Knyazhaya Pustyn - Marevo
Chronique
Knyazhaya Pustyn Marevo
(Марѣво )
Face à une musique un tant soit peu atmosphérique n’importe quel chroniqueur a fait des comparaisons avec un voyage. N’importe lequel d’entre eux serait d’ailleurs tenté de le faire encore avec la musique de KNYAZHAYA PUSTYN, groupe russe qui sort là son troisième album, Marevo. Pourtant il y a des termes plus adaptés pour les ambiances dont il nous gratifie : « périple », « quête » et « initiation ».
Tout d’abord c’est un périple parce qu’il y a 19 titres, qui s’étalent sur 78 minutes. C’est à la base très long et en plus les morceaux ne sont pas séparés par des coupures. Ils sont encastrés les uns aux autres et donnent ainsi l’impression d’un seul grand bloc. Mais pour une fois, la longueur ne rime pas avec ennui, pour la simple raison que l’histoire qui nous est contée est logique, très bien orchestrée, et au final passionnante. C’est un peu comme certains films qui n’en finissent plus, pendant lesquels on se demande combien de temps il reste et où ils veulent nous emmener mais qui, une fois terminés, prennent tout leur sens. C’était long, mais cela en valait la peine.
KNYAZHAYA PUSTYN applique la même formule en musique. Il est difficile d’être sûr du concept puisque les Russes ont décidé de ne s’adresser dans le livret qu’à leurs compatriotes et de n’écrire les paroles et autres informations que dans leur langue , mais le design du livret ainsi que la musique savent faire travailler l’imaginaire. Le décor est un endroit perdu en pleine nature, enneigé sans être nécessairement hostile. Là, un homme va progresser, aussi bien dans le sens propre que figuré. Il va aussi bien découvrir un environnement que faire des rencontres humaines et d’autres spirituelles. Alors la plupart du temps KNYAZHAYA PUSTYN propose une musique calme, assimilable à un LONNDOM sauce vodka, c’est à dire de l’acoustique folk mature qui n’a rien à fêter mais qui retranscrit une aventure. Beaucoup de passages sont instrumentaux et plantent des décors atmosphériques. L’homme avance dans la nature imposante mais magnifique. Et de temps en temps, il entend des voix. Ce sont parfois les incantations d’un vieux sage rencontré sur la route, parfois le souffle d’esprits anciens, parfois des femmes imaginées qui viennent lui caresser ses joues refroidies.
Mais l’aventure est aussi ralentie par de fortes bourrasques viennent ralentir sa progression (« От Яри Северных Морей », « Над Родной Стороной » « Сердце Леса » et « Скажи Ты Ждёшь Ещё Рассвет»). Ces titres-là mélangent la fureur et la mélancolie propre à tant de groupes d’Europe de l’est, dont TEMNOZOR. Flûtes, guitares et vocaux clairs y apparaissent tout en parvenant à conserver la dignité qui marque tout l’album. C’est important. Le groupe ne fait pas du folk rigolo, festif, ou léger, mais reste toujours digne.
Chaque passage est indispensable pour proposer une histoire crédible dans laquelle tous les détails ont leur importance. C’est grâce à eux que le « périple » se transforme en « quête initiatique ». C’est grâce à eux aussi que l’album donne envie de se poser et d’être nous aussi menés vers la sérénité. Le chemin est certes long mais il mène quelque part, et c’est la qualité du groupe, celle qui manque à tellement d’autres formations.
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