Armoros - Pieces
Chronique
Armoros Pieces
Vous devez déjà le savoir si vous en êtes clients mais la scène Thrash canadienne de la fin des années 80 est une scène incroyablement sous-cotée (à l’exception néanmoins d’un certain Voivod qui a très vite été en mesure de tirer son épingle du jeu). Difficile en effet de rivaliser à l’époque avec des groupes comme Metallica, Slayer, Exodus, Testament et autres Megadeth ou Anthrax qui à eux-seuls occupaient à peu près tout l’espace médiatique accordé en ces temps à ce genre de musique (que ce soit dans les magazines, les quelques clips vidéos diffusés à la télévision et les quelques tournées organisées un petit peu partout à travers le monde). Pourtant, celle-ci n’a jamais démérité avec en tête de gondole des groupes comme Exciter, Razor, Sacrifice ou Infernäl Mäjesty dont les premiers albums particulièrement véhéments sont encore aujourd’hui parmi ce qui se fait de mieux dans le genre.
Cachées dans l’ombre de ces noms évocateurs, on trouve également quelques formations au potentiel hallucinant mais dont la portée est néanmoins restée confinée à quelques heureux élus ayant eu la chance tout au long de ces trente-six dernières années de les croiser plus ou moins par hasard mais aussi et surtout le bon sens d’y poser une oreille attentive. Ainsi après les excellents Deranged (si vous ne l’avez pas fait, je vous conseille vivement de lire la chronique de Place Of Torment), je vous présente aujourd’hui Armoros qu’il conviendrait tout autant de ne pas ignorer. Formé en 1985 à Victoria, le groupe suit un parcours tout à fait classique avec durant ses premières années de carrière la sortie de trois démos et d’un album live. Une période durant laquelle les Canadiens vont faire face également à quelques changements d’effectifs sans que cela lui soit pour autant préjudiciable. Un line-up au sein duquel on retrouve d’ailleurs derrière l’une des deux guitares un certain Jed Simon qui quelques années plus tard s’en ira rejoindre Devin Townsend chez Strapping Young Lad (la seconde guitare est quant à elle tenue par Mike Sudar qui lui aussi participera à l’aventure SYL mais sur les planches uniquement).
C’est en février 1988 de manière indépendante (une sortie sur le label américain Ever Rat Records (Death Squad, Lethal Dose, The Mentors...) était vraisemblablement pressentie mais celle-ci ne s’est malheureusement jamais faite) et au format cassette uniquement que paraît Pieces, premier et unique album d’Armoros. Autant vous dire qu’il n’y a pas à aller chercher plus loin les raisons qui ont poussé les Canadiens dans cet anonymat le plus total et par la force des choses à mettre momentanément un terme à leur carrière quelques mois plus tard puisqu’il était quand même très compliqué d’exister à cette époque sans l’aide d’un label aux reins solides pouvant vous faire bénéficier de circuits de promotion et de distribution dignes de ce nom... Armoros en a ainsi fait les frais à ses dépens et on ne peut que le regretter à l’écoute d’un disque qui après toutes ces années n’a rien perdu de son charme. Celui-ci aurait d’ailleurs pu passer sous nos radars encore de longues années si le label allemand High Roller Records ne s’était pas chargé de le rééditer en bonne et due forme il y a déjà bientôt dix ans. Une réédition toujours aussi qualitative qui s’accompagne pour l’occasion de nombreuses photographies d’époque ainsi que d’un remastering providentiel signé évidemment des mains de Patrick W. Engel.
Composé de dix titres (dont sept sont issus des démos Resurrecdead et Remember Michelle parues en 1987 et 1988), Pieces s’inscrit dans la tradition de ces albums de Thrash particulièrement virulents enfantés durant la seconde moitié des années 80. A la manière de groupes tels que Dark Angel, Demolition Hammer, Morbid Saint, Sadus, Epidemic et bon nombre de ses compatriotes, c’est effectivement pied au plancher, le couteau entre les dents et jamais plus vite qu’à fond qu’Armoros conduit ses assauts durant près de quarante-cinq minutes. Une cadence particulièrement soutenue caractérisée en premier lieu par un riffing extrêmement nerveux, une batterie qui n’a évidemment de cesse de cavaler enchainant presque sans répit les séances de toupa-toupa à perdre haleine et un chant arraché et véhément plus proche de ce que l’on peut entendre chez les premiers groupes de Death Metal que des groupes de Thrash californiens de l’époque. Une urgence et une intensité également entretenues et renforcées par ces nombreuses séquences de blasts dispensées tout au long de ce premier mais également par ces nombreux solos souvent un brin chaotiques qui participent eux aussi à la frénésie de l’ensemble ("Forever Hold Your Pieces / C.M.D.K." à 1:06, 2:03, 3:46 et 4:44, "Terminal Death" à 2:42, "Apparition Of Force" à 2:17, "Remember Michelle" à 1:23 et 3:40, "The Dead" à 2:03 et 3:02, "Euphoria" à 2:06, "Critical Mass" à 2:17, "Dementia" à 3:42, "Shadows" à 5:55). Bref, il vous faudra clairement avoir le cœur bien accroché pour espérer suivre le rythme de cet unique album mené effectivement à tombeau ouvert.
Cependant, il n’est pas rare qu’Armoros lève le pied en quelques occasions. Notamment lors de préambule à certaines compositions comme c’est le cas par exemple de manière plus ou moins furtive sur "Forever Hold Your Pieces / C.M.D.K.", "Terminal Death", "Apparition Of Force", "Remember Michelle", "Euphoria" ainsi qu’au cœur de certaines compositions à l’image de ce que l’on peut entendre sur "Forever Hold Your Pieces / C.M.D.K." à 3:21, "The Dead" à 2:20 et 3:17, "Euphoria" à 2:31, "Critical Mass" à 1:42 ou "Dementia" à 1:01.
Groupe sous-estimé (pour ne pas dire complètement ignoré) au sein d’une scène elle aussi mésestimée, Armoros a pourtant livré à la fin des années 80 un album de Thrash diablement efficace qui par ce remastering soigné continue trente-six ans plus tard de botter des culs bien comme il faut. Certes, rien de bien nouveau pour quiconque connaît ses classiques évoqués plus haut mais on ne va pas se mentir, il n’en reste pas moins compliqué de résister à l’appel du sang à l’écoute de tels brûlots et cela même lorsque les Candiens s’adonnent à l’exercice de la reprise en fin de parcours (une relecture musclée du titre « Earache My Eye » entendu dans le film Up In Smoke mené par le célèbre duo américain Cheech & Chong). Si les références évoquées dans cette chronique sont donc pour vous synonymes de réjouissances, je vous invite humblement à poser une oreille attentive sur ce Pieces qui très clairement mérite qu’on lui laisse une chance.
| AxGxB 25 Septembre 2024 - 396 lectures |
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4 COMMENTAIRE(S)
citer | AxGxB a écrit : Si c'est un joueur de foot, vous êtes clairement mal tombé avec moi. Je déteste ce sport haha
C'est bien ça ! L'ancien recordman de sélections en équipe de France, pilier de la défense sous l'ère Platini-Giresse-Tigana... |
citer | Si c'est un joueur de foot, vous êtes clairement mal tombé avec moi. Je déteste ce sport haha |
citer | Fabulon a écrit : Tu as tenu toute une chronique sans faire de blague sur Manu AMOROS, c'est beau!
J'avoue que c'est le premier truc auquel j'ai pensé en voyant le nom du groupe ! |
citer | Tu as tenu toute une chronique sans faire de blague sur Manu AMOROS, c'est beau!
Pour la peine j'irai y jeter une oreille. |
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4 COMMENTAIRE(S)
26/09/2024 10:43
C'est bien ça ! L'ancien recordman de sélections en équipe de France, pilier de la défense sous l'ère Platini-Giresse-Tigana...
25/09/2024 19:39
25/09/2024 16:59
J'avoue que c'est le premier truc auquel j'ai pensé en voyant le nom du groupe !
25/09/2024 16:52
Pour la peine j'irai y jeter une oreille.