Ebony Tears - Tortura Insomniae
Chronique
Ebony Tears Tortura Insomniae
Thrashocore n’a pas fini d’être alimenté par des groupes de death mélodique suédois obscurs et poussiéreux. Mais le bout du tunnel n’est pas loin et un dossier devrait suivre. Là encore difficile de passer à côté d’un album possédant ces deux arguments de poids : une pochette du divin Necrolord (aux accents gothiques, « originale » connaissant les travaux du bonhomme) et une production au Sunlight Studio assistée par monsieur Fred Estby (ex-Dismember). Forcément... Formé en 1996 à Stockholm, tout ira très vite pour Ebony Tears puisqu’ils signeront chez les locaux Black Sun Records, label incontournable pour le style à l’époque (Sacrilege, Sins Of Omission, Ceremonial Oath, Crown Of Thorns…) et sortiront leur premier album Tortura Insomniae un an plus tard.
Submergé par des groupes reprenant à l’identique la recette typique du death mélodique suédois, rares étaient ceux osant expérimenter à la fin des années 90. Ebony Tears en a fait partie. Au-delà de l’habituel clavier (quelques rares nappes), le quatuor propose pour tenter de se démarquer, d’intégrer un côté folk plutôt prononcé par la présence d’un violon (musicien « guest »). Rien de superflu (contrairement à A Handful Of Nothing, ici à titre anecdotique), la place de l’instrument se veut relativement importante. Parfois mélancolique (« With Tears In My Eyes ») ou parfois assez « dansant » (« Nectars Of Eden » ou « Spoonbender »), ses notes en soutien se marient naturellement à la musique des Suédois et le résultat est plus que convainquant. En plus de cela, de discrets vocaux féminins iront se poser (ils disparaîtront dans la suite de la discographie). Point de mielleux gothique fort heureusement mais des lignes vocales qui sauront charmer les plus « durs » d’entre nous. Il en ira de même pour de timides passages au chant clair masculin (« guest » aussi). Un contraste fort avec les hurlements déchirés (malheureusement bien linéaires et poussifs) du frontman (chanteur des « underground » Miscreant, groupe à venir sur votre webzine préféré) et cette musique à la production « extrême » (un son de guitare « acéré » marque de fabrique du vénéré Tomas Skogsberg).
Pour le reste, le niveau des compositions demeure tout à fait correct sans vraiment bluffer : « Freak Jesus », « Involuntary Existence » (un peu le death ‘n’ roll du pauvre), « Opacity », « Evergrey » (mélodie simple et entêtante, la Suède des années 90 comme on l’aime). Dommage que les Suédois n’aient pas fait plus de morceaux au violon (les tubes cités plus haut)… Les musiciens proposeront ceci dit des structures riches aux innombrables passages acoustiques et aux quelques poussées techniques (« Spoonbender »). Voire carrément à expérimenter pendant près de 10 minutes sur le titre final (et inégal) « Skunk Hour » (le passage à 3:50 est juste ahurissant). On sentira ainsi quelques réminiscences death/thrash de leur side-project Dog Faced Gods (fortement inspiré de Meshuggah et dont Björn « Speed » Strid a fait une brève apparition), qui annonce une évolution de style nettement plus « couillue » pour la suite.
Tortura Insomniae ne fait peut-être pas partie de ces perles rares mais son death mélodique reste plutôt rafraîchissant (adjectif bien peu utilisé pour ce genre), de qualité et quelques passages valent le détour (l’enchaînement « Nectars Of Eden » / « With Tears In My Eyes » mérite à lui seul l’effort d’écoute). Les adeptes devraient y trouver leur compte, pour les autres rien de bien indispensable. Un death mélodique « éclair » puisque dès l’album suivant, Ebony Tears virera de style (death/thrash mélodique sous acides).
| Mitch 18 Juillet 2012 - 2553 lectures |
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