Wędrujący Wiatr - O turniach, jeziorach i nocnych szlakach
Chronique
Wędrujący Wiatr O turniach, jeziorach i nocnych szlakach
Le vent a de nouveaux soufflé cet hiver, aussi inattendu que salvateur, 3 ans après le beau Tam, gdzie miesiąc opłakuje świt. Certes, le fait de ne pas avoir suivi l'actualité du groupe joue pour beaucoup dans cet effet de surprise, mais qu'importe ! Le résultat reste le même : c'est sans préambule que Wędrujący Wiatr est venu me cueillir avec, encore une fois, une facilité déconcertante. Une parenthèse enchantée qui vous coupe de votre morosité quotidienne, en vous faisant survoler les paysages sauvages polonais. Cette balade aussi épique que mélancolique se place ainsi dans la droite lignée du premier album, transcendante de bout en bout, mais mettant davantage le point d'orgue sur les origines de la formation.
Et, l'envie de prendre son sac pour parcourir la forêt primaire ou encore les Tatras sera grande à l'écoute de O turniach, jeziorach i nocnych szlakach, que ce soit dès l'introduction instrumentale caressante, l'interlude « Gdzie wiatr tka makatki nocy » – accompagnant vos nuits à la belle étoile – ainsi que les longs titres fleuves. Car la paire W. (Kres, Prav, Stworz)/Razor (Pustota) agrémente sa musique, les samples naturalistes et passages folk ne faisant plus office d'ornements mais tenant un rôle majeur dans les compositions du groupe. La durée se rallonge – l'album atteignant presque l'heure de jeu – et l'ensemble gagne tant en profondeur qu'en personnalité avec notamment l'ajout d'instruments traditionnels tout comme le chant clair et la petite touche féminine (sur « Na Łańskam Jyziorze »). Le sublime « Wołanie z granitowych twierdz » représente bien cette évolution logique : vocaux poignants et variés de Razor, lignes de claviers soutenant les riffs de guitares aériens – donnant davantage d'émotions –, parties acoustiques racées parfaitement intégrées. Tout est savamment maîtrisé et calculé au millimètre près, perdant au passage un peu en spontanéité, afin de délivrer une œuvre très homogène et beaucoup plus contemplative. Néanmoins, comme écrit plus haut, les Polonais gardent leur essence et n'oublient pas d'accélérer le rythme avec de belles montées jouissives. De même, le contraste entre mélodies éthérées (particulièrement les premières fantastiques minutes du second titre) et production aussi brute qu'étouffée – qui risque d'en rebuter plus d'uns/es – reste au cœur du propos.
Ainsi les personnes ayant plongé les yeux fermés dans Tam, Gdzie Miesiąc Opłakuje Świt, le feront à n'en point douter une nouvelle fois sur ce deuxième longue-durée. En effet, si Wędrujący Wiatr densifie sa musique et effectue un travail d'écriture complexe (cf. les introductions et conclusions extrêmement ciselées) c'est pour davantage accroître le pouvoir d'immersion. La fuite en avant se fera de façon progressive, le duo vous contant une histoire paraissant scindée en deux chapitres, débutant par des pistes variées et riches en émotion. Fluctuant au gré des minutes, les sonorités puissantes vous portent durant votre ascension dans les contrées indomptées avec notamment le massif « Wołanie z granitowych twierdz » (morceau pour lequel va ma préférence), l'apogée étant atteint sur l'élégant « Ja, wiatr » – à vous donner les frissons. Les atmosphères délicates instaurées par la formation vous happent littéralement et le temps semble se figer lors des coupures acoustiques. Cependant après une courte pause à profiter du paysage ou à vous promener près du lac, vous voici de nouveau sur la route, le vent venant vous frapper par rafales. Le ton se durcit et le rythme s'accélère à mesure que vous approchez du but sur « U stóp śniącego Króla Tatr », les Polonais montrant une facette plus sombre avec un jeu de batterie nerveux vous servant de moteur (faisant le lien avec leur album précédent). Une belle montée en puissance qui vient conclure cette lyrique et longue épopée – me renvoyant à un groupe tel que Drudkh (et, en particulier, son Autumn Aurora) – défilant pourtant à vive allure.
En ces temps moroses, O turniach, jeziorach i nocnych szlakach se présente comme un précieux remède. Et, Wędrujący Wiatr de vous démontrer également qu'il fait partie du haut du panier en matière de black metal atmosphérique teinté de folk – avec une musique à la fois touchante et impétueuse. Seul petit bémol, la production qui ne rend pas justice aux compositions du groupe et mériterait d'être un peu plus soignée.
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