Séchez vos larmes fidèles lecteurs, me voilà de retour accompagné d’une belle découverte. Mes chroniques à fort penchant mélodique deviennent de plus en plus éparses il est vrai, par manque de temps très clairement mais la qualité des promos reçus est aussi en grande partie responsable. Le tri se fait et malgré cela, les trouvailles et les coups de cœur semblent trop rares de mon côté, je reste sur mes « oldies » intemporels... Pourtant cette fois les mots s’enchaînent naturellement et sans trop d’effort pour ce dénommé Windfaerer. Le groupe formé en 2006 dans le New-Jersey sortira un album ainsi qu’un EP. Au mois de septembre 2015
Tenebrosum (autoproduit) se dévoilera. Fraîchement recruté par les Néerlandais ressuscités de Hammerheart Records, il sera ainsi réédité pour ce mois janvier de la nouvelle année.
Avant toutes choses commençons par la particularité de Windfaerer. Un coup d’œil sur le line-up pour comprendre la présence d’un violoniste en tant que membre à part entière. Du black/death mélodique utilisant du violon ? Inévitablement les coqueluches australiennes de
Ne Obliviscaris viendront de suite en tête. Fort heureusement pas de chant clair ni non plus d’expérimentations parfois poussives (mon ressenti), mais un plutôt un metal foncièrement direct (batterie martiale incluse, en témoignent les finals dantesques de « Celestial Supremacy » ou « Finesterra ») et aisément assimilable. Les fins connaisseurs penseront finalement à
Ebony Tears en écoutant ce black metal empruntant beaucoup au death mélodique suédois typiquement 90’s, à la fois simple et touchant. De facto les guitares et le violon se répondront par mélodies interposées (« Tales Told In Oblivion » et l’instrumental « Santeria ») ou joueront ensemble pour un déluge de notes accrocheuses. Les allergiques auront peut-être un peu de mal car l’instrument à quatre cordes a une place prépondérante sur
Tenebrosum, le jeune musicien partant parfois dans des soli (le break de « Finisterra ») plutôt impressionnants (ceux connaissant un peu la pratique de l’instrument imaginent sa complexité). Pour ma part je signe.
Folk ? Une étiquette que l’on retrouve assez souvent sur la toile au sujet de Windfaerer. Aucun instrument ou chant traditionnel ici, le frontman et tête pensante Michael Gonçalves usera de ses origines portugaises et espagnoles pour plonger l’auditeur (à travers les paroles et l’atmosphère des compositions) vers les paysages de la péninsule Ibérique et ses mythes. Plutôt rafraîchissant, habitué à la grisaille et au froid d’Europe du Nord (Winterfylleth, Wodensthrone). Un metal jouant ainsi la carte de l’ambiance, on remarquera d’ailleurs quelques passages post-black (tremoli aériens montant en puissance) dans l’air du temps qui rappelleront les derniers Woods Of Desolation, Ghostbath et autres Deafheaven, propulsés par les cris torturés (mais aussi gutturaux) et puissants de Michael (« The Everlasting »). Le break de « Finisterra » ou le fantastique « Morir En El Olvido » (le meilleur morceau à mon sens) sauront convertir. Une touche d’émotion non négligeable des Américains. Malgré quelques passages abruptes (le final décevant « The Outer Darkness » ou « Tales Told In Oblivion »),
Tenebrosum demeure d’une fluidité exemplaire où le souci du détail prévaut. Pour un auditeur connaissant ses classiques, on aurait apprécié une musique plus personnelle et jouant moins dans la retenue. Un sentiment assez frustrant lors de passages prêts à imploser, le soufflé retombe dans le conformisme. Le « tout contrôle » peut parfois être un handicap…
Black metal fortement imprégné du death mélodique suédois « nineties » (le poussiéreux et glacial) et aux quelques accents atmosphériques,
Tenebrosum est à la fois riche, bigarré, ambiancé, accrocheur et même touchant. Oui tout cela. Parfaitement millimétré, on sent des jeunes musiciens perfectionnistes. Trop de maîtrise peut-être ? Un format assez commun qui aurait pu peut-être gagné en folie pour se démarquer de la concurrence et de ses influences. Néanmoins l’album s’écoute avec un réel plaisir et promet une suite fabuleuse. Rien que pour ça je sors de ma léthargie pour vous écrire ces quelques lignes.
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