Tel le supporter de bar venant d'encaisser l'élimination surprise d'une grosse écurie de L1 (Bordeaux, Lyon, OM ou PSG, rayez les mentions inutiles) face à Raon l'étape, Carquefou ou Louhans Cuiseaux, ce nouvel album de TANKARD m'a laissé pour le moins dubitatif. Mais qu'arrive-t-il donc aux vétérans thrashers d'outre reins pour causer tant de peine à leurs fervents supporters ? Prise de conscience et fin de l'apologie de l'acool sous toutes ses formes ? Un album acoustique ? Gerre a maigri ? Pensez donc. Déjà victimes d'une programmation hasardeuse pour les fêtes de fin d'année contrecarrant toute tentative de percée dans le bilan 2008 de thrashocore, les allemands n'ont rien trouvé de mieux que de se tirer une balle dans le foi en ralentissant le tempo. Oui, vous avez bien lu. TANKARD. LENT. Bien sûr, tout est relatif et cette nouvelle livraison de carburant thrash envoie suffisament du bois pour renvoyer à leurs chères études tous les clones fadasses d'EXODUS qui se bousculent actuellement dans les clubs de L.A. Mais voilà que TANKARD, après avoir opéré une spectaculaire remontée au classement depuis
« B-Day » en 2002, retombe dans des travers mid-tempo qui l'ont jadis bouté en division inférieure
(« Two-Faced »,
« Disco Destroyer »), voire en DH
(« The Tankard »).
Tout ne commence pourtant pas si mal avec une première prestation plutôt encourageante, « Octane Warriors », titre mid/fast dans la droite lignée des compos du très solide
« The Beauty And The Beer ». Construite sur un tacle assassin délivré avec amour par le bûcheron Gutjahr, tout à sa joie dès lors qu'il s'agit de découper du tibia adverse, « Octane » n'est jamais meilleure que lorsque la TANKARD team imprime une cadence à couper le souffle. Et si l'on s'étonne un brin que Gerre et ses boys ne lâchent pas complètement les chevaux au démarrage (malgré un excellent riff tronçonneuse à 1:05, le meilleur de l'album pour tout dire), le déroulement de la rencontre ne fait guère de doute dans l'esprit du fan boy avide de toupa toupa effréné. Car depuis l'incroyablement brutal
« Beast Of Bourbon », TANKARD, c'est du garanti intensité de coupe d'europe et 5-0 à la pause pour les locaux. Enfin ça, c'était avant la crise. Car passé un « Stay Thirsty! » bien balancé en forme de reminiscence de l'excellente « Endless Pleasure », bien peu d'actions à se mettre sous la dent en vérité, sinon l'accélération du tempo (bien trop tardive) sur « Sexy Feet Under » et un ou deux bons passages sur « Zodiac Man ». Entre ces deux fleurons thrash (qu'on jugerait passables sur
« The Beauty And The Beer » ou
« B-Day », voire carrément moyen sur
« Beast Of Bourbon »), rien ou presque, sinon les choeurs féminins d'un « Daddy Comes To Play » jouant la carte de la variation rythmique. La faute à un catalogue de riffs allant du générique au déjà entendu, à des solis trop rares et à un guitariste bien plus à l'aise lorsque le tempo s'accélère. A sa décharge, l'absence d'un véritable comparse comme aux plus belles heures du groupe (le tandem Katzmann/Bulgaropulos) explique sans doute le manque flagrant d'inspiration qui plombe la majeure partie de l'album (le temps paraît bien long jusqu'à "Sexy Feet Under"). Pour une fois un peu à court d'idées, Andy Gutjahr peut heureusement compter sur le soutien sans faille de son entraîneur Andy Classen, l'intensité de sa prod masquant en partie les faiblesses du songwriting. Reste un amusant délire thématique à la Mad Max, un clip déjà entré dans la légende (celui de « Stay Thirsty! », du petit lait!) et surtout Gerre, le chanteur, irréprochable gueulard dont la seule performance suffit à rendre agréable l'écoute de ce « Thirst » plutôt destiné à cirer le banc des remplaçants.
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06/05/2011 08:17
27/02/2009 12:38