Si la sortie éponyme pouvait ressembler à un simple coup d’essai (
Proof Of Concept diraient les informaticiens) avec ses trente-sept minutes au goût de trop peu,
LYCHGATE entend bien asseoir définitivement son statut de prodige avec les près de cinquante minutes d’«
An Antidote for the Glass Pill », deuxième album pour lequel la tournée passa en France.
Captation par Frankie Snow
Je conserve un souvenir marquant de cette date car, coincé entre
NIGHTBRINGER et
THE NEGATION, mes amis et moi avions constaté une baisse fulgurante de l’affluence alors que ce fut évidemment la prestation qu’il ne s’agissait absolument pas de manquer… À mon niveau, l’un des concerts de cette année.
Dès les premières mesures de l’instrumental « Unto My Tempest », tu sens que les choses ont changé et je ne parle pas que du
line-up. Le son a gagné en ampleur, l’orgue se fait plus bavard, omniprésent, nous nous enfonçons un cran de plus dans la torture psychologique, à l’image de ce visage émacié qui orne la pochette. Quant à la musique… Je pense qu’il est clair que les quelques amateurs de
black metal qui avaient pu fondre sur
« Lychgate » ont dû lâcher la rampe arrivés à ce stade de la carrière des Anglais car,
in fine, il sera plus utile d’apprécier
ESOTERIC que le pur
BM pour savourer pleinement ces dix titres. En effet, si le fond n’a pas radicalement changé, la forme, elle, se fait bien moins compréhensible que par le passé, revêche à l’apprivoisement, bizarrement truffée de plans progressifs et définitivement trop perchée pour le commun des mortels. Et pourtant, cela fonctionne à mort… Pas par snobisme, ni par préciosité, ni pour chercher à faire mousser un égo qui n’en a de toute façon pas besoin, ce LP transcende d’une façon fulgurante les frontières musicales avec une aisance, une facilité déconcertante, à la limite de l’insolence d’ailleurs tant d’autres groupes finissent par passer pour d’obscurs besogneux une fois comparés à
LYCHGATE… Bon, je manque d’objectivité sans doute, grand admirateur que je suis de cette confrérie.
Mais il est évident que les musiciens ont cette fois été beaucoup plus loin que précédemment, laissant libre cours à leur créativité, le premier LP passant presque pour un vil brouillon mal fagoté. Souvenir ému de mon pote Coco me disant avant le concert que c’était de la merde bobo à claviers (ou un truc du genre) et sortant de la salle émerveillé… Bon sang ce disque est quand même dingue. Du
black, il y en a encore (« A Principle on Seclusion »), et du meilleur s’il en est mais, au-delà des genres, c’est une nouvelle fois le sentiment global d’écouter une musique réellement atypique qui prend le dessus, peu importe que ce soit
dark ou
doom ou je ne sais quoi, en réalité on s’en fout complètement tant il y a de la fulgurance, de l’excellence, nichée dans le moindre détail. Pour le dire autrement, ce qui était excellent dans «
Lychgate » est encore meilleur dans «
An Antidote for the Glass Pill », LP sans doute actuellement considéré comme le sommet artistique de la formation, affirmation que pourraient nuancer mes réécoutes prochaines de «
The Contagion in Nine Steps ». Il sera tout de même compliqué de faire mieux qu’un titre tel que « Deus Te Videt », perché comme du
ARCTURUS (ces voix claires bordel !) dont les Anglais se rapprochent inexorablement, voire de
CODE également (« The Pinnacle Known to Sisyphus »), mais toujours de très loin, du bout des lèvres, les chants non saturés ne suffisant pas pour authentifier l’affiliation. Il reste que c’est l’une des évolutions majeures de
LYCHGATE, ce virage vers des éléments plus progressifs, fondamentalement biscornus, qui miment l’abordable alors que le groupe ne l’a jamais aussi peu été (« An Acousmatic Guardian »).
Il resterait encore à parler des influences classiques, de musique contemporaine, de rock progressif, la formation ayant finalement une démarche qui se rapprocherait d’
OPETH, creusant seule son sillon et ne faisant qu’améliorer, affiner une sensibilité sans partage. Et si j’ai mis encore plus de temps à entrer dans ce disque que dans le précédent, c’est sans doute parce que les conditions à l’entrée ont été revues à la hausse et que je n’étais moralement pas prêt, élitisme nécessaire pour proposer un tel joyau devenant lui-même mètre-étalon.
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