À la bourre, comme toujours. Manque de temps, d'idées, occasions ratées lors de disques essayés, laissés en plan puis redécouverts... Ce n'est clairement pas l'envie de vous parler de Atriarch qui m'a fait défaut jusque-là, mais tout le reste, auquel une difficulté à saisir le style des Ricains n'est pas étrangère. Car comment rendre justice à une formation qui convoque tant de groupes renommés et différents les uns des autres, Amebix, This Gift Is A Curse, Neurosis, Tombs, Weakling, The Gault, Hateful Abandon, Christian Death, Virgin Prunes voire Rudimentary Peni et cependant s'échappe constamment, se cache en lisière de forêts doom et black metal, comme un spectre que l'on croit apercevoir fugacement avant de repartir à sa recherche, quelques pistes sous la main mais aucune certitude de l'appréhender au final ? Parler de Atriarch ? L'envie ne manque pas, mais tout le reste... Ah !
Assez tourné autour du pot. Atriarch a enfin sorti quelque chose qui se tient de bout en bout, ne s'étiole pas, se laisse prendre pour mieux nous prendre. Un peu comme
Unearthly Trance plus tôt cette année, la troupe de Lenny Smith a créé un album qui, malgré une nouvelle foule de rappels, n'est que d'elle, réalisant pleinement les possibilités entraperçues trois albums auparavant.
Dead as Truth contient en effet la simplicité de
Forever the End et la déroute menée tambours battants (incroyable Maxamillion Avila, qui mène la barque en toute modestie mais bien le ravage en tête) de
An Unending Pathway, deux essais paraissant fusionnés ici. Composé en grande partie de titres issus du confidentiel EP
We Are All Dead paru en 2016, il ne donne cependant à aucun moment la sensation d'être un patchwork de différentes lubies, transmettant une ambiance squelettique par des morceaux osseux au possible, valorisant l'interprétation au-delà de la composition.
Une démarche qui a toujours réussi à Atriarch et subjugue sur
Dead as Truth. Lenny Smith épate de sa lassitude insatiable durant ces trente-deux minutes, osant textes sociaux (« Repent », « Devolver »), introspectifs (« Dead », « Void »), se montrant aussi dur envers lui-même qu'envers les autres, donnant une texture de réalité à des mélodies aussi urbaines que nocturnes, où la rage se vit dans une pâleur des sentiments, rouge délavé, noir renforcé, gris vénéré. Tour à tour vindicatif lors de cris black metal perçants et vains, comme scandés en bout de route avant le grand saut, et pervers dans son chant gothique, sale et majestueux, le prédicateur prend à sa charge d'être la voix explicitant ces guitares et leurs sautes d'humeur, cette basse déroulant tranquillement sa menace. Facile d'accès au point de se penser trop limpide au départ,
Dead as Truth profite de son optique « All killer, no filler », devenant l’œuvre de la bande de Portland s'écoutant à répétition avec plaisir. Jusqu'à l'obsession.
À croire que les leçons tirées du semi-échec
Ritual of Passing ont porté leurs fruits. Loin de toute ambition, de tour et détour, Atriarch se fait direct et, directement, touche à son but : faire de nous des morts par l'expression d'une vérité nue. Peut-être trop court mais certainement pas trop maigre,
Dead as Truth possède cette constance que j'aime particulièrement trouver tant elle est rare, celle sadique qui use plus qu'elle explose, qui hypnotise au lieu de convaincre par la présentation concrète de bonnes idées, qui interroge et conquiert par cette atmosphère qu'elle habite, allant jusqu'à se perpétuer une fois l'écoute terminée.
Étonnant disque, lisible mais déconcertant, aussi terne que vibrant. Pas sûr que je sois près d'appréhender Atriarch au final...
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