Souvent, lorsque nous apprécions un groupe, nous sommes attentifs aux différents projets annexes des musiciens qui le composent. En l’occurrence,
Greg Chandler d’
ESOTERIC m’a amené à m’intéresser à
LYCHGATE dès 2013 lors de la sortie du premier album éponyme. De prime abord il s’agit d’un LP de
black metal assez hermétique, fortement empreint de
doom, avant-gardiste dans sa construction musicale et son usage des claviers, surtout de l’orgue d’ailleurs, créant ainsi des ambiances funèbres aux profondeurs abyssales.
Finalement, n’ai-je pas déjà tout dit dans ce préambule ? En effet, si l’on aime le
funeral des Anglais, le timbre spécifique de
Chandler ainsi que le
black de
BLUT AUS NORD, d’
ABIGOR ou de
MAYHEM (plus pour certaines ambiances que les aspects purement musicaux, au cours de « Resentment » notamment), il sera difficile de ne pas succomber aux atours de ces neuf compositions, dont une brève introduction, « The Inception », et un « Intermezzo » tout aussi succinct. Une telle exigence dans la composition nécessite cependant de nombreuses écoutes pour parvenir à entrer dans ce monde hautement désespéré. En effet, «
Lychgate » n’est pas un disque fait de riffs qui se mémorisent facilement, ni de rythmes qui entraînent jusqu’au bout de la nuit, tout n’est qu’ambiance crépusculaire hantée par un chant mortifère qui n’hésite pas à descendre dans les profondeurs lugubres du
growl, cet aspect pouvant gêner les puristes du genre
BM. Pourtant, c’est notamment cette richesse du panel vocal qui confère à l’objet une puissance immersive difficilement égalable, cela et ses parties d’orgue terriblement originales qui permettent au groupe de ne pas être étiqueté comme une énième incarnation de la mouvance atmosphérique.
Il faut dire que le propos se montre dur plus souvent qu’à son tour et que les parties hurlées – blastées sont nombreuses, même si le tempo prépondérant demeure le médium, parfois empreint de mélodie (« When Scorn Can Scourge No More »). Il reste que l’on n’écoutera pas les Anglais pour leurs pointes de vitesse, leur agressivité ou leurs positions idéologiques radicales : les musiciens évoluent à un niveau d’intellect supérieur doublé d’une posture expérimentale affirmée, la volonté de ne pas jouer le
black de Monsieur Tout-le-Monde s’entendant à chaque instant, dans les dissonances, les ruptures, les sonorités, les atmosphères. Pourtant, en dépit de ce caractère abscons, le LP n’a pas manqué de marquer les esprits, le style portant la signature singulière de ses géniteurs, à commencer par celle du vocaliste, unique.
La force du disque réside finalement peut-être dans sa capacité à ne pas se complaire dans les expérimentations vaines que l’on aurait pu craindre. Le raffinement, oui, la noblesse également, le pédantisme, jamais. Que ce soit dans les hurlements de damnés, la fureur d’« In Self Ruin » ou de la dernière partie de « Sceptre to Control the World », l’auditeur comprend rapidement que l’objectif ultime est avant tout de privilégier la cohérence des thèmes à l’innovation pure, de nombreux plans restant encore très référentiels au regard des sorties suivantes, à la personnalité encore plus affirmée. Mais, quoi qu’il en soit, «
Lychgate » a inauguré l’avènement d’une grande formation de
black metal, légitime et inspirée qui, en 2015, viendra nous subjuguer lors d’un concert mémorable au
Klub (Paris).
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