Sarcasm - Esoteric Tales Of The Unserene
Chronique
Sarcasm Esoteric Tales Of The Unserene
Après Entrails, nous continuons dans la thématique « vilaine pochette qui pique les yeux », sauf que Sarcasm nous avait déjà fait le coup il y a deux ans sur leur précédent opus. Nouveau gribouillis (je récupère mes dessins de classe de neige) de Raul Gonzales (Gorephilia, Horrendous, Morbus Chron) qui n’aidera pas à attiser la curiosité du groupe suédois encore trop méconnu. Une exposition qui ne sera pas améliorée puisque la bande d’Uppsala passe de Dark Descent Records au modeste label mexicain (mais clairement en pente ascendante) Chaos Records. Côté line-up la brute Matte Modin (Firespawn, ex-Dark Funeral) laisse ses baguettes à Alvaro Svanerö (Imperial Domain), pas étranger de Sarcasm, le bonhomme avait en effet épaulé la production de
Within the Sphere of Ethereal Minds.
Les adorateurs « sarcastiques » (version 2015) ne seront pas dépaysés par cette nouvelle offrande. Les autres, fermez les yeux, retour en Suède au milieu des années 90, cette époque où chaque nouvelle sortie en provenance de No Fashion Records allait devenir un classique de metal extrême mélodique. Les fins gourmets de black et death mélodique suédois à l’ancienne (Eucharist, At The Gates, Unanimated, Dissection, Sacramentum) vont pouvoir se délecter de ce style éteint sans passer par la case « tribute amateur » (comprendre du mauvais « copier-coller »). Sarcasm connait son sujet, il sait composer et recréer l’aura d’antan (entêtant et frissonnant, production comprise). N’étant pas novice en la matière, croyez-moi, il est rare d’entendre de nos jours ce riffing mélodique au penchant néoclassique imparable (typiquement « nineties ») tout en esquivant ce sentiment de « déjà entendu » et cela sur chaque morceau. Le coupable ? Le guitariste Peter Laitinen, retenez bien ce nom. Le refrain de « Parochial Past Resonates » et son break (2:31) qui vous redresse les poils, « Flawless Anomalies », « Revolution of Consciousness », les tremoli crucificateurs du furieux « The Great Calm Embraced »… Furieux oui, le tempo ayant réduit cette fois, on notera forcément un rythmique moins décoiffe permanente que le père Modin mais qui fait assurément le job.
Une recette qui ne change pas mais dont la saveur évolue, ainsi à l’image de l’artwork leur musique tend à une atmosphère encore plus « glaciale » et « mélancolique ». A la manière d’un récent Vanhelgd, les influences doom (Paradise Lost, Tiamat), déjà présentes dans les précédents méfaits, refont surface mais peineront à convaincre. Le soporifique « Flesh Was Carved Out from Seven Faces of God » (bon point pour le chant clair féminin occulte) et « Celestial Nights » principalement, rehaussés par un break mélodique. Pour autant on sent un potentiel, même le final succinct aux claviers inquiétants (Darkspace ?!) de « The Great Calm Embraced » aurait pu déboucher sur quelque chose d’intéressant. Les compositions sembleront moins alambiquées et un peu plus inégales que d’habitude (dès l’ouverture « trop » classique « Vortex of the Vultures »), reposant principalement sur une fulgurance mélodique de son guitariste surdoué (le thrash peu inspiré de « Realm of Shadowless Existence » catapulté par son tremolo et son solo dantesque par exemple). Bémol aussi sur le chant vraiment faiblard, masqué dans le mixage, on s’en rend malheureusement compte sur les parties moins denses et au tempo abaissé.
L’essai de
Within the Sphere of Ethereal Minds n’est malheureusement pas conclu, les tares antérieures ne sont pas gommées, à savoir une durée un peu courte et paradoxalement du remplissage qui fera décrocher sur certains passages. Frustrant car il ne manque pas grand-chose à Sarcasm pour réellement marquer nos esgourdes. Une atmosphère plus léchée et des compositions moins inégales feraient passer un cap au groupe. Le travail mélodique et la fibre nostalgique feront malgré tout oublier ses défauts mais comme pour son prédécesseur, une galette qui passera difficilement l’épreuve du temps et qui donnera plus envie de ressortir ses pierres angulaires suédoises « nineties ».
| Mitch 2 Octobre 2019 - 1328 lectures |
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