Sur le papier ce n’était pas l’affiche de l’année mais, au moment de faire le bilan de la semaine, il m’a semblé évident qu’entre passer la soirée à écouter du
death metal ou rester chez moi à siffler des canettes, je serais aussi bien en extérieur. Mon camarade Ventriloque m’ayant fait faux bond au dernier moment pour aller courir le guilledou, c’est donc seul que j’ai commencé mon tour de chauffe par un traditionnel arrêt au stand du
Black Dog, histoire de me rincer le gosier de la poussière du labeur. Et l’avantage de cet apéritif en solitaire, c’est qu’il ne m’a pas mis en retard pour assister à la prestation d’un groupe parisien que je ne connaissais absolument pas :
INITIATION. Il faut dire que la discographie est encore mince, officiellement une simple démo « trois titres » que j’écoute à l’instant où j’écris ces quelques lignes.
Le gros bémol, c’est l’absence de batteur. La boîte à rythmes manque d’ampleur, de puissance, cela bride considérablement l’immersion dans l’univers organique
black death metal typé 90’s du trio. Cependant, une fois que l’on s’est fait une raison et qu’on essaie de s’intéresser aux compositions, il y a tout de même des choses très intéressantes qui émergent, notamment les récurrentes parties solos, particulièrement techniques, qui émaillent chacune des compositions. Il y a également de nombreux passages épiques et, quelque part, grâce au chant en français, je trouve qu’il y a paradoxalement un
feeling canadien qui se dégage de la formation. Par conséquent, même si les Français ont vu leur puissance de feu fortement amoindrie par l’absence de batterie, ils ont largement su convaincre le public, encore clairsemé, du
Klub. En échangeant avec
Keyser et
AxGxB, j’ai peut-être eu des mots un peu durs pour parler de ce
set d’ouverture, je m’en repends ce matin car, à bien réécouter,
INITIATION se démarque habilement de la masse grâce à son registre plus mélodique, parfois teinté de vieux
heavy metal et je suis persuadé que s’il parvient à dénicher le membre manquant, ses prochaines sorties seront nettement plus convaincantes.
(Concert filmé par
Frankie Snow)
VIRCOLAC : encore une formation dont mes oreilles étaient totalement vierges, en dépit des excellentes chroniques parues pour
« Masque » (2019) puis le tout récent
« Veneration » (2024). Le son gagne en intensité, le style est sec, épuré, brut et sans fioritures mais ne connaissant pas les compositions j’ai tout même du mal à les discerner et à entendre des nuances entre les six morceaux (selon
setlist.fm) qui seront joués. Sur scène, la sauvagerie prime parfois au détriment des ambiances développées, tellement sauvage que le bassiste en cassera une corde dès le second titre, abandonnant ses compagnons imperturbables le temps des réparations.
L’avantage de ce genre de
death basique et guerrier, c’est qu’il passe très bien dans une salle comme le
Klub dont « intimité » me paraît être le meilleur qualificatif. Dans tous les cas, les Dublinois marquent des points, les morceaux proposant de nombreux passages plus « mélodiques » aux guitares qui contrebalancent efficacement la massivité récurrente des rythmiques. Tout comme
INITIATION le chant oscille entre le raclé et des intonations quasiment
black, inscrivant là encore la formation dans un esprit rétro séduisant à défaut d’être original. Je ne suis cependant pas déçu lorsque les mecs sortent de scène, trouvant que le
show commençait à tourner en rond, je pense que je me ferai une idée plus nette en écoutant attentivement les albums.
(Concert filmé par
Frankie Snow)
Setlist :
1. Lascivious Cruelty
2. Veneration
3. The Cursed Travails of the Demeter
4. Betwixt the Devil and Witches
5. Unrepentant
6. She is Calling Me
Je profite de l’entracte pour passer au
merchandising et faire des emplettes car je subodore qu’il y aura la queue après le passage attendu des Indonésiens d’
EXHUMATION. Je profite également que la salle soit encore à peu près vide pour me coller à la barrière sur le côté droit de la scène, aux premières loges pour savourer la prestation ultra radicale du quintette. Là encore, malgré les quatre albums déjà parus, tous excellement notés à l’image de
« Master’s Personae », le dernier en date, je n’avais qu’une connaissance très partielle du style pratiqué. Le
look et le maquillage me mirent rapidement sur la voie : ce
death portera le sceau rougeoyant d’un
black thrash metal impie. Et, effectivement, sur scène, c’est bien ce sentiment qui prédomine : la base
death metal se voit noyautée par une déferlante de riffs incisifs, de solos hystériques et si le chant est peut-être un peu trop en retrait, il est suffisamment audible pour apprécier son belliqueux engagement dans le combat contre le bien, le beau.
La corde de pendu au micro fait son effet, les clous et les yeux maquillés de noir également, le groupe dégage une putain d’intensité qu’aucun échange avec le public ne vient rompre. Les mecs n’ont pas le temps de taper la discussion, les titres s’enchaînent dans un climat d’obscurité absolue, mon adhésion est totale du fait de la variété des structures qui rendent chaque composition unique, distincte même sans forcément les connaître. C’est rare que je sois directement convaincu sur la base d’un concert, là c’est sûr que je vais sérieusement me pencher sur la discographie d’
EXHUMATION. Pas un coup de foudre mais un gros coup de cœur.
(Concert filmé par
Frankie Snow)
Setlist :
1. Pierce the Abyssheart
2. Chaos Feasting
3. Funeral Dreams
4. In Death Vortex
5. Thine Immost Curse
6. Mahapralaya
7. Mors Gloria Est
8. Upon Our Hordes
9. Ironheart
10. (Rappel)
En définitive, cette soirée estampillée « deuxième division » s’est comme souvent révélée riche en découvertes. Déjà, j’ai apprécié l’éclectisme de l’affiche, à la fois stylistiquement cohérente mais proposant pourtant trois visions différentes d’un
death metal rétrograde et mâtiné de
black : entre l’approche mélodico-technique d’
INITIATION, le rouleau-compresseur qu’est
VIRCOLAC et les influences
brutal thrash d’
EXHUMATION, il y en a eu pour tous les bons goûts. Cela me fait d’ailleurs penser que je n’ai pas encore pris ma place pour
ANTICHRIST SIEGE MACHINE qui joue le 14 septembre au
Backstage, il va falloir rapidement remédier à cela.
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09/09/2024 07:23