Qu’est ce que j’aimais chez TANKARD? Leur éternel statut d’outsiders du thrash, derrière les clients (parfois trop) sérieux SODOM et KREATOR, et surtout la capacité qui était la leur de hausser considérablement leur niveau de jeu. Car mine de rien, au-delà de l’image de joyeux bouffons rigolards qu’on leur prête souvent (ils l’entretiennent, les bougres), quand ils s’en donnent les moyens, les vermines de Frankfurt sont clairement –
façon de parler – capables de rivaliser avec les meilleurs, un peu à la façon d’un sans grade du tennis sorti des qualifications pour disputer une finale grand chelem. Les Rainer Schuttler du thrash ? Les amateurs éclairés de la petite balle jaune citeront plutôt l’inénarrable Fernando Meligeni, qui régalait le public de Roland Garros avec son jeu de bûcheron limité avec
cojones capable de faire dégoupiller des pointures comme Corretja, Pat Rafter ou Felix Mantilla.
Qu’est ce que je n’aime plus chez TANKARD ? En premier lieu son guitariste, Andy Gutjahr. Avant de tirer à boulets rouges sur un musicien trop esseulé au sein du combo Allemand, reconnaissons qu’après des débuts poussifs, l’ex CREED et SEVENTH AVENUE a fait ce qu’il fallait pour s’imposer dans le groupe et que le petit classique
« Beast Of Bourbon » ainsi que les excellents
« B-Day » et
« The Beauty And The Beer » lui doivent beaucoup. Mais depuis un
« Thirst » déjà en demi-teinte, c’est l’enfer en pente douce qui se profile à l’horizon avec des productions toujours plus stéréotypées, de moins en moins brutales et inspirées. Car autant l’auditeur frôlait la mort subite au carrefour de brûlots comme « Die With A Beer In Your Hand », « Notorious Scum » ou encore « Frankfurt We Need More Beer », autant TANKARD semble avoir banni l’excès de vitesse de son vocabulaire avec des compositions de plus en plus soft et mélodiques (« Son Of A Fridge », « Fandom At Random »), même si le tempo s’est vaguement relevé sur les traditionnelles « Witch Hunt » et « Not One Day Dead ». Le pauvre Andy ne pouvant guère se reposer sur une section rythmique donnant dans le minimum syndical (pourtant, le bassiste Frank Thorwarth a signé quelques classiques dans le temps), l’épuisement guette avec le sempiternel tricotage de riffs éculés et de solis éventés auxquel nous sommes malheureusement soumis depuis trois albums.
Le cas Gutjahr réglé, reste un groupe devenu vraiment trop gentillet à mon goût. Car les allemands ont beau tenter de remettre le fun au devant de la scène après un
« Vol(l)ume 14 » franchement tristouille, Gerre reste en petite forme (où sont passées les gueulantes légendaires?) et les refrains sans envergure se succèdent (« Metal Magnolia », « Rapid Fire (A Tyrant’s Elegy) »), la seule aspérité notable restant le caméo calamiteux de DORO sur « The Metal Lady Boy », qui a au moins le mérite d’arracher un rictus au fan en rupture de Pelforth coupée à l’eau tiède. A peine moins mauvais que « Vol(l)lume 14 », « A girl Called Cerveza » n’est pas non plus aidé par une production insipide signée Michael Mainx (DISBELIEF), ravivant du même coup le spectre d’Andy Classen. Au final bien peu de choses à retenir de ce 15ème full length célébrant les trente années d’existence du groupe, et si l’auditeur de passage pourra se laisser berner par le fond de jeu somme toute correct des Allemands, le die hard fan que je suis ne peut retenir une larme devant la lente agonie d’un (ex) groupe culte enchainant les sorties dans l’indifférence de plus en plus générale.
6 COMMENTAIRE(S)
18/09/2012 17:50
Faut dire que ça fait quelques mois déjà que j'ai beaucoup de mal à écouter du Tankard, même les bons albums. Ceci explique en partie la sévérité de la note.
13/09/2012 15:23
19/06/2012 20:35
Tu peux y aller en confiance, c'est du solide
19/06/2012 20:19
19/06/2012 16:33
19/06/2012 15:12