« Découverte » de mon bilan de l’année 2015, Windfaerer peut remercier son ex-label Hammerheart Records pour la réédition de leur deuxième album autoproduit
Tenebrosum, sans quoi beaucoup serait passé à côté (moi compris). Après de nombreux éloges, le groupe fait désormais partie de l’écurie italienne de renom, Avantgarde Music. Emmenée par son frontman Michael Gonçalves et le violoniste Benjamin Karas, la bande du New Jersey a depuis intégré un guitariste, un bassiste et remplacé son batteur. En somme toutes les cartes en main pour convertir davantage d’auditeurs à leur cause ibérique avec ce nouvel opus
Alma.
Gonçalves et Karas ne sont plus seuls à la composition, de facto le rendu final s’en ressent, Windfaerer s’éloigne de ses influences death mélodique suédoises 90’s (
Ebony Tears sur le haut du panier) pour un black metal plus épuré dans la mouvance « Nature et découvertes » (Wodensthrone ou Winterfylleth). Comme pour son prédécesseur, le terme « folk » ne se retrouvera réellement que dans la thématique de l’album. Gonçalves, d’origine espagnole et portugaise, prenant comme références l’histoire et les mythes de la péninsule ibérique. Leur carte « joker » réside dans l’utilisation d’un violon, la comparaison avec Ne Obliviscaris se fera encore forcément, surtout que la musique de Windfaerer paraît beaucoup plus dense qu’à l’accoutumé. Production quasi parfaite, un mixage équilibré et un son moins « compressé » que son aîné et bien imposant, notamment pour la batterie. Une recrue impressionnante de vélocité et de martialité, les intros dantesques de « Journey » (titre majeur du brûlot, dans l’esprit de son prédécesseur) ou « Under The Sign Of Sol » comme soufflet auditif.
Quelques écoutes seront ainsi nécessaires afin d’assimiler le bloc sonore, bloc qui n’en est finalement pas un après coup. En grattant le mixage mettant les frappes en premier plan, on retrouve ces breaks enchanteurs sur chaque titre donnant une bouffée d’oxygène mais surtout de frissons, exposition faite dès l’ouverture « Dawn Of Phantom Light » (3:16). Comme beaucoup de groupes de black metal atmosphérique moderne, Windfaerer possède toujours ses appétences « post-black » lumineuses (tremoli aériens avec effet ‘delay’ aux airs d’un Deafheaven ou Ghost Bath sur l’introduction de « Becoming ») voire « shoegaze » (l’interlude « O Além »). Quant à l’autre touche d’ « exotisme », le violon se fond parfaitement avec le reste des instruments si bien que parfois on le confond avec les guitares. La faute au mixage mais aussi un jeu assez mesuré en mettant de côté quelques sursauts (« Becoming » et son solo démentiel ou la mélodie entêtante de « Journey »). Et c’est bien ça le problème de ce
Alma, une musique trop « contrôlée », trop « calculée ». Les morceaux ont été composés avec une précision chirurgicale étonnante mais pour un rendu final bien terne, pour des émotions en dents de scie. Cela manque de sincérité et spontanéité. Ennuyeux car
Tenebrosum avait déjà ces tares mais ce dernier possédait au moins des passages marquants. Ici on ne retiendra pas grand-chose avec des morceaux paraissant assez quelconques (« Rite Of Emptiness » ou « Under The Sign Of Sol »).
Moins accrocheur mais plus fouillé que son prédécesseur,
Alma reste encore trop hermétique pour pouvoir marquer notre esprit. Assez frustrant car certains passages sont prêts à imploser mais le soufflé retombe aussitôt… Trop dans la retenue et la maîtrise. L’exécution demeure effectivement parfaite et l’écoute des plus agréables. Mais quoi en retenir ? La galette devrait prendre malheureusement la poussière. Je garde malgré tout espoir pour la suite car le potentiel de Windfaerer est grand. « A acompanhar de perto ».
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