Voilà un groupe qui ne cherche absolument pas à dire quelque chose de neuf, un groupe qui ne fait que reprendre ce qui a été dit avant lui de la façon la plus respectueuse possible, un groupe qui vénère le sludge dans sa forme la plus historique où l’on pourra s’amuser à dire ce qui tient de Noothgrush, Grief ou Dystopia. Un groupe tellement rétrograde que, franchement, on se demande bien ce qu’il fait là.
Ne me demandez pas d’ailleurs pourquoi je tiens à vous en parler, je n’en sais rien. Slave Hands, avec ses disques en téléchargement à prix libre, ses formats cassette ultraconfidentielles, ses t-shirts avec logo mal placé qui sentent bon le merch fait un peu à la va-vite, n’a rien de plus qu’un autre groupe de sludge à l’ancienne comme on peut en croiser de temps en temps. No Funeral, Leechfeast et compagnie… Slave Hands est aussi identifiable que ces formations-ci, au point que je me demande pourquoi je prends le temps de vous en parler (vous êtes toujours là ?).
Peut-être parce que, dans son déballage d’élève de
Human = Garbage et
Come to Grief, Slave Hands touche toutes les bonnes notes. D’une durée qui ne cherche pas à se prendre pour ce qu’elle n’est pas, assumant son statut de plaisir pour fanatiques du « sick »,
World Rid of All Living déballe samples misérabilistes et jouissifs, rythme d’éclopé cherchant un spot où demander de l’argent, voix cancéreuse évoquant le râle d’un punk en bout de course, accélérations d’asthmatique arrivant aussi naturellement que quand on voit son bus partir sans nous, d’une façon faisant dire qu’ils ont tout compris à ce style d’incompris, décidant d’aller jusqu’au bout dans le fatalisme… souvent pour le meilleur et rarement pour le pire (un solo sur « Swollen Anguish », simplement raté).
Honnêtement, pas grand-chose à dire de plus sur ces vingt-huit minutes, ce shot issu de Finlandais qui s’enfoncent totalement dans le sludge vieille école, nous emportant avec eux. Les déçus des derniers coups de béquilles de
Fistula ou
Grime feraient bien de laisser une chance à ce disque, tant il est une lettre d’amour adressée avant tout aux amateurs d’un son particulier, blues de punk en voie de clochardisation. C’est sûr, ce n’est pas ça qui va relever le niveau ou vous enrichir en tant qu’être humain. On se situe même au fond du caniveau, niveau production et exécution. Mais vous l’aurez sans doute compris : c’est bien ce qui rend
World Rid of All Living particulièrement charmant, sans particularité aucune.
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