Fait rare : c’est après avoir signé sur Relapse que Atriarch a trouvé pleinement son style.
Oui, je sais, cela fait bizarre quand on se souvient de tant de groupes prometteurs ayant perdu ce qui les rendaient intéressants après être passés sur le label ricain et, pourtant, c’est bien ce qui est arrivé à la bande de Lenny Smith, ne faisant décidément pas les choses comme les autres. Certes,
Forever the End avait déjà inscrit la formation parmi celles à suivre. Cependant, son successeur paru chez Profound Lore Records (gage de qualité habituellement) avait fait l’effet d’une douche froide,
Ritual of Passing montrant un groupe devenu trop gros, trop vite, une grenouille gonflée d’orgueil laissant apparaître de nombreux défauts.
Il fallait corriger le tir, ce qu’est heureusement parvenu à faire
An Unending Pathway. Atriarch a semble-t-il beaucoup appris de ce coup d’épée dans l’eau, effilant sa lame au point de donner l’impression qu’il a en réalité créé ici la véritable suite de
Forever the End. On retrouve en effet ce qui a plu dans la première œuvre des Ricains, à savoir ce goût pour l’atmosphérique mené tambour battant – Maxamillion Avalon appuyant de ses rythmiques sanguinaires, apocalyptiques, froides et enfiévrés à la fois –, ces oraisons développées par un chant solennel ainsi qu’une guitare évoquant les mélodies méandreuses de The Gault. Une économie de moyens, loin des dérives de
Ritual of Passing, qui va bien au projet : ces quarante minutes s’écoulent et coulent, nous noyant avec elles dans leur monde particulier, spectral et sauvage, Neurosis et Christian Death en maîtres de lieux dénués de croyances et d’espoirs.
Car si nous ne sommes pas encore tout à fait dans la révolte contre tout et rien qui marquera
Dead as Truth,
An Unending Pathway entame le chemin par un désespoir de chaque instant luttant contre lui-même, habillant la vision d’un gris enivrant, la voix de Lenny Smith comme peinture tamisant la vision et l’esprit. Des compositions extrêmement fluides, aux motifs se répondant les uns aux autres, soutiennent ce sentiment d’écouter une narration à part entière plus qu’une accumulation de morceaux liés par une ambiance. S’appuyant davantage sur des boucles que des progressions, l’album devient alors étrangement hypnotisant sans ennuyer outre-mesure.
Une science de l’emprisonnement, ce dernier étant personnifié jusqu’à la structure-même des morceaux montrant que Atriarch a gagné en maîtrise sur
An Unending Pathway. Minimaliste, trouvant la fine ligne où se rejoignent doom, deathrock et influences black metal, il laisse le soin à son chanteur d’enrichir sa palette de gris texturé comme un Soulages, déclamant, pérorant, hurlant et susurrant la détresse de ces terres battues par le vent, rocailleuses et désolés, paysage extérieur envahissant celui intérieur. Lenny Smith trouve ici un parfait exemple de tout le talent qu’on le sait avoir, mais qu’on rencontre malheureusement trop rarement (en raison d’albums ou de projets parallèles pas toujours convaincants). Hanté, il hante, ce disque étant peut-être celui où il offre sa plus belle performance.
Jusqu’à une production rugueuse signée Billy Anderson, nettement moins stridente et tape-à-l’œil que celle de Greg Wilkinson, chaque élément montre que
An Unending Pathway est bien une évolution par rapport à
Ritual of Passing. Si ma préférence reste pour
Dead as Truth, où Atriarch continuera de parfaire son intégration des différents genres composant son style pour en exprimer toutes les nuances, ce troisième album reste indispensable pour ceux pensant que The Gault s’est arrêté bien trop tôt. Ils trouveront ici un enfant illégitime, né au sein du
village concentrationnaire de Even as All Before Us, pris d’envie de voyage dans des plaines ternes, cerné des yeux et cerné par ses démons. Des démons impossibles à fuir, pour lui comme pour nous.
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