Avantgarde Music semble avoir retrouvé l’aura de ses prémices (glorieuses années 90) nous comblant à chacune de ses nouvelles signatures, des signatures souvent originaires d’une contrée véritable pépinière de talents, l’Italie. Après
Progenie Terrestre Pura,
Javns ou un
Earth And Pillars unanimement acclamé l’hiver dernier, le label milanais nous dévoile son récent poulain black metal Selvans (dieu étrusque des forêts) en début d’année à travers un EP prometteur
Clangores Plenilunio (que je ne chroniquerai malheureusement pas par manque de temps). Le duo masqué des Abruzzes, Selvans et Sethlans, revient quelques mois plus tard pour dévoiler son premier album
Lupercalia (« lupercales », fête romaine de purification en l’honneur de Faunus, dieu des troupeaux). Cominciamo ascolto.
La classieuse introduction « Matavitatau » plonge en quelques secondes l’auditeur dans l’univers antique et sylvestre de Selvans. Outre des samples « nature & découvertes », l’on découvre des instruments folkloriques d’Italie (en plus de la flûte) tels que le tibia (hautbois de l’Antiquité), le sistre (ancêtre du tambourin) et hochet, tous joués par Selvans « himself ». Un choix plutôt original et osé pour le style pratiqué qui s’intègre remarquablement avec le reste. Une étiquette « folk » justifiée (le groupe et le label l’affichant) donc mais le black metal du duo emprunte aussi et même d’avantage aux styles atmosphériques ou symphoniques sur un socle mélodique prononcé, trémolo épique « mon amour » (Windir et le black lovecraftien de Dawn Of Relic). Pourtant le clavier reste le nerfs principal de
Lupercalia, le premier groupe en tête est
Thy Serpent mais les aspects grand guignolesques d’un Gehenna (première période) ou Arcturus (« Scurtchin ») voire le néoclassique de Obtained Enslavement me viennent aussi à l’esprit. Les amateurs seront comblés. Un véritable patchwork de diverses influences plutôt bien assemblées mais qui fera malgré tout défaut, cet air de « déjà entendu » handicape, il manque un brin de personnalité à la musique de Selvans pour marquer au fer rouge nos tympans estropiés.
Reste que l’enchaînement « Versipellis » / « O Clitumne ! » (break incroyable à 4:43, ambiance « sicilenne ») est juste imparable, tout comme le démentiel « Scurtchin » ou le final de « N.A.F.H. ». Certes Selvans aura peut-être trop voulu en faire sur des transitions et quelques passages moins inspirés (début en roue libre de « Hirpi Sorani ») qui feront perdre en intensité (le final de « Versipelis »). Le groupe aurait certainement pu rogner certains titres mais avec quelques efforts, la magie reprend par un break ou un clavier dantesque (« N.A.F.H. » à 7:18). Le travail de composition demeure et il y aura de quoi décortiquer ces morceaux de plus dix minutes (pour une heure de voyage) : les structures, les arrangements ou une B.A.R parfaitement programmée, très martiale (double pédale incluse) et même tribale (aux traits d’un Summoning). Quant aux hurlements (anglais et italien) ils sont puissants (dès le départ canon de « Versipellis ») et prenants, le chant clair de « N.A.F.H. » passe moins bien de mon côté. Pour un premier coup d’essai je tire mon chapeau.
Chroniqueur assagi et manquant de temps pour écouter toutes les nouvelles sorties fréquemment banales, on ne peut que remercier les labels de nous offrir de belles découvertes comme Selvans. Preuve en est que je ne suis pas seul, puisque en plus des autres éloges jonchant la toile, les Italiens joueront à l’édition 2016 du Ragnard Rock. Un black metal mélodique bigarré (folk et symphonique) qui hume le dur labeur, il manque peut-être une once de maîtrise et de personnalité afin que le groupe puisse atteindre l’excellence mais nul doute que la musique de Selvans devrait s’affûter au fil des albums. Molte grazie Avantgarde.
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