Black Sun Aeon - Routa
Chronique
Black Sun Aeon Routa
Deuxième album pour le projet solo de Tuomas Saukkonen, tête pensante de Before The Dawn, qui propose avec Routa une plongée dans l'hiver (que c'est original !). Ici, le mot album est à mettre au pluriel car il est deux, chacun représentant deux facettes d'un même cycle : une matinée et une nuit sous la neige. Une fois n'est pas coutume, je vais faire une chronique bien propre et scolaire, ce qui d'ailleurs ne sera pas sans rappeler la musique proposée ici...
1) Talviaamu (matin d'hiver)
On a affaire à un Doom/Death mélodique dans la mouvance de ces groupes nostalgiques du catatonique « Brave Murder Day ». On pense aux collègues de Swallow The Sun (et à raison : « Sorrowsong » n'aurait pas dépareillé sur un « Hope ») mais aussi à tous ces pirates pillant sans vergogne les leads suédoises des années 90 (Daylight Dies, Insomnium etc.). Le schéma est le même : des guitares froides mais mélodiques, une batterie à la rythmique simple mais pas trop lente, des growls putrides mais pas trop, un peu de clavier pour faire passer le tout... du doom de fillette vu et revu quoi.
Oui mais j'aime le doom de fillette vu et revu et celui-ci tire son épingle du jeu par un chant clair omniprésent et fort en émotions. Le chanteur de Sinamore est venu prêter mains fortes et il est bien plus qu'un guest : il illumine toutes les compositions où il apparaît avec sa voix à classer entre la pureté d'un Mikko Kotamäki (Swallow The Sun) et la véhémence d'un Juhani Palomäki (Yearning). « Frozen » possède un final épique à tomber et « Core Of Winter », certainement la meilleure chanson de ce premier disque, arrive à retranscrire une marche dans les Fjords où solitude rime avec ce bonheur d'être triste qu'est la mélancolie. Globalement, chaque apparition du chant de Mikko Heikkilä est synonyme de moment fort et son absence se ressent sur la chanson « Routa », qui du coup est en dessous des autres. C'est donc les parties les plus douces qu'on retient et recherche tout au long de cette journée enneigée. D'autant plus que les leads en profitent pour s'élever comme ce tapping sur « Dead Sun Aeon » où un autre chant, celui de la chanteuse Janica Lönn (membre de Lunar Path), nous transporte. Un voyage agréable qui donne envie de le perpétuer jusqu'à la nuit !
2) Talviyö (nuit d'hiver)
La nuit arrive et là, je dis imposture (imposture !) : on m'avait vendu ce disque comme du Doom/Death propre sur lui et sympathique mais ce second disque est bien plus méchant et sale ! La surprise est de taille à l'écoute des riffs evil de « Funeral Of World ». Toute proportion gardée, ces morceaux sont plutôt à classer dans un Black mélodique doomy entre les mélodies glaciales d'un Dissection et la sentimentalité dure d'un Totalselfhatred. Par rapport au précèdent disque, tout est épuré, menaçant et même jouissif. Le chant clair a quasiment disparu mais une plus forte présence de celui-ci aurait entaché cette musique noire. Black Sun Aeon gagne en intensité et en efficacité et les moments marquants sont légion : le refrain guerrier de « River », les blasts (IMPOSTURE !) de la complètement folle « Frozen Kingdom » ou encore le phrasé groovy et lugubre de « Apocalyptic Reveries ».
Ça a de la couille et même des poils donc. La voix gutturale en profite d'ailleurs pour être plus criarde comme sur « Wanderer ». Si les riffs sont plus « dans ta face », les structures sont quant à elles plus complexes et n'empêchent pas l'accalmie savamment placée (les arpèges de « Silence » ou les belles lignes concluant « Apocalyptic Reveries »). On ressent cependant une baisse de qualité et un manque d'inspiration ici ou là (le refrain de « Funeral Of World » mille fois entendu et en mieux) ainsi qu'une envie de s'en prendre encore plus plein la gueule (sept chansons de la teneur de « Silence » et j'aurais repeint les murs de ma chambre couleur foutre !) comme si Tuomas n'avait pas eu le courage de nous tromper totalement sur la marchandise et s'obligeait parfois à baisser le tempo.
On se retrouve au final avec un premier disque bourré de moments magnifiques mais sans originalité, ce qui est quand même dérangeant dans cette scène saturée, et un second disque plus personnel et réussi malgré des passages en dessous du reste. Résultat : Routa est furieusement sympathique, complet par son concept kitsch permettant au multi-instrumentiste Tuomas Saukkonen de présenter différentes facettes de son talent de compositeur. Si cette double galette rate de peu le statut de très bon album, je n'ai qu'une chose à dire : ils sont forts ces finlandais !
| Ikea 3 Avril 2010 - 2830 lectures |
|
DONNEZ VOTRE AVIS
Vous devez être enregistré(e) et connecté(e) pour participer.
AJOUTER UN COMMENTAIRE
Par Sosthène
Par gulo gulo
Par AxGxB
Par Jean-Clint
Par Raziel
Par Sosthène
Par Keyser
Par Keyser
Par Lestat
Par Lestat
Par Sosthène
Par Sosthène
Par MoM
Par Jean-Clint
Par Sosthène
Par AxGxB
Par Deathrash
Par Sikoo