De quoi consoler de la déception qu’est le dernier
This Gift Is A Curse ? Il est clair que Vous Autres se situe dans le giron bien défini du blackened post-doom-sludge-hardcore, ce mélange des genres qui n’a plus rien de novateur et n’émoustille que peu. Un patronyme et des noms de morceaux renvoyant à Celeste, un artwork signé Romain Barbot qui rappelle les premières heures de Throatruiner, une voix black metal comme la haine et stridente comme le hardcore, des pilonnages monocordes pour exprimer sa détresse monotone... Quoi donc a de différent ce duo se situant entre Nantes et Paris, que ce qu’encore récemment je déplorais dans ce courant ?
C’est simple : le champ dans lequel évolue Vous Autres n’est pas tant celui d’un style que celui – comme averti – du sang. Sans chercher l’originalité à tout prix (des premiers
Altar of Plagues aux débuts de
Celeste, la généalogie est ici facile à faire), il joue cette musique comme un point de départ pour afficher une identité propre. Plongeant totalement dans l’excès (bon courage lors des premières écoutes : même l’habitué que je suis s’en est trouvé étouffé et épuisé !), mais aussi un minimalisme qui évite la bataille de la plus grosse artillerie, le duo donne une sensation de fraîcheur dans son exécution qui m’évoque ce que j’ai pu ressentir lors de ma découverte
des Français de Crown. Une simplicité de surface qui est mystérieuse en elle-même, une tension constante où les passages calmes ont ce même goût d’amertume, un son qui enferme et alourdit mais éveille et fait contempler dans le même temps... Sauvage et clinique, meurtri et meurtrier, sensible et sans pitié : le projet jongle de contrastes avec une finesse, une subtilité, qui le font quitter bien vite le tout-venant à corpsepaint et capuche.
Ce qui fait que, dans son attention à verser l’hémoglobine, la peine que cela semble lui faire, on ne pense pas tant concernant Vous Autres à des contemporains qu’à des anciens noms toujours considérés comme extra-terrestres. Car, une fois terminé le jeu du « Qui est-ce ? », c’est finalement à côté d’Abandon qu’on a envie de voir le duo, tant il donne une allure funéraire, solennelle, à l’ensemble de ses paradoxes, jusqu’à l’étrange sérénité qui découle des images de massacre terminé. Certes, la longueur et la lancinance des morceaux demandent à sévèrement s’accrocher. Cependant, là réside une part de l’intérêt de
Champ Du Sang, approfondissant ce que l’EP
Trente Pièces D’Argent ne faisait qu’effleurer. Surtout qu’il y a sur cette heure assez d’éclats dans le terne ambiant pour donner envie de s’y plonger corps et âme (« Pauvre Animal, Simple Pantin » ou encore la The Cure « La Tristesse De Tes Déboires » par exemple).
Sans surprendre outre-mesure,
Champ Du Sang s’installe tranquillement comme le meilleur premier album que j’ai entendu cette année. Ceux préférant le morne à la norme, appréciant se noyer dans ses méandres, sa violence désespérée, ses nuances, jusqu’à entrevoir une forme de paix, auront de quoi prendre leur pied avec ce premier longue-durée de Vous Autres et son ambiance de mort imminente, appelée. « Il n’y a pas de lendemains qui chantent ; il n’y a que des aujourd’hui qui bruissent », dit le poète. Vous Autres, clairement, n’a plus le temps d’attendre. Et le crie.
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