Elysian Blaze - Blood Geometry
Chronique
Elysian Blaze Blood Geometry
Après un Levitating the Carnal qui avait fait l’unanimité, ELYSIAN BLAZE était attendu au tournant. Il aura fallu patienter 6 ans précisément pour que l’unique membre, Mutatiis, nous serve 8 nouveaux titres composés et enregistrés dès 2006 mais seulement disponibles maintenant, en 2012.
L’homme ne semble pas vraiment avoir de notion du temps, et c’est aussi le sentiment qui ressort de la durée de ses méfaits, tellement longs que ce sont deux CD qui ont été nécessaires à ce Blood Geometry, un de 56mn et l’autre de 73mn. Soit un total de plus de deux heures de descente longue et lente se manifestant à travers du black doom funéraire. Attention, pour ceux qui font des amalgames, je n’ai pas dit Dépressif Black Metal. Si le rythme est lent ce n’est que de loin que l’on trouve des ressemblances avec TRIST, BE PERSECUTED ou MAKE A CHANGE... KILL YOURSELF.
La musique fait bien plus écho à STABAT MATER ou NORTT avec un hommage au temps suspendu qui se doit d’être écouté le soir pour dévoiler ses atouts. La lourdeur ambiante, les quelques ajouts de piano, les vocaux rocailleux et discrets qui se muent parfois en complaintes lointaines... TOUT oblige l’auditeur à se faufiler jusqu’à sa fenêtre pour admirer le monde de la nuit. Il est attiré par un besoin de contempler ce calme apaisant mais aussi mystérieux et inquiétant. Qu’il soit dans la plus profonde des campagnes ou au milieu d’une ville, il ressentira la même émotion, la même impression de futilité et d’absurdité de l’existence humaine, figée comme un arbre dépérissant ou répétitive comme un feu passant inlassablement du rouge au vert. ELYSIAN BLAZE semble annihiler le temps et n’hésite pas à étirer 3 morceaux au delà des 20mn, 37 même pour « Blood of Ancients, Blood of Hatred ».
Mais il est impossible de stopper complètement le temps et certaines parties plus rapides viennent le rappeler. La batterie se fait alors plus vive et les ambiances se rapprochent de DARKSPACE. Ce sont des micro-instants de destruction, durant lesquels le paysage change pour ressembler à celui de la pochette, à ce temple maya qui vient de sortir du sol, à moins qu'il soit sur le point de redevenir poussière... Le calme revient très vite et la sensation d’avoir eu une hallucination est nette. Ces passages qui viennent sortir de la torpeur ne représentent cependant qu’un cinquième de l’album et ils sont bien trop ponctuels pour satisfaire celui qui réclame de l’action. C’est évident également que celui qui écoutera distraitement, en faisant autre chose, perdra vite le fil et sera tenté d’abandonner en cours de route.
Au final, ce double album peut aussi s’apparenter à un grain de sable dans le bulbe supérieur d’un sablier. Au début il descend très lentement puis accélère à l’approche du tuyau central. Il tombe alors précipitemment dans le bulbe du bas, et y gît inerte jusqu’à ce que le sablier soit retourné et qu’il recommence son inéroxable chute. Personnellement, je me lasse au bout de quelques tours de sabliers et je n’ai pas toujours la patience d’attendre que le sable s’écoule, mais lorsque les conditions sont réunies je savoure. Je sais aussi que lorsque j’aurai envie de contemplation nocturne, je me retournerai vers cet album.
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