulier de
Torso et
...And Man Will Become the Hunted. Comme une main posée sur l'épaule te disant « I Hate the Human Race » moi aussi. Comme cette scène de
Saint Amour où Benoît Poelvoorde s'écroule dans l'alcool et le pathétique, en rigole, et y trouve un lien entre les hommes dans la débâcle. Bah, pourquoi cette mine ? Va dans un bar et écoute Grief ! Ça ne changera pas grand chose à l'affaire mais tu te sentiras mieux le temps que ça dure. Promis.
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