« A l’ancienne ».
C’est ce qui avait fait une grande part du charme Slave Hands sur
World Rid Of All Living et ce qui continue de marquer lors des premières écoutes de
No More Feelings, deuxième album des Finlandais : cette capacité, rare (encore que ce début d’année a été généreux en matière de sludge canal historique, cf.
la compilation de Meth Drinker et
le nouvel EP de Come to Grief), à convoquer une foule de noms un peu trop absents dans le sludge d’aujourd’hui. Noothgrush, les premiers Grief, Corrupted, ces oubliés-ci.
Et ils sont une nouvelle fois tous présents lorsque tourne
No More Feelings, Slave Hands respectant toujours ce cahier des charges que l’on n’a pas envie de voir évoluer. Samples nihilistes, production ce qu’il faut de brouillonne et suffocante, accélérations absurdes et impuissantes (raaaah, ces tremolos pris dans le goudron de « Malignant Filth Vessel »), ralentissements patauds et défaitistes... La bande n’a pas changé l’essentiel de son style et tant mieux ! S’il est clair que l’amateur de nouveauté ou d’originalité évitera sans regret cette formation fervente d’un sludge d’une certaine époque, le converti ne pourra que sourire de plaisir devant cette bande qui a tout compris à ce qui fait l’intérêt du genre. « Un disque qui aurait pu sortir en 94 » : l’expression s’applique clairement à cette œuvre, poussant le vice jusqu’à avoir ce feeling, ce frisson particulier, de cette période, lors de passages au groove typique, cramé, impassible (« Forgotten Trail » par exemple) et...
...éteint. Là réside, si tenté que l’on est d’en chercher une, la personnalité de Slave Hands. Oui,
No More Feelings est avant toute chose une lettre d’amour et oui, malgré quelques fléchissements involontaires, il l’écrit avec la plus belle encre. Mais derrière cette admiration sans borne qu’il présente trente-et-une minutes durant, une chose bien à lui se cache, là, au coin des yeux. Une humeur, que les Finlandais ont plus maussade, dénuée de vie, que de coutume. La petite idée qui fait la différence : le passage d’une voix arrachée, stridente, à un appui dans les graves qui se retrouve également dans ces guitares évacuant quasiment toute volonté d’élévation. Clairement, cela sent plus la mort que le désespoir par ici, au point de s’enfoncer dans ce marasme sans avoir un instant l’envie de retourner vers des eaux boueuses déjà connues. Quelque chose qui touche, une fois que l’on regarde derrière la révérence aux anciens, à un sentiment particulier, frôlant le néant terreux de
Primitive Man, voire, pour rester en territoire finlandais, l’atmosphère de bourreau au travail de
Stabat Mater.
Ce qui, de la part d’un album autant dédié à transmettre ce qui a été fait avant lui, n’est pas tout à fait rien. Slave Hands ne se situe pas dans un ailleurs comme un
Fleshpress peut y habiter – et il ne le cherche pas – mais il s’éloigne suffisamment de la resucée d’un sludge traditionnel sur
No More Feelings pour donner envie de l’écouter sans impression de contrefaçon. S’il reste un groupe destiné aux nostalgiques avant tout, ces derniers pourraient être étonnés de trouver à son écoute une manière de présenter les choses plus personnelle qu’escompté. Définitivement, une bonne surprise comme il y en a peu dans le genre.
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