Atavist - III: Absolution
Chronique
Atavist III: Absolution
« A l’ancienne, mais pas comme avant » pourrait être une bonne formule pour synthétiser la démarche d’Atavist sur III: Absolution.
C’est bien ce qui surprend d’entrée quand cet album se découvre : cet étonnement de ne pas reconnaître au départ ce groupe revenant aux affaires après un arrêt d’une douzaine d’années. Clairement, voir la bande afficher un visage différent après tant de temps n’est pourtant, en soi, pas inconcevable ! Mais pour bien comprendre cette surprise, un retour en arrière sur le lien que j’ai développé avec les Anglais est nécessaire.
Atavist a été une formation importante dans mon entrée dans le sludge. Créé au départ pour rendre hommage à Grief, Corrupted, Boris et Sunn O))), le projet m’a rapidement marqué par son album II: Ruined ainsi que ses collaborations (en particulier II: Points at Infinity avec Nadja). Alors aussi indéfinissable qu’extrême, empilant drone, sludge, folk avec un appétit et une originalité rares, il devenait autant un ovni qu’un symbole des années 2000, où l’expérimentation s’habillait d’une modernité et d’un savoir-faire dans l’extrémisme aussi sadique qu’impénétrable.
Et donc, Atavist a changé. Treize ans après son dernier album, le voilà offrir une autre musique, toujours portée sur la lourdeur et les longs-formats, et pourtant très différente d’autrefois. Laissant de côté le sludge pour se rapprocher d’un funeral doom atmosphérique, III: Absolution abandonne les haillons et les architectures d’asile abandonné pour s’exprimer au grand air. « Loss » commence et le choc est brutal : guitare acoustique, violons, mélodies lancinantes et ambiance portée sur l’élévation dans le deuil (sujet qu’abordent ici les Anglais)... Mais où est donc passé celui que j’espérais tant revoir, à une époque où le sludge contient de moins en moins de projets osant le triturer, où le traditionalisme, malgré le bonheur qu’il apporte, se montre trop présent ?
Du sludge, Atavist en a fait aussi son deuil. Voilà ce qu’il faut accepter pour considérer à leur juste valeur ces nouvelles cinquante-huit minutes. Un travail que je ne regrette pas d’avoir fait, tant III: Absolution s’inscrit, pour sa part, dans une autre forme d’histoire. Au départ, elle ne tient qu’à quelques clins d’œil, quelques indices épars : une citation d’Herman Hesse expliquant qu’il n’y aura pas ici de retour en arrière, Jo Quail (My Dying Bride ; Winterfylleth) qui vient alimenter de ses cordes l’ensemble, Mark Deeks (Drudkh ; Winterfylleth, encore) posant des notes de claviers... Certainement, l’influence de l’autre groupe de Chris Naughton se fait sentir ici, les guitares frôlant plus d’une fois les sensations d’un black metal joué au ralenti – criant lors de « Self-Realisation » – mais cela va encore plus loin.
Plus qu’un album de sludge des années 2000, plus qu’un retour qui n’a pas subi les affres du temps, plus qu’un exercice nostalgique sur ce qu’a été Atavist, III: Absolution est en effet un album qui ouvre une nouvelle porte dans l’histoire du groupe, marqué plus que jamais par ses origines anglaises, insulaires et nobles. On pourra bien empiler ici les références, dire qu’il y a là un peu de la scène doom / death metal de la Sainte-Trinité britonne, qu’il y a dans cette façon d’embrumer le black metal, de le rendre vaporeux et impalpable, un peu d’Altar of Plagues des débuts... Cela n’est finalement qu’exprimer par détour ce qui s’affiche pleinement une fois à l’esprit : l’élégance typique de son pays à exprimer avec retenue, dignité, cette tristesse particulière des frontières.
Impossible, sur ce point, de mettre en défaut III: Absolution qui tient avec majesté cette ligne durant une petite heure. Son romantisme, pour tout classique qu’il soit, est si bien retranscrit que le vague à l’âme s’invite en nous même lors d’une écoute à froid. « A l’ancienne, mais pas comme avant » : comme un retour en grâce d’un certain doom, joué par un groupe qui est allé loin dans les limites entre les genres pour rentrer finalement au bercail, avec l’intention de soigner les plaies qu’il a au cœur. Autrefois écroulé, désormais en quête d’absolu, Atavist pourra ici décevoir l’amateur de longue date. Il pourra aussi le prendre au corps et lui offrir une beauté que l’on ne doutait pas chez lui. Me concernant, si quelques flottements lors de « Struggle » me laissent parfois de côté, le ravissement est total. Puissent les Anglais continuer à m’étonner de la sorte !
| lkea 2 Août 2020 - 1308 lectures |
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