Le moins que l'on puisse dire c'est que Rage ne chôme pas et que ni les années, ni les changements de line-up ne semblent avoir entamé la motivation de la bande à Peavy Wagner. Deux ans après leur précédente livraison studio (le versatile
« Speak Of The Dead ») et un an à peine après le CD/DVD « Live in St Petersburg », voici que Rage remet le couvert avec « Carved In Stone », leur nouvel album annoncé pour le 22 février.
A priori, on aurait pu émettre quelques craintes en ce qui concerne ce nouvel album. D'une part, depuis
« Speak Of The Dead », le groupe a du se séparer, à la (mauvaise) surprise générale, de Mike Terrana, parti usé ses baguettes chez Masterplan. Mais, c'est bien connu, les absents ont toujours tort et son remplaçant, Andre Hilgers, se révèle remarquable sur ce disque et ne peine pas à faire oublier son prédécesseur en adoptant un jeu et un son de batterie, il est vrai, très similaire à ce dernier. Voila déjà un premier soulagement.
Autre soulagement : le groupe c'est cette-fois donné une ligne directrice plus stricte. En effet, avec
« Speak of the dead », le groupe avait complètement désorienté ses auditeurs en tentant de revenir aux sonorités symphoniques qui avait fait le charme de « Lingua Mortis » (1996) ou « XIII » (1998) sans pour autant renoncer au Heavy-Thrash dont il a le secret. D'où un album ambivalent, un peu déroutant et finalement incompris. Mais avec « « Carved In Stone », pas de doute possible. Car hormis « Lord Of The Flies » qui, avec ses choeurs à la Epica, se démarque distinctement du reste, l'intégralité des 9 autres morceaux donne dans le gros Heavy-Thrash – à la fois puissant mais néanmoins toujours mélodique – qui a fait le succès d'albums tels que « Black In Mind » (1995) et
« End Of All Days » (1997).
Néanmoins, malgré d'indéniables qualités (que je vais bien sûr vous énumérer), je ne pense pas que « Carved In Stone » soit tout à fait en mesure de rivaliser avec les deux chefs d'œuvres précités. Certes le style - ou devrais-je dire, la marque de fabrique – Rage est toujours identifiable entre mille. Victor Smolski, qui a pourtant pris le train en marche en 1999, a su complètement s'approprier la manière de riffer si caractéristique du groupe tout en apportant sa touche personnelle aux travers de soli dont il a lui seul le secret. Il en découle un album de Rage pur jus où soli véloces et techniques (avec néanmoins un peu trop d'effets parfois, à mon goût) côtoient des riffs thrashy bien puissants mais à l'aspect mélodique toujours prononcé. Et je peux vous dire qu'entre
Drop Dead,
Gentle Murders,
Open My Grave,
Long Hard Road ou
Lost In The Void, on est vraiment servi en matière de gros riff qui font saigner les oreilles. Mais Victor Smolski sait aussi nous montrer toute la diversité de son jeu en nous gratifiant d'intros (
Open My Grave) ou de soli (
Gentle Murders) aux sonorité orientales rafraîchissants mêlés à des passages acoustiques ou en arpèges typiques de Rage.
Autres « tics » caractéristiques de Rage : la construction des morceaux, souvent basée sur la structure classique (mais toujours très efficace) couplet - pré-refrain - refrain. C'est en général dans ce domaine que Rage fait la différence face à d'autres groupes du même style car leurs refrains et pré-refrains sont la plupart du temps de très très bonne facture (et servis à merveille par le chant si caractéristique de Peavy Wagner). Mais j'avoue que dans le cas présent, je suis souvent resté sur ma faim.
Carved In Stone, annoncé comme « a super hymn » sur la page myspace du trio, en est le parfait exemple. Certes, ce morceau est bien fichu mais à aucun moment il n'est en mesure de rivaliser avec les hits du groupe que sont
Sent By The Devil,
Down,
War Of Worlds ou bien sûr
Higher Than The Sky, son refrain n'étant pas assez marquant selon moi. Une critique qu'on peut faire à plusieurs des refrains de cet album, certains étant sympatoches (mais sans plus) quand d'autres sonnent parfois trop pop, comme celui de
Drop Dead notamment. En fait, les deux seuls morceaux qui mériteraient le qualificatif de hits restent à mon goût
Long Hard Road (qui s'inscrit dans la lignée de
Higher Than The Sky) et
Lost In The Void (un titre bien « dans ta face » dans le même esprit qu'un
Face Behind The Mask, deux titres biens énergiques qui s'inscrivent dans la mémoire dès la première écoute.
Pour conclure, Rage nous délivre donc un album très correct sans pour autant atteindre le niveau de qualité de ses albums référence. Et, en dépit de nombreux points positifs (une belle énergie de bout en bout, des riffs hyper puissants et efficaces, un côté mélodique et accrocheur toujours très présent), « Carved In Stone » reste un album qu'on apprécie pour quelques morceaux en particulier mais pas forcément pour son intégralité, la faute à des refrains moins marquants que ce à quoi le trio nous avait habitué.
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26/02/2008 12:29