Ravalement de façade pour l’une de mes premières chroniques sur votre webzine metal préféré (publiée en novembre 2004, cela me paraît si loin…). En quel honneur ? La réédition tant attendue du premier album de Mörk Gryning
Tusen År Har Gått par le label allemand Eisenwald (
Return Fire suivra). Le format 2016 reprend ce qui a été enfanté en 1995 chez No Fashion Records. L’artwork tiré d’une gravure de Gustave Doré (l’éternel « Divine Comédie »), l’enregistrement/mixage de l’Unisound (« mon amour ») et le mastering du célèbre Cutting Room. Pour célébrer les vingt ans du brûlot, deux morceaux bonus s’ajoutent ainsi qu’un livret détaillé de 16 pages (images, commentaires et interview des membres). Fins gourmets adeptes de black metal à la suédoise 90’s, lisez donc ces quelques lignes et posez une oreille aux extraits. Cet album reste un « must-have ».
Formé en 1993 à Stockholm par le duo Goth Gorgon (Jonas Berndt) et Draakh Kimera (Peter Nagy), Mörk Gryning (« aube sombre » littéralement en français) enregistrera deux démos puis partira en mai 1995 chez le gourou Dan Swanö. Les jeunes scandinaves iront s’inspirer de ses productions, dont principalement l’adoubé
The Somberlain (Dissection) mais ils l’infuseront de l’émergent « brutal black » suédois (Marduk mais aussi l’EP de Dark Funeral enregistré lui aussi à l’Unisound), autre pied de nez à la scène norvégienne. Un black à fort penchant mélodique (doux euphémisme) donc mais pour un rendu final plus viscéral, plus sombre et à l’appétence death metal moindre que ses habituels comparses de No Fashion Records. Les bases du duo sont ainsi posées et suivront tout le long de leur discographie (l’expérimental
Pieces Of Primal Expressionism de côté). La marque de fabrique imparable de Mörk Gryning surgit dès l’ouverture « Journey » : vagues de tremoli aigus gelés. Des mélodies simples forgées pour invoquer le malin dans la forêt et qui vous entêteront encore deux décennies plus tard. Comment passer à travers les bijoux « Tusen År Har Gåt » et « Omringningen » ? Magique.
Déjà à cette époque Mörk Gryning tente de garnir ses compositions et de se démarquer d’un black/death suédois peut-être parfois trop primaire et monolithique. Malgré cet aspect « direct » intrinsèque et outre l’imposant travail de mélodies à fort penchant néoclassique, le groupe affinera ses morceaux de multiples breaks et de passages bigarrés dans une atmosphère glaciale et mélancolique. Heavy pas manchot (le break de « Omringningen » et « Min Sista Färd (En Visa Om Döden) »), de l’aérien aux claviers délicatement « kitsch » ou la transition d’un interlude acoustique («Armageddon Has Come To Pass... ») à une furie dévastatrice (« Unleash The Beast »). Un courroux porté par une batterie soutenue et des hurlements des deux compères en suédois et en anglais.
Après un enchaînement frôlant la perfection et quasi sans temps mort, l’intensité faiblira légèrement en fin d’album (à partir de « The Final Battle ») pour une musique misant d’avantage sur l’ambiance. Une partie clairement de qualité mais moins prenante que cette moitié démentielle. Un black metal qui s’arrêtera finalement net après 33 minutes. Un peu court… Peut-être qu’avec deux morceaux supplémentaires ou un format de composition plus osé, j’aurais placé ce premier album au même niveau que son furieux successeur
Return Fire.
Concernant les bonus de la réédition de 2016, on retrouve le morceau inédit « When Moonshine Is The Only Light » » issu de leur première démo de 1993. Un « raw black metal » ambiancé et mystique à fortes influences norvégiennes. Peu de lien avec la suite de la discographie (le fossé avec
Tusen År Har Gått est flagrant, sans la moindre mélodie sucrée) mais l’on sent des collégiens avec un grand potentiel malgré pas mal d’approximations. Pour la curiosité donc. Quant à la version démo et instrumentale de « Tusen År Har Gått », elle reste relativement proche de l’enregistrement final. Elle se différencie par quelques nappes de clavier, une bribe de solo en tapping en plus et une batterie plus en avant. Après plusieurs écoutes, je me demande même si je ne préfère pas cette version.
Vingt ans plus tard
Tusen År Har Gått n’a pris aucune ride, impressionnant de maîtrise pour deux adolescents (16 et 19 ans à l’époque), il pose les bases du style de Mörk Gryning ainsi qu’une rage commune aux deux premiers opus (qui s’estompera plus tard). Certes mais nous sommes en 1995 ? La même année est sorti un dénommé
Storm Of The Light’s Bane , même si
Tusen År Har Gått n’a pas à rougir, forcément la comparaison penchera très nettement du côté du classique « anti-cosmique ». A cela s’ajoute une suite de discographie d’un niveau encore supérieur de la part du duo, de facto ce premier travail sera du côté des laissés pour compte. L’occasion donc de redécouvrir cette gemme oubliée.
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