Après avoir sorti la bagatelle de 6 albums studios, 1 live, 1 E.P. et un best of (« Hair Of The Dog ») en 8 ans, TANKARD accuse, comme bon nombre de ses confrères thrash, un gros coup de pompe au milieu des années 90. Le tièdasse
« Two-Faced » n'augurait rien de bon pour la suite et c'est un groupe privé de deux éléments clés qui nous sert un « The Tankard » aux riffs passablement éventés. Exit Axel Katzmann, membre fondateur préposé aux titres rapides (crédité ici sur trois morceaux) qui formait un duo très complémentaire avec son collègue Andy. Egalement porté disparu, le batteur Arnulf Tunn, pas le dernier à mettre la main à la pâte en matière de composition (on lui doit notamment les excellentes « Beermuda », « Space Beer » et
« Stone Cold Sober »). Deux lourdes pertes donc, seulement compensées par l'arrivée du cogneur Olaf Zissel, toujours en place derrière le kit à l'heure où j'écris ces lignes. Et si TANKARD reste fidèle à Harris Johns et au Musiclab de Berlin, la direction musicale, elle, n'est malheureusement plus du tout la même.
Car c'en est quasiment fini des fulgurances speed métalliques qui ont fait la réputation des allemands, devenus soudainement beaucoup moins irrésistibles. Déjà plus sérieux sur les lyrics de l'album précédent (où ils montraient du doigt la peine de mort et les dérives de la télévision, dans un vibrant appel à la responsabilité individuelle), les quatres alcolos repentis semblent ici tout droit sortis d'une cure de désintox. Jugez plutôt : entre la pitoyable ballade aux forts accents écolos (« Atomic Twilight », probablement le pire morceau que TANKARD a jamais enregistré) et « Positive », plaidoyer en faveur des malades du sida, on nage en pleine sinistrose, à l'image d'un « Hope? » aux textes parfaitement évocateurs (« Life has passed me by, and the dreams seem unatteignable, there's no hope for me in sight »). Et non, j'ai beau chercher, nulle trace de Jonas Renkse en guest sur cet album décevant à bien des égards. Même les blagues potaches de rigueur sont tristes à pleurer, à l'image de la rythmique minable de « Fuck Christmas » et de l'inachevée « Mess In The West » ; inclure du banjo en pleine effervescence thrash était une bonne trouvaille, mais l'absence de refrain valable vient hélas tout flanquer par terre. Passons sur les insuffisances de « Poshor Golovar » et « Grave New World » pour ne retenir au final que trois titres vraiment dignes d'intérêt : l'énergique « Close Encounter » et sa sympathique mise en garde à nos amis aliens (« Turn away, this is no place to stay, dissection is your fate »), le petit classique « Minds On The Moon » et son refrain killer mais surtout « The Story Of Mr. Cruel », où Andy Bulgaropulos fait enfin preuve d'un peu d'envie et d'inspiration. Construction appréciable, chouettes lignes de basse, mélodie accrocheuse et accélération bien sentie, il n'en faut pas plus pour regretter que tout l'album ne soit pas du même tonneau. Globalement plus heavy que ce à quoi TANKARD nous a habitué (cette fois ça y est, Gerre chante vraiment), ce septième album studio donne l'image d'un groupe déboussolé, reniant ses racines thrash ennivrantes au profit d'une cuvée métallique à l'arrière goût prononcé de défaite. En langage footballistique, on appelle ça une vendange.
2 COMMENTAIRE(S)
22/10/2008 21:38
Bien d'accord avec toi Hurgh, une fois de plus !
22/10/2008 21:17