Pincez moi. Ce jour est enfin arrivé, un nouvel album de Mörk Gryning, 15 ans après leur adieu éponyme bien terne. Le groupe de Stockholm se reformera en 2016 pour quelques concerts (dont ce
Live At Kraken avare) afin de fêter les deux décennies de son premier méfait
Tusen år har gått… (réédité par Eisenwald). Puis la nouvelle tombe, Mörk Gryning signe chez les Français de Season Of Mist pour leur septième album. Le line-up de la galette ravira les adeptes, évidemment le duo historique Draakh Kimera et Goth Gorgon mais épaulé du guitariste Avatar (présent sur le vénéré
Maelstrom Chaos) ainsi que Aeon (guest ici) aux claviers (apparu depuis
Pieces of Primal Expressionism) et de C-G (guest aussi) aux fûts (album éponyme).
Titre d’album en suédois (littéralement “rage de l’au-delà”) et artwork (réalisé par C-G) inspiré des gravures de Gustave Doré, on ne pouvait pas faire plus gros clin d’oeil à leur premier opus… Un album injustement boudé à l’époque (sorti la même année qu’un certain
Storm Of The Light’s Bane) pour finir comme “classique” pour beaucoup. Les yeux fermés c’est un véritable retour au black/death mélodique direct et glacial de 1995. Une fibre nostalgique dès l’ouverture “Fältherren”, tous les ingrédients y sont : déferlante à la limite du brutal black (suédois), tremoli aigus à deux guitares (la Mörk Gryning “touch”), arpège acoustique et hurlements de Kimera en suédois (bien plus efficient qu’en anglais à mon sens). Le groupe n’a nullement perdu ce don pour vous trouver ce riff entêtant (ah ce “Infernal”!) pourtant si simple mais si riche et imparable (sous le spectre de Jon Nödtveidt). Tellement compliqué à faire pourtant, les musiciens et mélomanes ne pourront qu'acquiescer. Des leads à vous hanter encore ? Difficile de le dire, le temps nous le dira. Le parallèle avec leurs collègues de No Fashion Records semble approprié, Unanimated qui lui aussi signera un retour 15 ans plus tard et qui finalement aura su enfanter de vrais bijoux sur
In the Light of Darkness (l’album tourne même plus que ses prédécesseurs de mon côté).
Toute la première partie de
Hinsides Vrede exposera ainsi un aspect mélodique du groupe qui n’avait pas autant poussé dans leur discographie. De l’épique “Existence In A Dream” au viking déconcertant “A Glimpse of the Sky” (hommage à Bathory époque
Blood Fire Death dixit la bande) en passant par le raz de marrée “The Night”, tout cela couplé aux soli d’Avatar. Le résultat restera toujours ancré dans une thématique black metal (pas de
Reinkaos-bis donc). Classique mais infaillible donc, mais c’est surtout la suite de l’album qui enfoncera le clou. Non les expérimentations passé de l'électron Goth Gorgon ou l’ovni décrié
Pieces of Primal Expressionism (où Kimera n’aura composé qu’un seul morceau) ne sont pas entièrement reniées.
Outre les nappes discrètes d’Aeon ou les quelques riffs saccadés “power chord” succincts (“Infernal”), on retrouvera ce contraste plus progressif et aérien mariés avec le black/death mélodique de Kimera. Plus norvégien que suédois d’ailleurs, la balade touchante “Sleeping In The Embers” ou “Without Crown” porté par le chant clair céleste d’Aeon. L’occulte (comme un air de Wardruna) “Black Spirit” mené par Goth Gorgon (habitué aux trips chamaniques en Amérique du Sud) et les lignes vocales angéliques d’une dénommée Laura Ute, pour virer en black punkisant de garage... Tellement rafraîchissant pour le style et si prenant (quel refrain !). Voilà les 35 minutes écoulées (interludes instrumentaux compris)… Et déjà terminé. Après une fin d’album présentée comme telle certains pourront rester clairement sur leur faim. Un ou deux morceaux supplémentaires n’auraient pas été de refus mais peut-être est-ce une manipulation à un “replay” sans fin ?
Mörk Gryning s’avance et d’un léger signe de la main balaye tous les “tribute band” de Dissection. Aucune innovation certes,
Hinsides Vrede revient à un black/death épuré, direct et mélodique de ses prémices mais particulièrement à l’aura de l’époque No Fashion Records. Peu de groupe peuvent se vanter d’avoir cette saveur 90’s, même les quelques rescapés du genre. Sans aucun temps mort, le brûlot demeure à ce jour le plus accrocheur et fluide de leur discographie (désormais entièrement rééditée par Season Of Mist, foncez !). L’ajout subtil des expérimentations post-
Return Fire sera l'embellissement final qui confirmera le talent de composition du groupe suédois. Merci pour cette Madeleine de Proust, sincèrement.
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